Olivier Aubry, sens dessus/dessous
Les travaux récents d'Olivier Aubry semblent illustrer le paradoxe selon lequel le sens d'une image se perd dans la signification des
éléments qui la composent...
A première vue, le tableau consiste en une représentation
réduite à sa plus simple expression de la réalité qui nous environne. Les motifs qui se détachent sur des fonds monochromatiques ont tous un air de déjà vu. A côté ou à l'intérieur de ces
formes élémentaires voire schématiques, l'artiste a incisé dans la matière des mots relativement courts, presque universels. Puissant stimulant à la réflexion, ce rapprochement icono-textuel
génère cependant une situation qui bouscule nos habitudes de lecture et contredit nos intuitions.
En effet, une certaine ambiguïté sémantique résulte de cette rencontre entre la peinture et l'écriture. Dessin et vocabulaire se conjuguent ou se déclinent dans une cascade de sens qui
s'entremêlent dans la multiplicité des interprétations parfois contradictoires que l'on donne à ce que l'on voit. A défaut d'être descriptive, l'image se présente comme une surface
plurivoque dans laquelle le spectateur cherche à reconstituer la trame d'un récit en comblant les vacuités narratives entre plans, lignes et mots.
Entre le muet et le discours, le désigné et le suggéré, l'inscrit et l'imaginaire, la pensée voyage dans de vastes paysages figés dans leur propre profondeur, dans une perspective vide où
l'infini se frotte au défini et l'inconnu au surréel. Dans ces bouts du monde où résonne le silence, l'espace pictural devient étrangement réserve de possibles. Avec ses formes ambivalentes, ses
annotations polysémiques, les images d'Olivier Aubry jouent finalement de la pluralité de sens que revêt l'idée que nous avons de la réalité.
Dans les récents travaux d'Olivier Aubry, seule l'expérience de l'observateur est à même de faire sens entre ce qui est donné et ce qui résiste à la lecture.
MG - 18 décembre 2009. In dossier de presse de l'exposition Olivier Aubry - On the air, du 03 mars au 10 avril 2010, galerie Kandler, Toulouse.
Lire aussi :
- Olivier Aubry vidéaste ;
- L'horizon ne mène nulle part.
Consulter le site d'Olivier Aubry
A écouter pour prolonger cette page : Anomie Bell, Cascade, 2008