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Faut-il des connaissances pour apprécier une oeuvre d'art ?

Publié le par MG

L'oeuvre d'art ne suppose aucune connaissance pour être appréciée : chacun peut produire immédiatement un jugement de goût. Or, le manque de connaissance fait que précisément on n'y entend rien en art. Celui qui n'a pas acquis une culture, ne peut pas fonder son appréciation. Pour pouvoir apprécier, il faut donc passer par la médiation de la connaissance.


Parce qu'elle est toujours sensible par ses matériaux, l'oeuvre d'art peut être donnée à la sensibilité. C'est d'ailleurs à cette sensibilité que renvoie étymologiquement le terme "esthétique". Cette sensibilité donne des sensations et des sentiments qui sont des pensées élémentaires. Les sentiments qui naissent au contact d'une oeuvre peuvent être des sentiments de plaisir. Le sentiment n'est pas un concept qui supposerait la médiation de la réflexion pour être élaboré. Face à une oeuvre d'art, chacun peut éprouver ce sentiment de plaisir et l'exprimer dans un jugement immédiat.

Mais tout ce qui est sensible est multiple. Le sensible est en devenir (le beau devient laid), est relatif à l'individu et est composé de plusieurs qualités (le beau, le très beau...). S'il n'y a de goût que particulier, le beau ne peut être universel. Comment comprendre alors le bon goût, le mauvais goût, le musée qui présente des oeuvres qui prétendent plaire universellement ? comment comprendre les critiques et les écoles des Beaux-arts ?


Une oeuvre est belle sans pour autant être appréciée par tout le monde. De plus, un beau qui cherche à plaire immédiatement est une mode. Le sentiment que l'on éprouve au contact d'une oeuvre est lié à la perfection. Une chose est parfaite lorsqu'elle est menée à son terme et lorsqu'on ne peut changer un élément sans nuire à l'unité et à l'harmonie. Le sens de l'oeuvre est donc imminent au sensible : il est présent comme symbole.

Le symbole est toujours une image sensible de l'expérience qui renvoie à une idée. Le symbole de la balance, par exemple, renvoyant à l'idée de la justice détermine l'équilibre. Dans le symbole, il y a donc une analogie. L'artiste travaille ainsi dans le sensible et montre des analogies entre le sensible et l'intelligible. Comprendre l'oeuvre, c'est saisir le sens présent dans l'oeuvre sensible. Mais le commentaire de l'oeuvre ne peut remplacer l'oeuvre : il aide à fonder un jugement sans apporter le plaisir esthétique de l'oeuvre sensible. 


La raison est la faculté de comprendre. L'utilisation correcte de cette raison est le bon sens. Le bon sens esthétique saisit immédiatement le caractère universalisable de l'oeuvre. Cette saisie est intuitive. Cependant, il faut des connaissances pour saisir le sens des symboles, le sens des analogies et le caractère nouveau de l'oeuvre.

MG - 21 juin 2009. A Yo Le Sot qui, j'espère trouvera ici des problématiques pour ses séances. 




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H
<br /> L'art est fait pour provoquer des émotions, mais lorsque l'on entends certains critiques professionnels on se sent tout petit et bien ignare...<br /> <br /> <br />
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M
Suite aux nombreux commentaires portant sur la problématique du jugement esthétique, j'ai souhaité replacer ci-après un extrait de Vie des formes qu'Henri Focillon publia en 1943 :"Les problèmes posés par l'interprétation de l'oeuvre d'art se présentent sous l'aspect de contradictions presque obsédantes. L'oeuvre d'art est une tentative vers l'unique, elle s'affirme comme un tout, comme un absolu et en même temps, elle appartient à un système de relations complexes. Elle résulte d'une activité indépendante, elle traduit une rêverie supérieure et libre, mais on voit aussi converger en elle les énergies des civilisations. Enfin (pour respecter provisoirement les termes d'une oppoition toute apparente) elle est matière et elle est esprit, elle est forme et elle est contenu. Les hommes qui s'emploient à la définir la qualifient selon les besoins de leur nature et la particularité de leurs recherches. Celui qui la fait, lorsqu'il s'arrête à la considérer, se place sur un autre plan que celui qui la commente et, s'il se sert des mêmes termes, c'est dans un autre sens. Celui qui en jouit avec profondeur et qui, peut-être, est le plus délicat et le plus sage, la chérit pour elle-même : il croit l'atteindre, la posséder essentiellement - et il l'enveloppe du réseau de ses propres songes. Elle plonge dans la mobilité du temps, et elle appartient à l'éternité. Elle est particulière, locale, individuelle, et elle est un témoin universel. Mais elle domine ses diverses acceptions et,servant à illustrer l'histoire, l'homme et le monde même, elle est créatrice de l'homme, créatrice du monde, et elle installe dans l'histoire un ordre qui ne se réduit à rien d'autre."
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M
Vous avez entièrement raison Bérangère.Merci pour votre commentaire.A bientôt.
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L
Bonjour,Pour ma part, je n'ai que quelques connaissances en art de la peinture et de la sculpture et en histoire de l'art, mais je pense que l'art en général, dès le premier regard, dégage une émotion, un ressenti... s'il se complète avec un savoir tant mieux, mais je crois que le sentiment de l'esprit et de l'oeil vaut tous les savoirs...Bon dimancheBérangère
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K
Bonsoir MichaelJe découvre à l'instant votre blog qui me semble des plus instructifs. J'ai composé un sonnet - Le mépris - à l'encontre de mes frères poètes voués corps et âme au sacre de la poésie classique. Pour cela il m'a fallut en apprendre par moi-même les arcanes pour entrer dans leur bal. Ainsi je pense que les trois derniers vers de mon sonnet, par leur propos sont adéquats à toutes les autres formes de l'art.<br /> Fraternellement Kristen
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F
je vois qu'il y a des statues ! C'est ce qui me touche le plus dans l'art en général .
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F
être accueillie par björk c'est très agréable !........... et non on peut très bien aimer une oeuvre etpas une autre car tout n'est que subjectif et moi, je me suis mise à écrire des poemes et contes africains en admirant certaines oeuvres faites sur ordinateur et que j'ai pu découvrir au fil de mes pérégrinations sur les ondes des blogs d'orange qui viennent d'être fermés complètement depuis le17 juillet de cette année ....... je reviendrais voir ce blog car je dois m'en aller . amitié virtuelle comme on dit sur la toile iiiii Fanorise . J'ai un blog aussi sur overblog .
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O
L'oeuvre d'art fait appel, dans un premier contact, au ressenti. Pour cela la connaissance n'a pas d'utilité.Par contre, il me semble intérressant de noter qu'une éducation du regard, le développement de sa propre capacité à s'ouvrir et s'émerveiller face à l'incompréhensible aident à mieux percevoir les vibrations émises par l'oeuvre regardée. C'en est ainsi pour beaucoup d'autres domaines tels que la musique, la cuisine... Finalement pour tout ce qui touche aux sens (olfactif, auditif, touché, vue et gustatif).Par exemple, une cuisine étrangère peut nous paraître désagréable au premier abord et apporter un bien-être par la suite une fois que le processus d'adaptation (d'éducation) s'est mis en route.Il est possible d'apprécier l'art sans aucune connaissance, mais il est aussi possible de passer à côté d'oeuvres remarquables faute d'expérience. J'utilise le mot expérience, car pour moi l'éducation dont je parle ici ne provient pas forcémment d'un savoir transmis par des éminences grises qui intellectualisent tout et n'importe quoi. L'éducation autodidacte, l'envie d'en ressentir plus est à mon avis un bien meilleur moyen de profiter pleinement, émotionnelement et physiquement du travail proposé par un artiste.
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M
Bonsoir Marie-Line,Je suis ravi d'apprendre que tu visites mon site.L'appréciation d'une oeuvre ne nécessite pas de connaissances dans la mesure où chacun peut formuler un jugement de valeur immédiat. Toutefois, pour en saisir le sens et l'inscrire dans une étude diachronique (situer l'oeuvre dans l'histoire des productions) et/ou synchronique (comparaison de l'oeuvre avec une autre), il faut pouvoir s'appuyer sur des pré-requis. Dans le fait de se poser des questions au contact d'une oeuvre, cela suppose que l'on fasse appel à des référents culturels.Embrasse toute ta famille de ma part et, à bientôt...
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M
Le fait de " ne rien y entendre en art " n'interdit pas de se poser devant une oeuvre et de l'apprécier ou même de s'interroger sur sa signification.Pour ma part c'est très souvent le cas. Tout simplement j'évite de faire des commentaires " pour faire beau".........Sinon j'ai toujours grand plaisir à surfer sur ton blog.BisesM-L
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D
Oui, façon Lacanienne, c'est ainsi l'Art de vivre, "cette connaissance qu'on admire de ne pouvoir être un savoir", tout un art en soi ! Bertrand
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M
Merci Bertrand pour ton commentaire... C'est un bon concept que de faire de sa vie une oeuvre.Amitiés.
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D
Tu devines très bien que l'art ne demande aucune "connaissance" (oublier ce qu'on sait, nos références, pour apprécier une oeuvre inconnue d'un inconnu vaut mieux), il appelle au ressenti, à l'émotion à l'état pur, au sentiment profond, c'est l ' oeil et l' esprit du coeur, de l'âme, non du savoir, si tant est qu'on ne soit critique d ' art qui triture leurs méninges dont c'est le métier, ou comme dit par mOm, marchand de tableaux au chéquier fructueux, Bonne journée ...artistique dans l' invention de soi, autre oeuvre d'art (je veux faire de la vie une Oeuvre d'art spirituo-littéraire), bien à toi, aux tiens, là-bas, dans la ville...d'art et d'histoire...qu'est Lille !
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M
Bonjour mOm,Le prix d'une oeuvre n'est pas le sujet de cette page. Dans notre monde capitaliste, les prix fluctuent entre l'offre et la demande. Personnellement, il m'importe peu de savoir qu'une telle peinture ou sculpture soit vendue à des centaines de milliers d'euros. En revanche, le salaire d'un tapeur de ballon rond me dérange...
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M
L'art étant tellement subjectif à mes yeux, n'importe qui peut dire s'il apprécie ou pas.Maintenant, quant à estimer financièrement....c'est une autre histoire. Malgré tout, quand on apprend que certaines oeuvres se vendent à de tels prix, on se demande qui est le plus insensé, celui qui fixe le prix ou celui qui achète l'objet......mOm
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