Et demain, la révolution ?

Ceux qui luttent, ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu.

Berthold Brecht.

A l'heure où il serait possible dans notre société d'accéder au travail comme accomplissement de soi sans qu'il ne soit notre principale préoccupation, le système économique soutenu par nos politiques tend à conserver la représentation que nos ancêtres du XIXe siècle n'avaient guère la force de remettre en cause : le travail gagne-pain, rémunéré mais contraint. Quelque soit la branche, le statut ou le métier, l'activité professionnelle - exercice social d'un certain « m'as-tu vu » -, se caractérise par sa pénibilité que traduisent de plus en plus de maladies psycho-somatiques toujours en mal de reconnaissance par les autorités.

Face à l'accélération des avancées technologiques (automatisation, numérisation), on prône l'absence de l'effort humain qui conduirait à la disparition du travail et, par conséquent, du chômage. Or, chaque révolution industrielle voit naître de nouvelles professions. Le développement du tout-électronique et du tout-informatique de ces vingt dernières années a généré des métiers, certes moins répétitifs qu'auparavant, qui mutent déjà en fonction de l'évolution de la société et ne seront bientôt plus car inutiles ou remplacés.

Plus de la moitié des métiers que l'on exercera dans dix ans, n'existent pas encore ! Et ce que la machine ne peut faire, l'homme sera poussé à l'entreprendre. Nos enfants et les leurs devront donc s'adapter à l'idée qu'il faut toujours produire pour garantir un système et l'alimenter. A moins que, d'ici peu, on repense ce système productif qui avilie les masses au profit de quelques décideurs à la tête de grands groupes capables d'orienter les choix des représentants élus.

Cet enjeu paraît essentiel pour progresser. Un changement – une révolution ? - doit s'opérer au travers d'une prise de conscience collective qui tiendrait compte non seulement de la fragilité sociale et de la précarité économique qui nous rongent mais aussi de la crise environnementale qui nous condamne à moyen sinon à court terme. Face à ces évidences, le temps n'est plus à la reformulation des problèmes ou à la résignation mais à l'action.

Il est l'heure de lutter contre le diktat politico-économique qui lèse les forces productives, qui exploite les travailleurs (précarité et crainte du lendemain, dispositifs numériques de contrôle dans une société de plus en plus tertiaire, rapport de force entre employeurs et employés), qui déséquilibre les foyers (statut professionnel comme marqueur social, notion de mérite comme outil de pression, pénétration en force via le numérique du professionnel dans l'espace privé) et qui promotionne les inégalités (de revenus et de reconnaissance), même entre hommes et femmes.

Hier, les salariés, les fonctionnaires, les indépendants luttaient pour encadrer et protéger par des lois leur travail ; aujourd'hui, les décisions politiques sans concertation (lois travail depuis celle dite El Khomri et ordonnances) détruisent conventions, statuts, contrats tout en facilitant les modalités de licenciement. Les mouvements de grève qui se multiplient depuis septembre 2017 sont révélateurs d'une crise socio-économique qui ne laisse guère indifférents les gens. Celle du 22 mars 2018 pourrait sonner le glas des mesures capitalistiques imposées par le régime de Macron.

Texte et photos : MG - 21 mars 2018. A mes enfants, à Manon Laine, aux militants et citoyens soucieux d'un avenir en commun.