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Notes de voyage : chapitre premier

Publié le par MG

Notes de voyage : chapitre premier

Mardi 9 juillet 1985

18h14 : départ pour Moscou. Je suis très excité à l'idée de traverser l'Europe et de me confronter à des paysages inconnus. Voici plusieurs semaines que je me prépare à ce voyage au pays des Tsars renversés par les Bolchéviks. Je sais que là-bas, le peuple aurait dû gouverner. Je le sais parce Lénine le voulait. Je l'ai lu. Malgré le tumulte, les pas précipités de voyageurs apparemment désorganisés et les cris de ceux qui resteront sur le quai, mon esprit vagabonde et résonne. Peu m'importe en ce moment que ma grand-mère et moi embarquons plus de bagages qu'il n'en faut. Toute la famille est à l'occasion sollicitée pour soulever et ranger nos valises pleines de vêtements et d'objets en tous genres de notre merveilleux Occident. Et pour ne pas avoir l'impression d'arriver les mains trop vides, ma chère Babcia a jugé bon d'emporter avec elle ces petits rectangles cartonnés sur lesquels se lit "Levi's" qu'elle a soigneusement décollé d'anciens pantalons que nous ne porterons plus. "Ils pourront les vendre ou les mettre à l'arrière de leurs jeans... Une étiquette comme ça, c'est presque un mois de salaire en Russie" tient-elle encore à me préciser. Les "au revoir" m'indiffèrent. L'inquiétude qui se marque sur le visage de mes parents me semble inapproprié pour un jour aussi grand que celui-ci.

18h34 : notre train s'arrête déjà. "Jeumont : quinze minutes d'arrêt." Il n'est pas pressé, notre conducteur, de vérifier si les vignettes dessinées dans Tintin au pays des Soviets ne sont pas des inepties !
Nous partageons le compartiment avec une Russe prénommée Nadia. Elle paraît avoir le même âge que Babcia. En réalité, nous sommes installés dans un wagon de première classe que les convoyeurs ont transformé en seconde. Y a-t-il tant de monde aujourd'hui qui désire se rendre à Moscou ? Nadia converse longuement avec ma grand-mère dans une langue que je ne comprends pas mais qui me fascine. Je crois qu'elle s'en aperçoit. Pour me témoigner de sa gratitude, elle s'applique pour inscrire dans ce carnet de voyage quelques mots en alphabet cyrillique.


Enfin, une petite collation : un sandwich au jambon et du thé préparé par le chef du wagon.

20h17 : nous sommes à présent à Liège. Il y a beaucoup de tunnels par ici. Nadia, qui a séjourné quelques semaines en France, relate ce qu'elle a pu observer dans sa famille occidentale. Je ne retiendrai que l'exemple des yahourts. Elle reste estomaquée de l'hésitation des petits Français au moment du dessert. Yahourt aux fruits, au chocolat ou à la vanille : les enfants de chez nous peuvent choisir et manifester leur déception si leur laitage préféré ne figure pas dans le réfrigérateur. "Et alors ?", ai-je envie de dire. Personnellement, on ne me fera jamais avaler un yahourt nature !

21h17 : la gare d'Aachen est pleine de trains à l'arrêt. Il m'est donc difficile d'embrasser le paysage allemand. Je vais lire quelques pages du Strange que mes parents m'ont acheté avant de partir. Captain America me fera certainement oublier quelque temps l'URSS qui m'attend.

22h00 : le train repart et la nuit tombe sur la RFA. Je ne verrai donc rien de l'Allemagne de l'Ouest. De toute façon le sommeil me gagne.

22h38 : nous arrivons à Köln. La gare est tristement recouverte de tôles... A peine ai-je écrit ces mots que notre train redémarre en direction de Düsseldorf.

22h55 : Babcia est maintenant allongée. Elle est très fatiguée. Le roulis rythme le silence assourdissant.

23h10 : Düsseldorf. Je prends la sage décision d'enfiler mon pyjama et de m'allonger à mon tour sur la couchette. Babcia s'évade à travers la vitre du compartiment... Où va-t-elle ainsi ? Dans la nuit noire, elle est peut-être déjà à Moscou. A moins qu'elle ne se remémore sa déportation en Allemagne. Elle n'avait alors que seize ans... soit à peine deux ans de plus que moi aujourd'hui.
Quatre minutes après l'arrêt, le train se remet en marche. Babcia revêt sa chemise de nuit tandis que je poursuis la lecture des pérégrinations de Captain America.

23h25 : j'éteins les lumières du compartiment. Il faut essayer de dormir maintenant. Je me laisse bercer par les incessants balancements à gauche, puis à droite du train qui s'enfonce dans une Allemagne sombre et ignorée.


Mercredi 10 juillet 1985
5h10 : je me réveille alors que le train entre en gare de Marienborn. Je suis surpris de voir Babcia dormir debout. La pauvre ! Ses préoccupations l'épuisent tant.
6h29 : des soldats allemands entrent dans notre compartiment pour nous remettre des trans-visa que nous payons l'équivalent de 16 francs français.

8h08 : après m'être rendormi pendant une heure et demi, je me réveille à Friedrichstrasse. Je suis le seul éveillé pour contempler un spectacle qu'on ne voit habituellement qu'au cinéma, dans les films d'espionnage. Comme en pleine guerre, la gare est truffée de militaires. Sur les toits et sur les passerelles, des soldats, mitraillettes à la main, montent la garde. La RDA serait-elle menacée ? Mais par qui ? Autour des trains, d'autres sentinelles longent les quais avec des chiens. Je ne comprends pas. Le spectacle ne me paraît guère rassurant. Je me rappelle maintenant que cette Allemagne est occupée par les Soviétiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Churchill ne s'était donc pas trompé lorsqu'il affirmait, dans son télégramme du 12 mai 1945 adressé au Président Truman, qu'un "rideau de fer s'est abaissé sur le front des Russes". Il existe bel et bien deux Allemagnes distinctes, deux blocs aux idéologies opposées. Je suis en train de vivre ce que nous avons étudié en cours d'histoire cette année. C'est à la fois passionnant et terrifiant. Heureusement que nous ne tardons pas à quitter ce lieu hostile.


10h10 : c'est toujours en pyjama que nous arrivons à présent à Frankfürt. Avec un peu d'effort, je décide d'enfiler un survêtement. Des douaniers allemands sont de nouveau dans notre compartiment pour nous redemander les passeports, pour la dernière fois m'informent Babcia et Nadia. Car, en effet, les Polonais sont déjà à bord du train. Pour oublier le retard que nous prenons, je dessine Captain America, bouclier à la main, chargeant contre... je ne sais quoi, mais courant à la charge quand même. Le convoyeur nous annonce qu'il faut avancer notre montre de deux heures. Mêmes les fuseaux horaires participent au retard qui s'accumule. Il serait alors 12h15. Peu importe, je conserve l'heure française.

11h10 : nous franchissons enfin la frontière germano-polonaise. Je me réjouis de voir que le territoire allemand a ses limites.

12h40 : il pleut sur Zbaszynek. C'est déprimant.

14h00 : j'ai l'impression de remonter le temps. Le convoyeur s'est trompé : nous ne nous projetons pas dans le futur en nous dirigeant vers l'Est, bien au contraire. Les locomotives à vapeur que j'aperçois dans la gare de Poznan témoignent de notre retour vers le passé. Ce sont de véritables pièces de musée circulant dans la réalité des années 1980.

14h50 : nous mangeons des petits pains à la confiture que je trempe dans une tasse de thé. Avons-nous donc perdu toute notion temporelle ? Tout me semble un peu loufoque, à la manière de ce que vit Alice aux pays des merveilles. Notre voisine Nadia nous rejoint et entame une conversation avec Babcia. Je les laisse tranquilles en regardant le paysage défilé sous mes yeux.

15h17 : la gare de Konin est à l'image de la ville : triste et laide. Heureusement que le soleil est là pour colorer un tant soit peu cette désolation.

17h55 : Warszawa, capitale de la Pologne. Bien que nous ne puissions sortir du wagon, je me rends tout de même compte que la gare est récente et bien plus belle que ce que j'ai observé jusqu'à présent de la Pologne.

19h35 : je vis toujours à l'heure française. C'est à Siedlce que nous soupons du riz et thon, tout simplement.
Le paysage se vide de toute architecture, de toute bâtisse, de toute présence humaine. Nous approchons donc du grenier de l'Europe : l'Ukraine et ses champs de blé à perte de vue.

21h11 : nous voici à la frontière polono-russe, à Terespol. Il semblerait que toute l'armée soviétique soit mobilisée autour de notre train. Dans cette nuit noire ne luisent que les armes et les casques. Babcia et notre voisine surveillent le couloir du wagon. Que peuvent-elles redouter ? Franchir une douane ne relève pourtant pas de l'exceptionnel. Nous ne sommes pas les premiers à nous rendre en URSS ! La crainte des femmes devient vite contagieuse et je commence à imaginer le pire. Peut-être que nous ne pénètrerons jamais au pays des Soviets... Peut-être que nos effets seront confisqués... Peut-être que certaines complications administratives relatives aux origines de ma grand-mère nous amèneront à rebrousser chemin... Mais alors mes rêves s'effondreront, moi qui espérais tant découvrir la terre de mes ancêtres, moi qui aspirais à comprendre pourquoi on naît à ici et on vit ailleurs. Nadia est persuadée que son poste radio provoquera l'ire de l'Armée Rouge. Dans ce cas, ma pellicule photo représente également un danger pour mes vacances et pour nous. Prestement, je la glisse dans mon survêtement en espérant qu'il n'y aura pas de fouille corporelle... Non, il n'y aura rien de tout ce que l'on s'est imaginé : le train redémarre. A nous la Russie !

21h26 : ma joie est de très courte durée puisque le train s'arrête brusquement. Toute l'Armée Rouge de Gorbatchev monte au pas de course dans le train et s'empresse, dans chaque wagon, de fermer les portes des compartiments. Nous ne sommes que des touristes, certes occidentaux, mais des touristes apportant devises, dollars, cadeaux, étiquettes Levi's pour les jeans d'un peuple qui vit encore avec les douleurs du régime stalinien et qui paie avec une monnaie de singe ! Progressivement, les portes des compartiments voisins s'ouvrent et se referment les unes après les autres. La nôtre glisse brutalement et laisse surgir trois soldats, dont l'un inspecte les recoins de notre compartiment. Babcia est évacuée dans le couloir. La porte se reclaque me laissant seul dans la cabine. Les militaires fouillent ma grand-mère avec un détecteur de métaux. Sans ménagement, un soldat m'extrait de mon isolement tandis qu'un autre défait nos bagages et retourne tout objet. Le tube de dentifrice est évidé : la pâte s'enroule sur elle-même nonchalamment. Le soldat place en évidence sur la tablette les quatre pommes vertes que nous gardons comme en-cas. Il revient vers nous et parle à ma grand-mère sur un ton sévère. Babcia me dit que nous devons manger sur le champ toutes les pommes. "Mais je n'ai pas faim moi ! Deux pommes chacun, c'est beaucoup !" Ma grand-mère ne me répond pas et mord la première dans un des quatre fruits défendus. Nous ne pouvons pas entrer en URSS avec des produits frais. Il n'y a pas à discuter : il faut tout bouffer. Je m'exécute donc. Sous le joug militaire, pesant et humiliant, j'avale difficilement de gros morceaux de chair acidulée que mon estomac peinera à digérer. Je rage intérieurement que l'on m'écrase pareillement. Maintenant les soldats sont satisfaits et s'éloignent. Quelle chance ai-je eu de ne pas avoir été fouillé : ma pellicule photo est sauve !

Au bout de quelques minutes le wagon retrouve un peu de sa tranquillité. La troupe douanière, marche au pas, disparaît petit à petit jusqu'au bout du quai. Le train peut à présent redémarrer. Il n'y a plus d'obstacle à sa course vers l'Orient.
Il s'engage maintenant, lentement, dans une usine de Brest. Le chef du wagon nous rappelle qu'il est formellement interdit de quitter son compartiment. Aurait-il eu quelques ordres secrets de l'Armée Rouge ? A-t-il peur de représailles pour devoir nous compartimenter de la sorte ? Je commence cependant à comprendre... Après l'arrêt dans un immense hangar, des grues élévatrices soulèvent les wagons et nous maintiennent à quelques décimètres du sol pendant que des ouvriers se chargent de changer les roues. J'ignorais que les rails n'étaient pas espacés de la même manière dans tous les pays. En URSS, je crois que l'écart est plus important que dans le reste de l'Europe. Cela dit, l'expérience me surprend : être dans un wagon suspendu sans roue, c'est du jamais vécu.

23h36 : il est tard. Il faut dormir...


Jeudi 11 juillet 1985
9h40 ou 11h40 (heure locale): je me réveille et me lève. Pendant que Babcia est aux toilettes, je me lave et m'habille. 

10h40: nous prenons le petit déjeuner. Je suis impatient d'arriver à Moscou. Voilà deux jours que nous sommes enfermés dans cette cabine. Babcia voulait que l'on voyage en avion. Ne l'ayant jamais pris et souffrant de vertige, j'ai préféré le train sans me soucier de la durée du trajet. Le manque d'exercice et la solitude me pèsent. 
Le paysage m'ennuie également : des arbres, des champs, des bois, des villages insignifiants. Tout me manque. Les copains que j'ai abandonné en France, mes frères avec qui nous partageons tout,  la langue française. Babcia parle français comme je communique en anglais... Et puis, elle a près de cinquante ans de plus que moi... Entre nous, sur certains sujets, il pourrait y avoir un conflit de double génération. Comme je me sens seul en ce moment... Aussi, il me tarde de découvrir un ailleurs, de rencontrer une autre civilisation, d'apprendre ce qu'aucun de mes amis ne connaît. Je m'impatiente de déambuler dans "la ville de mille et trois clochers", comme l'écrit si bien Blaise Cendrars et de rencontrer cette famille qui est la mienne et que je méconnais.

11h40 ou 13h40 : il faut que je me mette à l'heure ! Nous rangeons nos affaires éparpillées ici et là dans la cabine et fermons nos sacs. Nous sommes prêts pour sortir de ce train infernal et respirer l'air frais.

14h45 (heure locale) : le train pénètre enfin en gare terminale. Moscou la grande ! Moscou la terrible ! Moscou ! Tante Annie, la soeur de Babcia est sur le quai. Elle paraît inquiète, stoïque, solidement campée sur ses jambes, fixant les voyageurs qui passent devant elle. Des porteurs descendent nos valises et nos sacs. Moscou ! Moscou, me voici !
Adieu Nadia et bonne continuation. Nous savons que jamais nous ne la reverrons. C'est tante Annie qui supplante Nadia maintenant. Encore une femme sexagénaire qui m'encadre. Babcia embrasse de toutes ses forces cette soeur aînée qu'elle n'a plus vue depuis les années soixante. Leurs larmes suffisent pour que je puisse ressentir l'intensité des retrouvailles. Bonjour à la russe pour moi aussi. C'est la première fois que je pose mes lèvres sur celles d'une dame de plus de soixante ans. C'est à la fois étrange et anodin que d'embrasser une femme qui ressemble physiquement à ma grand-mère. Annie, bien que plus âgée, a le même nez rond et les joues surélevées que ceux de  Babcia. Même leur histoire pourrait sembler commune. Seuls l'époque et le contexte politique diffèrent. Annie a, elle aussi, connu la déportation. Ce ne sont pourtant pas les Nazis qui l'extirpèrent de ses parents mais ses compatriotes qui, dans les années cinquante, l'envoyèrent manu militari au pays du Grand froid, elle et son mari, un officier promptement dégradé en raison de son union avec une dissidente dont la soeur réside en France et avec qui elle continue de correspondre. Aujourd'hui, bien que son époux ne soit plus - l'alcool l'ayant emporté -, Annie vit toujours  en Sibérie où elle s'est adaptée au climat et à la population.

Le premier mot en aphabet cyrillique que je retiens est "taxi" qui, d'ailleurs se prononce de la même façon qu'en français. Il faut dire que j'ai largement le temps de me familiarier avec la graphie du terme : la Russie est le pays de la file d'attente interminable. File pour prendre un taxi, file pour déposer nos trois encombrantes valises, file pour acheter une glace... Il ne faut surtout pas être pressé et savoir apprécier le paysage quand on décide de faire quelque chose ici ! Mon apprentissage de la langue russe s'enrichit donc de quelques mots désignant les éléments constitutifs de la ville et jalonnant notre parcours : gare, restaurant, poste, rue...

16h50 : nous arrivons enfin devant l'immeuble chez qui nous passerons trois nuits, une dame que Babcia connaît sans l'avoir vu et que nous ne rencontrerons jamais puisqu'elle est en vacances. Je trouve cela très singulier. C'est la seconde fois que cette inconnue met à la disposition de notre famille son appartement. En fait, ma grand-mère ne connaît d'elle que sa voix lorsqu'elle lui téléphone par courtoisie ou pour convenir d'un tel arrangement profitable à notre séjour à Moscou.
C'est au septième étage de cette architecture massive de béton caractéristique du réalisme socialiste que nous déposons nos bagages. L'appartement se compose de trois pièces exigues et surchargées de tapis muraux et de bibelots sur lesquels se développent de gros motifs. Me sentant oppressé devant une telle surenchère d'éléments inutiles, je me dirige vers la fenêtre de la cuisine. La pluie qui ruissèle sur la vitre, assombrissant les blocs voisins et nappant le bitume participe elle aussi au sentiment d'étouffement. Devant moi, tout est monumental et gris. Ce n'est pas auourd'hui que je verrai la vieille ville. Etre à Moscou et ne voir que des bâtiments identiques, sombres et dressés vers un ciel couvert ! Babcia tente de me réconforter en me précisant que nous ne sommes pas dans les beaux quartiers et que cette banlieue n'a rien à voir avec ce que nous découvrirons demain.

17h14 : pendant que ma grand-mère et sa soeur préparent le bortch, je contemple les six timbres de collection qu'Annie m'a offerts. Lénine est la mégastar du pays et le rouge, la couleur fétiche des Russes ! Babcia me traduit de temps à autre ce qu'Annie lui apprend : mon arrière-grand-père - le père de ma grand-mère - est sérieusement malade. Toute la famille s'inquiète au sujet de sa santé et redoute le pire...

20h45 : les femmes s'entretiennent au téléphone avec leur frère Tolko. Leur bavardage demeure indéchiffrable ; cependant j'apprécie la musicalité de la langue. Seules les intonations trahisent les émotions partagées de part et d'autre du combiné. C'est à mon tour de parler. Que puis-je dire au téléphone à cette personne que je n'ai jamais vue et qui ne comprend pas ma langue ? Babcia m'annonce que Tolko connaît quand même quelques mots de français. Et pour me le prouver, ce parent ukrainien profère la seule phrase qu'il maîtrise : "tu veux sur ta gueule !" Devant mon étonnement, tous se mettent à rire. Je les imite aussi sans conviction. Peu après, j'écoute pour la première fois de ma vie la voix de mon aïeul, Timoféï. Ses paroles sont hésitantes et le timbre tremblant. J'imagine ce qu'il peut ressentir en parlant à sa descendance...


M. G. 1985-2008.

 

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M
Bonjour Nisaba,D'abord merci pour votre commentaire... Oui, il y aura une suite compte tenu du fait que j'ai conservé certaines notes de ce voyage. Il me reste aussi les souvenirs et le recul de l'adulte que je suis aujourd'hui. Malheureusement, j'ai depuis quelques temps, énormément de travail. Je prépare en, ce moment, un travail de recherche universitaire sur l'enseignement.Je disposerai davantage de temps vers la fin mai. Et puis, juillet et août, pour un prof, c'est l'oisiveté !Une suite (en réalité, je prévois encore deux chapitres) sera donnée à ce texte de jeunesse. Mais pas dans l'immédiat.A bientôt.MG
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N
Trés belle histoire..........et comme bataillou, j'aimerai bien avoir la suite, dans tout les cas, je me suis habituée à passer par là chaque jour...donc je profiterai aussi de découvrir la suite...Bonne journnée.
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L
Bonjour Micha!je suis allée en Russie en avion et en voiture, mais pas en train. Quelle voyage, en effet. Surtout en 1985! Les grandes villes ont bien changé depuis. Pas la campagne!Tu as un nom de famille polonais? Moi aussi. Vichnevetski. Mais la famille vivait en Russie.Bonne journée!Bises de la SartheElise
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G
La plupart des textes figurant sur ce site sont le reflet d'un état d'âme, d'une émotion et d'un évènement vécus... Ces notes de voyage sont celles que j'ai inscrites dans un petit carnet lorsque je me me suis rendu en URSS, en compagnie de ma grand-mère (Babcia en polonais) pour rencontrer cette partie de ma famille qui réside toujours en Ukraine. Ce que vous lisez est donc ce que j'ai réellement vécu en 1985. Biensûr, certaines phrases ont été remaniées et développées (à l'époque je n'avais que 14 ans). La première difficulté de l'exercice repose alors sur le souci de conserver la naîveté, l'ignorance et l'esprit de mes quatorze ans tout en proposant un texte qui soit intelligible.La seconde difficulté consiste à retranscrire en un seul jet ces notes (je ne relis donc pas ce que vous pouvez lire) afin qu'une certaine fraîcheur, une spontanéité puisse émaner au travers de maladresses d'écriture et de raisonnements simplistes à la manière d'un journal intime publié tel quel. Enfin, une nouveauté dans ma démarche : publier immédiatement ce que jécris. Mais il y a tant de choses à recopier, à écrire que je prendrai le temps qu'il faut pour parvenir à mes fins. C'est pourquoi le texte est consultable bien qu'inachevé.J'ouvre encore une dernière parenthèse. Mon arrière-grand-père que j'ai pu rencontrer lors de mon séjour en Ukraine est décédé l'année suivante. Pour lui rendre hommage, j'ai aussitôt rédigé une petite histoire à la manière de Troyat et de Maupassant (auteurs que je lisais étant adolescent) et que vous trouverez dans sa version originale, sous le titre Soir d'été.Bonne lecture à tous.
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N
Sagit'il d'une histoire vécue ?
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B
c'est super. aurons- nous droit à la suite.<br /> je reviendrai voir; et en profiterai pour voir moscou
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