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Mon Eden : un jardin de la connaissance et de l'expérience

Publié le par MG

2013.05.15 LILLE 99991

Chaque matin, je m'empresse de fouler mon jardin où pousse une nouvelle herbe, naît une autre fleur, s'étale un vert buisson et meurt un vieil arbre. Chaque matin d'hiver ou d'été, d'automne ou de printemps, mon Eden laisse paraître une teinte, une forme, un sentier, un bosquet. Et chaque matin, j'y fais des rencontres surprenantes car on ne peut, dans mon jardin, éviter ce que l'on aimerait ou non croiser.

 

Mon jardin n'est ni français, ni anglais, encore moins japonais. Il n'est pas plus baroque que naturel, ni plus pittoresque qu'idéalisé. Il ne présente aucune symétrie, aucune irrégularité. Il n'est, non plus, ni rectiligne, ni curviligne. Il se définit simplement aussi sec qu'humide, aussi dense qu'aéré. D'ailleurs, quand on le regarde, il ne dessine pas de paysage. Et si une géométrie apparaît, ce n'est que par temps clair. Ainsi, mon jardin est un enclos qui protège l'idée que je me fais du meilleur et que seule la ligne d'horizon limite.

 

De même, mon jardin est dépourvu d'épicentre. Je n'en suis pas maître et Dieu, ayant privé l'homme de jardin, n'y est pas invité. Aucun arbre ne domine ; aucune plante ne règne dans l'absolu. Il est un vague terrain de créations naturelles, évolutives dans leurs poussées. Si les grandes religions monothéistes ont inventé les grandes monocultures qui, tels les tableaux de Mondrian, rassurent vus du ciel, mon jardin, lui, est originel. Il est un polythéisme végétal.

 

2012.06.06 LILLE 3

Mais mon jardin n'est pas pour autant figé et éternel. Il est tout simplement vivant. Et le vivant ne connaît aucune limite : il transgresse les frontières dangereusement. Pour maintenir ce vivant, je laisse agir la diversité en perpétuel mouvement. Résultat d'un brassage tous azimuts, c'est elle qui optimise et dynamise la végétation. C'est elle également qui me fait éternuer ou me permet de mieux respirer.

 

Mon jardin est planétaire. Il est la Pangée de l'ère post-moderne sur laquelle on ne trouve ni pôles, ni sous-continents. Les vents doux ou forts, chauds ou froids, directs ou tourbillonnants y apportent à chaque instant une variété nouvelle de plantes qui saura bientôt trouver sa place entre celles qui se sont enracinées depuis longtemps.

 

2012.07.11 LILLE 4

Dans mon jardin, les espèces indigènes côtoient donc les espèces allogènes. De cette main mise et de ce flou qui renforcent la diversité, s'épanouit un jardin toujours plus exotique que jamais. Et quand mon arbre préféré meurt, il renaît de lui-même, plus tard, ailleurs, sous une autre forme. Même dans les coins les plus hostiles de mon terrain, la végétation croît à son rythme et s'adapte à l'environnement.

 

Dans mon jardin, les formes se déplacent librement entre l'ombre et la lumière. Plantes et animaux y font ce qu'ils veulent : les taupes retournent la terre et les papillons répandent le pollen. Qu'on se le dise : la pauvreté agricole va de paire avec la richesse biologique. Je ne plante et ne taille jamais au mépris de ceux qui considèrent que mon jardin est sale. En réalité, il foisonne et se regénère.

 

Texte et photos : MG - 12 juin 2013. A Régis P.

 

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