Billsnatch : de l’état brut à la prose combat

Grand finaliste du 10e Tremplin artistique d’Hornaing le 16 juin 2019, le groupe Billsnatch bénéficie d’une actualité grandissante. Enchaînant les concerts, sélectionné au Tremplin Rock français à l’occasion du festival L’EnFrance du Rock qui se déroulera au PACBO d’Orchies le 29 novembre et préparant un album pour la fin de l’année, les cinq membres de ce groupe aux sonorités « grunk » - contraction de grunge et de punk -, nous ont conviés ce vendredi 19 septembre à une répétition studio au Métaphone d’Oignies. Une belle opportunité pour faire le point sur leur parcours tout en assistant à la naissance d’un titre, Insane.

Depuis qu’ils écument les bars, salles de concert et festivals musicaux en plein air de la région,  Yves (batterie), Jérémy (basse), Eric (guitare), Emy (chant) et Cyril (arrangements) ont redonné espoir à ceux qui pensaient que le rock français était bel et bien enterré. « Si on ne nous trouve pas assez métal, pas assez punk et pas assez chanson française, c’est parce que nous réinventons un style au carrefour d’influences multiples », précise la chanteuse. A mi-chemin entre le rock alternatif et le hard rock, les références sont légion : Nirvana, Noir Désir, Rage Against The Machine, No One is Innocent, Rammstein… et même musique du monde !

Sur scène, ce cocktail de sonorités soutenues par les riffs d’Eric, gymnaste électrique, par le martèlement des percus d’Yves et par l’amplification des séquences du bassiste, prend immédiatement aux tripes. Et, si Emy se balance à la manière d’Axel Rose, si sa voix n’est pas sans rappeler celle de Patti Smith, ses jeux de regards tantôt insistants, tantôt perdus dans le vide, ses stupéfiantes postures et les paroles métaphoriques et subversives qu’elle envoie à la face du public explosent le format rock traditionnel. « Si je pose la ligne de chant, ce sont les musiciens qui font la mélodie. Yves a une pâte si particulière que je peux changer le ton de ma voix en fonction de ce qu’il fait avec sa batterie », confie Emy.

Ce soir, Billsnatch qui vient d’achever le mixage de son premier opus, retravaille en studio l’intro, les riffs, les fondus de guitare, la venue de la basse, les silences qu’il faudra assumer sur scène à Orchies. Les mises au point se font de manière collégiale. Un regard suffit parfois à améliorer un son ou un moment. A l’unisson, les cinq musicos rappellent qu’ils forment « davantage une famille qu’une bande de potes. » Chaque instrument se place au service d’une voix pendant que Cyril équilibre, nuance les sons sur sa table à mixer tout en garantissant discrètement la qualité des enregistrements nécessaires aux futurs perfectionnements.

Après ce premier travail sur les transitions entre les titres à jouer en concert, la pause offre l’occasion de revenir sur la genèse de Billsnatch. D’abord musiciens de reprises de Metallica, de Linkin Park, de Marilyn Manson, le groupe aspire rapidement à jouer ses propres compositions. L’arrivée d’Emy en 2013 marque un tournant décisif : c’est elle qui apporte les textes en français sur lesquels se construit la musique. Des affinités se créent et le 21 juin 2014, Billsnatch se produit pour la première fois à Saint-André-lez-Lille. Suite au Tremplin de Denain, le quintette participe en 2018 à la Fête de l’Huma à Hellemmes.

La richesse des douze titres que comportera l'album découle des horizons différents de chacun des membres du groupe. L’univers littéraire d’Emy, les enseignements au sein de l’Harmonie de Douchy-les-Mines d’Yves « le joueur de tam-tam », l’apprentissage en autodidacte d’Eric dit « l’usine à riffs », la rapide évolution de Jérémy à la basse et la sensibilité éclectique de Cyril, ancien disc-jockey devenu ingénieur du son, vont permettre cette ouverture sur d’autres espaces, d’autres temporalités, d’autres façons de jouer et de se produire ensemble.

Après ces quelques échanges, le groupe reprend ses instruments pour mettre en place une nouvelle chanson. « Nous l’avons intitulée Insane. Il fallait bien un titre même si nous n’accordons pas d’importance au nom des chansons. Ni à celui du groupe pour lequel on nous demande souvent ce qu’il signifie. Issu de l’argot américain, Billsnatch désigne autant un jeu entre canettes que l’action de déchirer une facture. Chacun entendra donc ce qu'il veut », nous rappelle Emy. L’intro du nouveau titre débute alors avec ces paroles : « Il n’y a pas que les orgues qui sont de Barbarie / Sens-tu résonner le pas de la Capoeira ? » Le ton vient d'être donné ; la pression monte.
 

Photos et texte : MG - 19 septembre et 22 octobre 2019.

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