Un ange blonde - chapitre 1
S'éveille-t-elle en lui
Déloge l'homme en lui
Un ange vole
Un ange vole
...Beau...
Se love-t-elle en lui
Furtive elle en lui
Un homme change
Un homme change
...Etrange...
Parfait mélange
S'échange-t-il d'aile en elle
Un homme sombre change en elle
Un ange bombe
Un ange blonde
...Dérange...
Doux... parfait mélange...
Sexe d'un ange
Blonde
Interprète : Guesh Patti
Auteurs : Etienne Daho / Christophe Rose
Chapitre 1
Le temps de la découverte
21 juillet - 14h59
C'est un bien
étrange réseau, comme vous le soulignez belle effarouchée, dans lequel vous semblez être à votre aise lorsque vous daignez vous y attarder. Aujourd'hui, votre passage en ce lieu immatériel tourne
à mon avantage. En m'accordant votre précieux temps, j'acquiers une importance momentanée - l'occasion de coucher quelques termes sur cette impalpable page, l'instant d'une démarche
scripturalement ludique. La finesse de vos tournures n'a d'équivalent que l'élégance de votre image.
Dois-je vous confier, damoiselle de mots, que votre esprit charme autant - j'ose imaginer - que la délicatesse de vos traits cause maints maux chez qui vous observe en vérité ? Et je ne crois guère que les noires bésicles derrière lesquelles vous vous retranchez cachent votre minois ; au contraire, elles vous révèlent au mieux, adorable, imprévisible et énigmatique !
Enfin, sachez très chère, qu'aucune vapeur lourde d'un tafia ou d'une gnôle n'altère en ce jour mes propos et, comme vous, je trouve davantage d'ivresse dans la prosodie, en particulier la vôtre que je m'empresse déjà de relire.
Recevez, ravissante destinataire, mes sentiments les plus tendres.
22 juillet - 10h21
Le plaisir m'assaille dès le réveil : vous est là me contant votre émoi !
Pourquoi évoquez-vous derrière votre argument d'autorité et votre prose imagée, un tournoi perdu d'avance ? Je n'envisage guère de rivalité textuelle ou autre en vous répondant. Et, dans le cas où vous ne seriez point convaincue, je vous rappelle la macule orthographique dans la missive précédente qui me fit tomber de mon destrier lors de ce que vous nommeriez l'assaut épistolaire. Considérons plutôt nos échanges comme l'empreinte graphique de pensées courtoises et bienveillantes entre deux étrangers n'aspirant qu'à (ap)paraître moins étranges au regard de l'autre. N'était-ce point là votre premier souhait lorsque vous m'avez invité à communiquer en dehors de la sphère publique et curieuse du Rézosocial (Rs) ?
Dois-je comprendre, mystérieuse Jeane, que vous renoncez déjà à poursuivre notre correspondance ? Mes termes vous auraient-ils mis en défaut ? Je vous conjure de ne voir ici qu'une affaire de style ; je puis m'adapter à un autre, plus contemporain, moins raffiné, plus ancien encore ou plus travaillé. Proposez l'exercice que vous désirez, je me ferai une joie de l'exécuter. Il vous appartient donc de brûler nos épîtres puisque je n'ai pas cette faiblesse. Dans le cas contraire, c'est dans la capitale des Gaules que je vous confierai, les jours à venir, mes émotions.
Dans l'espoir, coquette internaute, de vous lire encore.
22 juillet - 13h41
Jeane,
Qu'il me soit permis de vous renseigner sur l'organisation de ma journée.
J'arriverai en gare de Lyon Part-Dieu à 21h pour ensuite me rendre chez l'un de mes parents. La convivialité des retrouvailles nous conduira à nous entretenir. Mais il va de soi, qu'au détour de ces discussions familiales sans réelle profondeur, je tâcherai de vous rejoindre subrepticement afin de lire votre actualité à la mode que vous aurez convenue, surannée ou pas.
Mes pensées vous accompagnent évidemment dans ce que vous entreprenez actuellement et là où vous serez prochainement ; elles vous suivent pas-à-pas, dans l'ombre et la distance suffisantes pour vous distinguer sans me faire voir. Permettez-moi enfin de vous adresser mon identifiant mèl (***********@*******) en vue de palier l'éventuel dysfonctionnement du Rs et de vous témoigner également un peu plus ma confiance.
Recevez, amène interlocutrice, toute mon affection.
23 juillet - 08h40
Mon amie,
Ne voyez dans mon allure aucune bravoure. Citoyen ordinaire mêlé à la foule de voyageurs, je ne me suis distingué en rien des autres dans ce cheval de fer qui m'a conduit là où naquit Caracalla. La tête posée contre la vitre, j'ai vu les mêmes paysages défiler et se dérober que la dame et sa fille endimanchées, assises face à moi ou ces deux ados chaussés de Vans rouges et causant de skate dans mon dos. Le temps de la traversée fut, je le crois, aussi long pour moi que pour tous ces voyageurs pressés de ne plus rien faire loin de chez eux. L’oisiveté exige la patience ! Nos regards tombaient régulièrement sur nos cadrans sous lesquels les aiguilles du temps semblaient immobiles. Nos soupirs se répondaient dans le compartiment et se multipliaient lorsque la voix off annonçait les retards cumulés par les ralentissements. Même l’arrivée en gare n’eut rien d’un triomphe ! Nous la vécûmes plutôt comme une délivrance sous une fine pluie qui n’avait rien d’estival. Comme je vous l’avais prédit, la conversation vespérale fut pleine de platitudes, de propos sans consistance. Je n’ai, hélas, pu me soustraire du petit cercle familial – à ce sujet, je ne suis accompagné que de mon fils – pour vous lire dans la soirée. Mais, au réveil, c’est avec empressement que j’ai parcouru vos lignes. Elles me ravissent. Elles m’appartiennent. Soyez certaine que je prends goût à nos échanges et que vos messages ne me laissent guère dans l’indifférence.
23 juillet - 09h25
Difficile de fermer l’ordinateur sans vous saluer à nouveau... Je m’informerai ce soir de votre passage sur le Rs…
J’ai votre image à l’esprit. Et c’est avec elle que j’arpenterai les rues de Lyon, m’interrogeant probablement sur l’importance que je vous accorde et sur la portée de vos derniers messages. Puisse cette journée vous accorder ce qu’il y a de plus agréable.
23 juillet - 17h30
Jeane,
Je viens de lire vos messages. Je me réjouis de leur nombre... et de leur longueur. Je reviendrai ultérieurement sur certains de vos propos. Vous êtes loin de comprendre ce que je peux ressentir en général et en particulier ces derniers jours. N'imaginez pas que je demeure insensible en ce qui vous concerne. Vous me semblez l'enfant de Montaigne, à "l'esprit sain dans un corps sain". Votre courrier m'enchante, me gonfle le coeur. Je ne cesse de songer à vous depuis ce matin ; je puis donc vous affirmer que vous aussi me manquez bien que je ne sache que peu de vous. Je reviendrai vous voir à la tombée de nuit ; je ne saurai me coucher sans vous retrouver.
24 juillet - 05h00
Ma belle correspondante ; mon amie-ennemie,
Donnez-moi de vos nouvelles... je vous le demande, avant même que vous ne vous envoliez sans me demander.
27 juillet - 08h37
Je me réjouis de vos nouvelles américaines : elles soulignent le désarroi d’une société dichotomique et témoignent de votre gentillesse à mon égard.
Je suis toujours à Lyon, photographiant les vestiges de l’époque gallo-romaine et les splendeurs de la Renaissance qui s’expriment toujours au cœur du Vieux quartier. Je me perds volontiers dans les passages secrets où les couloirs voûtés d’ogives et les cours intérieures relient immeubles et rues. J’y entends encore les intrigues fomentées jadis par quelques opposants ou quelques rivaux résonner sur les pierres pluriséculaires. Hurlements des premiers chrétiens persécutés dans l’amphithéâtre, révoltes des Canuts sur les hauteurs de la Croix-Rousse, bombardements alliés et avancées de mitrailleurs sénégalais… chaque place, chaque édifice, chaque chimère, dragon, phénix et autre griffon me sussure à l’oreille les légendes et les histoires qui ont marqué la vie et peuplé les phantasmes des Lyonnais…
Les contestations au nom de la liberté - esprit révolutionnaire des Français - se sont manifestées davantage ici qu’ailleurs. Ce sont probablement ces idées libertaires qu’il vous faut évoquer à vos interlocuteurs américains pour décrire notre patrie.
Miss you.
28 juillet - 09h45
Chère Jeane,
Dernière journée avant que je ne participe à la grande transhumance estivale : demain matin je quitterai Lyon pour Lille. Le moment de retrouver mes addictions chronophages telles que l'Internet, par exemple, est venu. Peut-être aurais-je dû vous accompagner aux Etats-Unis pour vous observer supportant la misère du monde tout en taguant murs et voitures ? Peut-être aurais-je appris un peu plus de vous ? Car j’ignore autant de vous que vous de moi. Néanmoins, vous disposez de mon site pour me découvrir…
N'imaginez pas que je vous oublie. Je m'interroge sur l'histoire de votre patronyme, sur votre réelle activité professionnelle, sur vous-même... Je crois que, finalement, vous en savez plus sur moi que moi sur vous !
29 juillet - 14h28
Ma lointaine amie,
Je me languis de votre silence.
Me voici à Lille. Ciel couvert. Température fraîche. Le retour dans la région n'est jamais agréable. En me laissant porté par l'escalator qui mène au métro Lille Europe, j'ai provoqué une tempête de soupirs ! Et la nonchalance (d'un retour au bercail), bordel !
Je me languis de votre absence.
Vous avez été si présente ces derniers jours qu'il me semble avoir séjourné à Lyon en votre compagnie.
Le retour à Lille s'est effectué sans le moindre échange entre vous et moi. C'est probablement pourquoi il m'a paru si pénible.
J'attends de vos nouvelles avec impatience.
05 août - 09h23
Très chère Jeane,
Quelle surprise de vous lire ce matin !
C'est vous qui m'avez réveillé. La journée sera donc la vôtre. Je ne penserai qu'à vous. Je ne veux que vous aujourd'hui. Vous serez mon envie, mon désir, ma passion, mon obsession. Je vous chercherai dans le jardin, dans la rue, dans le ciel. Je ne lirai que votre prénom dans les lézardes des murs, sur les écorces des arbres, dans l'éffilochement des nuages qui reviennent d'Amérique pour mourir sous le soleil de votre journée.
Vous serez partout. En moi. Autour de moi.
Le monde d'aujourd'hui sera à votre image.
La Terre poursuivra sa course me tournant la tête.
Il n'y aura pas de pensées plus agréables que vos mots. Aucun son ne pourra être plus doux que celui de votre prénom ce jour.
Vous m'avez réveillé ; je vivrai donc pour vous. Je vous accorderai tout jusqu'à ce que la nuit me prenne et vous efface dans mon sommeil.
Je vous désire dès maintenant. Vous m'offrez ce jour ; je vous enlève égoïstement. Vous serez mienne aussi longtemps qu'il faut à ce papillon qui vient de se poser devant moi pour découvrir le monde.
Je vous aimerai bien plus que ces amants qui s'embrassent éternellement dans les vers de Ronsard et de Brel, de Verlaine et de Brassens. Je n'aimerai que vous ce matin, ce midi, ce soir. Vous m'accompagnerez toute la journée. Je ne regarderai que votre visage.
La journée commence...
Réveillez-moi encore. Demain et les autres matins que vous voudrez.
Réveillez-moi toujours si vous le voulez. Réveillez-moi une fois encore car le monde nous appartient.
05 août - 10h15
Chère Jeane,
Je dispose du loisir de ne penser qu'à vous aujourd'hui.
Je me pâme là où votre image s'est gravée. J'aime vous aimer cet instant et le suivant qui attend.
Avant de vous perdre cette nuit, je parlerai de vous aux voisins, aux passants non pressés, à ces gens sur le banc, fatigués d'avoir trop marché.
Je prends le temps.
Je ne donne aucun sens à ce que je fais, la journée durant.
Je suis votre fou du moment.
10h11. Il y a encore tant de temps pour ne songer qu'à vous ! A vous seulement.
Déraisonnable que je suis ! Dans mon attitude. Dans mes propos. Grâce à vous.
C'est une belle journée que ce 05 août 20**. Elle est ensoleillée. Elle est de vous.
06 août - 09h12
Bonjour ma Belle américaine,
Je suis ravi de vous retrouver ce matin... Prendrons-nous le petit déjeuner ensemble ?
Ne lisez, de grâce, aucune poésie dans ma prose. Notre correspondance est une expérience unique pour moi. Peut-être y voyez-vous un jeu ? Malheureusement, je suis peu joueur ou mauvais joueur. Si je vous accorde autant de temps, si j'attends vos réponses avec une telle impatience, c'est tout simplement parce que j'aime vous lire.
Ne cherchez aucune image dans mon courrier. Les mots s'y placent naturellement. Ils sont à la hauteur des vôtres. Ils définissent ce que je vis, ce que je ressens, ce que je suis lorsque je termine une de vos lettres. Je ne déclare rien sur ces pages et ne souhaite rien en retour, à l'exception, évidemment, de la description de vos pérégrinations. Je vous rends compte de ce que vous m'offrez, de ce que vous m'apportez ces derniers jours lorsque la journée commence. Notre échange m'importe, me réconforte. J'ignore tout de vous. Cependant, j'aime vous imaginer. Que vous le consentiez ou non, vous êtes mon aventurière de l'autre bout du monde. J'ose même vous annoncer que vous me manquez, une fois votre message lu. Je pense à vous en me levant. Je pense à vous lorsque je me perds à observer un détail. Je pense à vous lorsque je visionne The Bad Lieutenant : port of call New Orleans... Vous êtes chaque jour toujours plus présente dans mon esprit, vous mon aventurière fantôme.
06 août - 12h53
Je vous rejoins enfin, Jeane.
Plusieurs rendez-vous m'ont contraint de vous abandonner ce matin...
Mes doigts courent à présent sur le clavier pour vous retrouver et inscrire mon état d'âme. Il y a tant de folie dans cette urgence à vous écrire ! Tout, d'ailleurs, devient affolement ces derniers jours. Et vous seule êtes responsable de mon agitation. Vous êtes l'importance, l'ordre d'un été insensé. Au cœur de mes pensées, vous régnez sans partage, ni condition. Je vous laisse m'envahir sans vous combattre car rien ne me semble en ce moment plus agréable que de vous savoir transgresser les frontières de mon esprit, les limites de ma raison. J'ai renoncé à me défendre, non par faiblesse, mais par démence. Oui, je suis fou de m'entretenir avec vous.
Voyez maintenant ce qui nous oppose : tandis que j'illumine vos nuits, vous me rendez le jour sérieusement sot. Vous m'avez conduit vers un ailleurs ubuesque dans lequel les sens perdent leur aptitude à s'orienter d'eux-mêmes. Rien n'est déplaisant ici ; tout est simplement différent.
Ne souhaitiez-vous pas ma capitulation ?
En déposant à vos pieds mes armes, je mesure la démesure des éléments qui nous entourent. Lorsque j'ai traversé la rue qui me séparait du lieu de mon rendez-vous, je me suis rappelé que les rayons du soleil m'éblouissant en l'instant vous caressaient hier encore par delà la mer océane. L'automobiliste qui klaxonna mon imprudence ne pouvait ignorer ma folie.
Je voudrais vous conter davantage mes bêtises pour que vous effaciez l'image du chevalier que je ne suis. Jugez-moi aussi schnock que Schrek si vous tenez toujours à me connaître.
07 août - 18h25
Quel est donc cet étrange besoin de m'adresser sans cesse à vous ? Pourquoi me fascinez-vous tant ? M'auriez-vous ensorcelé ?
Je suis inquiet pour votre main. Depuis ce matin, votre souffrance me tourmente comme si elle était mienne. De manière suspecte, la douleur de mon poignet droit s'est réveillée. Elle est redevenue vive. Heureusement que – comme vous – je suis gaucher : elle ne me handicape qu'à moitié. Cette fracture qui m'incommode depuis un mois semble aujourd'hui le rappel de votre blessure.
Pourquoi m'écrivez-vous ? Que ressentez-vous lorsque vous me témoignez chaque jour votre vécu ? Pourquoi correspondons-nous si régulièrement alors que nous nous ignorons ?
Ces questions me taraudent l'esprit et demeurent sans réponse. Pire encore, elles me conduisent à d'autres interrogations, telle une mise en abyme de l'abîme. Croyez-vous que l'on puisse aimer ce que l'on ne connaît pas ? Quoiqu'il en soit, je n'ignore aucunement le plaisir de vous lire. Chacune de vos lettres m'affecte toujours plus profondément. Elles supportent vos doutes et vos espoirs, vos colères et vos joies. Elles sont tout ce que je désire de vous.
Je me perds à présent à vous imaginer dans Manhattan où les vitres des buildings jouent à se renvoyer indéfiniment votre silhouette au gré de votre déambulation. D'un pas décidé, vous descendez la 5th Avenue qui vous mène là où les briques rouges ne pourront refléter votre image. Vous flânez à présent, d'une bouquinerie à une autre... Mon âme pourrait presque vous frôler. Vous le savez, vous le sentez. Mais vous préférez fuir encore et vous arrêter dans une galerie de Soho que je n'arrive pas à reconnaître. Je vous cherche désespérément alors que c'est devant le Guggenheim Museum que vous souriez... avant de disparaître à nouveau.
10 août - 08h47
Hi honey,
Il me faut vous entretenir de quelques bizarreries qui me rapprochent de vous ces derniers jours. Outre la blessure commune à la main droite, je reste stupéfait par certains détails qui ponctuent notre existence et notre personnalité respectives. Je vais vous expliquer cela au travers d'exemples.
J'ai éprouvé hier en début d'après-midi, contrairement à mes habitudes et sans la moindre raison, l'envie de me goinfrer de crème glacée. Avec le décalage horaire, vous m'apprenez, quelques heures plus tard, que vous aussi fûtes victime de la même gourmandise à Manhattan. Ce matin, en lisant votre dernier message, je découvre que votre entourage vous affuble du même surnom – « la pile » - que celui que m'attribuent les élèves. Sans vouloir sombrer dans l'ésotérisme, une multitude de petits riens m'amène à penser que l'on peut dans certaines circonstances connaître l'inconnu. C'est pourquoi vous me semblez parfois moins étrangère.... Et puis, il y a toutes ces pensées, ces désirs qui m'obligent à n'avoir que vous à l'esprit... Je m'endors avec votre image et me réveille en vous cherchant dans la messagerie. La journée ne peut se dérouler sans vous avoir écrit un mot. Je crois que vous êtes bien plus qu'une amie virtuelle, même si la réalité nous tient à distance.
Profitez du Guggenheim Museum.
11 août - 13h21
Bonjour ma Belle émerveillée,
Puisque vous avez choisi de me surnommer Gemini ce jour, je vous confierai en toute honnêteté que votre sensibilité artistique est un signe supplémentaire de notre gémellité. La modalisation que vous employez dans vos énoncés et l'emphase avec laquelle vous m'informez de vos découvertes américaines me rappellent ce reproche qu'une proche me fit un jour : « un rien t'émerveille, tel un gosse ! ». Il faut vous dire, mon âme sœur, que frissonner devant les fresques de Sainte-Sophie, demeurer aphone devant Les Demoiselles d'Avignon (j'ai moi-même séjourné à New York en août 20**) ou encore pleurer devant une toile de Mondrian, doit agacer qui n'entend et ne voit rien ! Continuez donc de vous exclamer à la vue des collections de ces grandes « cathédrales d'art » outre-Atlantique et des graffs d'un A-One ou d'un Jonone car personne ne saura mieux vous comprendre que moi.
Plus qu'affectueusement,
M.
13 août - 11h33
Mon amie,
Apprenez d'emblée que ma verve n'est que l'écho de ma personnalité ; elle est vraie, sincère et engagée. Je vous assure que vous y décelez ce qui n'a pas lieu d'être. Au diable la ritournelle, et la berceuse !
Mon érudition - si elle existe - n'est que le fruit d'un travail passionnant et passionné. Ne me reprochez pas, non plus, de donner aux autres ce que vous leur offrez. Et, je m'en voudrai presque de vous plaire.
Cessez également de vous chercher un prétexte à ce que nous consommons depuis plusieurs jours. Comment voulez-vous que je puisse ne pas vous apprécier ? Un seul mot de vous suffirait pourtant pour que je ne vous importune plus ; prononcez-le !
Pour répondre à votre inquiétude ophtalmologique, je suis dépourvu de paupières suffisamment grandes pour couvrir mes yeux gris-vert. Lisez bêtement mon origine ukrainienne : j'ai l'habitude !
14 août - 12h45
Jeane,
Je ne sais où vous êtes actuellement. Dans le ciel, probablemement. Vos messages et votre sensibilité m'ont affecté depuis l'origine. Je ne peux vous écrire que ce que vous savez déjà. Je pense à vous tout en pérorant vainement devant un parterre d'ignares.
Ne rejetez pas ce que je vis grâce à vous.
Je vous l'ai dit et espère que vous l'entendrez encore mille fois au moins cette nuit.
MG - 25 juin 2012.
Lire aussi :
- Un ange blonde - Chapitre 2 : Le temps des confidences ;
- Un ange blonde - Chapitre 3 : Le temps des décisions.