Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vanessa Delarue, l’écocitoyenne d'une cité perdue

Publié le par MG

Vanessa Delarue lors d'un entretien au Palais de la Bière à Aniche, le 25 novembre 2019.

Vanessa Delarue lors d'un entretien au Palais de la Bière à Aniche, le 25 novembre 2019.

Ancienne cité minière de la commune d’Aniche (59580), l’Archevêque1 témoigne d’un potentiel patrimonial et d’une aventure humaine négligés par la majorité en place. En dépit des promesses électorales de 2014, le quartier et ses habitants demeurent toujours délaissés, ignorés, abandonnés. Le non-entretien des chaussées, des trottoirs, de la façade de l’école, de la signalétique routière au sol, du mobilier urbain - quand il existe ! - souligne ce mépris politique vis-à-vis des conditions de vie de familles anichoises toujours plus écartées, dénigrées et stigmatisées. Pourtant, lorsqu’on s’y promène, les saluts fleurissent et le dialogue s’ouvre vers un horizon empli d’espoir.

Résidant dans ce quartier, auxiliaire de vie et citoyenne engagée, Vanessa Delarue a décidé de prendre les choses en main. En 2015, elle annonçait déjà via les réseaux sociaux le désintérêt de l’équipe municipale pour résoudre le problème des dépôts d’ordures sur le terrain situé derrière les habitations en briques rouges. Il aura fallu la mobilisation de riverains en mairie pour que les édiles daignent enfin se préoccuper momentanément de ce quartier. Aussi, la municipalité installa des grilles métalliques pour parquer une surface reverdie mais très vite oubliée et laissée à la grogne montante d’une jeunesse toujours non écoutée, en mal d'obtenir un terrain de loisirs dans leur cité marginalisée.

La cité de l'Archevêque d'Aniche et Vanessa Delarue le 25 novembre 2019.La cité de l'Archevêque d'Aniche et Vanessa Delarue le 25 novembre 2019.La cité de l'Archevêque d'Aniche et Vanessa Delarue le 25 novembre 2019.

La cité de l'Archevêque d'Aniche et Vanessa Delarue le 25 novembre 2019.

Depuis quelques semaines, Vanessa a placé devant son domicile une boîte à idées qui s’emplit progressivement de suggestions : création d’un city-stade ou d’un parc pour motos, réfection des routes, embellissement du quartier avec des fleurs, rénovation de la plaque illisible désignant l’école Wartel, etc. Electron libre n’hésitant pas à exprimer ce qu’elle pense, Vanessa élargit alors son champ d’action avant toute récupération politicienne. Ses projets corrigeant le gaspillage au travers d’une redistribution alimentaire pour tous à l’issue de glanage sur les marchés ou encore invitant le citoyen à devenir acteur par la mise en œuvre d’un jardin partagé, séduisent effectivement quelques candidats aux prochaines municipales.

En ce monde individualiste, arriviste et hypocrite de circonstance (mars 2020 arrivera bien vite !), Vanessa tire des leçons de sa propre histoire familiale pour soutenir les copains, les voisins, les riverains. « Je sais ce qu’est la galère. Dans la vie actuelle, le partage est une valeur qui peut réunir des individus de plus en plus aveuglés par les médias, de plus en plus enfermés devant leur ordinateur ou leur smartphone. On croit tout ce qu'on promet. Or, aujourd'hui l’Archevêque ne ressemble plus à rien. Qu’on arrête donc de reprocher aux habitants de négliger leur terrain ! Si je ne dispose pas de baguette magique pour changer les choses, je sais que la cité de l’Archevêque peut retrouver grâce à l’entraide et la solidarité la chaleur qui lui manque tant. »

Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.
Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.

Atelier de fabrication de tawashis dans la salle de l'association Louis-Delcourt à Aniche le 26 janvier 2020.

Depuis décembre 2019, la citoyenne la plus écoutée du quartier le plus reculé d’Aniche est passée à la vitesse supérieure en s’associant avec Peggy Harlé, Fatima Beghdadi et Isabelle Chantreau pour former un collectif citoyen prônant le glanage alimentaire, le partage et l’anti-gaspillage. Dans l’après-midi du 26 janvier 2020, la petite équipe féminine organisait déjà le premier atelier « zéro déchet » dans le local de l’association Louis-Delcourt. Ensemble, elles ont initié les participantes à la fabrication de tawashis, petites éponges originaires du Japon, plus durables et donc plus écologiques que les traditionnelles éponges jaunes et vertes qu’on achète et jette après usage.

Réalisées à partir de chaussées trouées ou orphelines découpées en bandelettes puis « tissées » manuellement grâce à une planche de bois bordée de clous, ces petites brosses de tissus pourraient révolutionner les habitudes de nettoyage. Vanessa y croit et cherche à sensibiliser davantage les habitants de sa commune au « zéro déchet » en créant des moments de partage de savoirs et de savoir-faire. Le collectif adepte du recyclage devrait d’ici peu mettre en œuvre de nouveaux ateliers axés sur la confection de disques démaquillants réutilisables, de produits d’entretien naturels et économiques, etc. L’aventure lancée par nos « drôles de dames » vers la réduction de la consommation et la gestion des déchets n’est pas prête de s’épuiser !

1. La cité tire son origine du percement en 1854 de la fosse toute proche mise en exploitation en 1857 après avoir été bénie par René-François Regnier (1794-1881) archevêque de Cambrai.

Texte et photos : MG - 25 novembre 2019 et 26 janvier 2020.

Commenter cet article