La Révolution jaune

La Révolution du gilet jaune est en marche ou plutôt en route.

Comme lors de la victoire des Bleus cet été, certains automobilistes paradent déjà dans les rues avec le gilet de sécurité soigneusement plié et posé sur le tableau de bord, histoire de montrer au moins quelque chose de réfléchissant. Demain, ils manifesteront peut-être avec leur voiture... contre l'augmentation du prix de l'essence et du gazole.

Mais pour l'instant, la haine du migrant et la hausse du prix des carburants suffisent à justifier une insurrection virtuelle. La colère monte d'un mur Facebook à l'autre. Les Insurgés des réseaux sociaux, comme leur gilet jaune, se plient aux directives lancées par les partisans de Debout la France et du Rassemblement National (ex-FN) : la mobilisation motorisée du 17 novembre doit se passer des partis politiques et des syndicats !

Aussi, aspirent-ils à faire comme en 1789, Révolution bourgeoise qui a conduit à la Terreur, au génocide vendéen, à la mise en place de l'Empire puis au retour de la monarchie. Les Insurgés du clavier, habituellement aphones dans les rues les jours de grève contre la précarisation des emplois et la casse sociale, s'organisent sur le net, post après post. Il faut les comprendre. La situation paraît tellement insécure et insoutenable : il y a trop de migrants dans les hôtels et le prix à la pompe est trop élevé !

Un vent se lève donc chargeant l'horizon de nuages de colère comme dans une marine de Turner. Après leur semaine de travail, les Révoltés du samedi iront bloquer les pompes à essence des centres commerciaux au nom d'un grand bouleversement. Et si les prix ne baissent pas, le changement se fera quand même ce week-end du 17-18 novembre dans les habitudes de consommation. Après la fièvre du samedi, les choses ne seront plus pareilles pour tous : nous irons faire nos courses le dimanche !

MG – 28 octobre 2018.