Xavier Planchon, l'authentique paysan en Coeur d’Ostrevent

A l’automne 2019, la Communauté de Communes Coeur d’Ostrevent (CCCO) lançait un appel à candidature pour identifier un porteur de projet prêt à exploiter en bio une parcelle d’1,76 hectares jadis occupée par deux chevaux et située dans la rue Pasteur à Lewarde (59287). Fin avril 2020, le comité de sélection composé de l’association Terre de Liens, dont le représentant local n’est autre que l’illustre maraîcher d’Auberchicourt Bernard Coquelle, la CCCO propriétaire du terrain et la municipalité incarnée par le maire Denis Michalak, l'adjoint André Léger et le directeur général des services Bernard Doisy, retenait le dossier de Xavier Planchon.

Originaire du Cambrésis, ce petit-fils de paysan passionné de mécanique agricole vient d’organiser ce matin dans le cadre de la campagne Printemps Bio en Hauts-de-France une opération de lancement devant le bureau de poste de Lewarde afin de rencontrer les habitants du secteur et d’échanger sur son projet. En peu de temps, ses dizaines de laitues, batavias et salades feuilles de chêne certifiées AB se sont vendues comme des petits pains. La vente de belles récoltes fait oublier les inquiétudes et les difficultés du travail de la terre.

Si Xavier est heureux de pouvoir cultiver en bio à Lewarde, la crise sanitaire et la sécheresse du mois de mai l’ont contraint à s’adapter urgemment. En effet, l’ancienne pâture qu’il occupe depuis cinq semaines nécessite quelques aménagements et ne dispose d’aucun système d’irrigation. « A tout problème existe sa solution », nous confie le maraîcher en désignant les cuves d’eau de pluie qu’il a déposées pour le moment au bord de la parcelle. Bénéficiant du soutien de la CCCO et de la commune de Lewarde, les choses devraient s’améliorer d’ici peu.

En attendant, Xavier s’organise en plantant salades, pommes de terre, échalotes, lentilles vertes tout en préparant les espaces qui accueilleront prochainement d’autres légumes et fruits de saison. Il envisage aussi de cultiver une vigne sur cette terre sableuse. « A l’instar de mon grand-père qui ne traitait pas ses plantations, je développe depuis des années à Bantigny (59554) et aujourd’hui à Lewarde un type de culture contraire à l’agriculture conventionnelle. Je travaille en fonction de la lune, ne sème jamais le jour même de la récolte et emploie purins d’ortie, de consoude ou de rhubarbe pour amender le sol ou pour traiter les plants d’une invasion d’insectes », précise-t-il.

Formé par la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, Xavier Planchon est un authentique paysan capable, grâce à son savoir-faire, de produire naturellement comme on le faisait bien avant la mise en place de la monoculture intensive grassement subventionnée. Cependant, dit-il, «  je n’ai pas l’intention de travailler comme un serf. J’ai acheté et récupéré d’anciennes mécaniques que je restaure et améliore en vue de cultiver la qualité en quantité. » Et ce type d’agriculture soucieuse de l’environnement et de la santé des gens du territoire nous renvoie indubitablement aux illustrations de manuels scolaires d’avant guerre.

Grâce à l’appui d'élus locaux et intercommunaux, notre homme du pays devrait alimenter avec les produits de la terre plusieurs cantines scolaires locales et fournir des paniers aux personnels de la CCCO, du Centre historique minier et aux habitants de Lewarde. « L’idée de mettre en place un drive est en route. Grâce aux SMS et les réseaux sociaux, les gens pourront commander leurs produits avant de venir les retirer sur place. Je souhaite que tout le monde puisse goûter le bio sans se ruiner », insiste-t-il. Une chose est sûre : les prix au kilo de ses légumes restent très attractifs.

A l’heure où les plans locaux d’urbanisme prévoient de transformer systématiquement une surface libérée en zone constructible, la démarche du maire de Lewarde de convertir une pâture en un maraîchage bio mérite d’être saluée. En orientant une pratique agricole saine vers des besoins locaux, Denis Michalak œuvre aussi dans l’intérêt général. Dans quelques semaines, de nouvelles concertations déboucheront sur une solution d’irrigation du sol (prise en charge du raccordement au réseau potable, récupération des eaux de pluie d’un bâtiment voisin de la CCCO ou réalisation d’un forage). L’été caniculaire arrivant à grands pas, Xavier Planchon s’éloigne dans sa parcelle au dénivelé prometteur, la tête pleine de projets d’aménagement et de distribution.

Texte et photos : MG - 4 juin 2020.