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Un ange blonde - chapitre 3

Publié le par MG

Chapitre 3

Le temps des décisions

 

 

18 septembre - 23h14

Ma femme a(i)mante,

2010.09.19 RONCHIN 999Je crois toujours que la passion est tout autant souffrance que plaisir, puisqu'elle est – contredisez-moi s'il le faut - ce fragile équilibre entre ce qui attise la frustration et ce qui assouvit, momentanément, l'envie. L'on pourrait me reprocher de vivre passionnément quand mon humeur ne penche du côté de celui qui m'entend comme il est possible que l'on me disgrâce bientôt si mon regard ne s'oriente vers l'autre bord. J'entends déjà la foule masculine piailler leur médisance aux jeunes femmes en collerette et les poules picorer la semence dans un autre champ. Or, "il n'y a que les passions et les grandes passions qui puissent élever l'âme aux grandes choses. » (D Diderot) M'entendez-vous, ma chère, rien ne sera plus sublime que ce que nos âmes ressentent désormais. Et, l'on conviendra – vous comme moi – de ne déranger que peu aux coutumes de chacun si l'on nous laisse la vie pour nous embrasser.

Ne croyez-vous pas que l'avertissement d'autrui étouffe la passion ? Ecoutez-vous les conseils de celles et ceux qui ne voient que ce que leurs échecs racontent ? Il ne demeure d'obstacle entre vous et moi que ce que nous déciderons d'entreprendre. Voyez maintenant en moi l'excellence de ce que je dessine pour nous. Contemplez l'arbre devant vous qui chaque jour s'atrophie de ses feuilles ; il renaîtra avec nous.

Votre M.

 

 

20 septembre - 21h52

Ma femme,

J'ose vous crier que vous me manquez terriblement ce soir.

Votre amour me manque.

Votre folie me fait défaut.

Ma mère, qui m'aide ce soir, m'a confié ce que je redoutais. Rappelez-vous mes ennuis de santé ! Si ma mère a raison, je comprends pourquoi mon corps souffre sans révéler la moindre infection.

Je vous aime plus que vous ne l'imaginez.

 

20 septembre - 23h34

Mon amour,

Pas d'appel, pas de message ; dois-je m'inquiéter ?

Vous m'avez surpris ce jour. Plus que vous ne le pensez.

Je vous aime ; je parle de plus en plus de vous à ceux qui veulent m'écouter (eh, oui, je m'expose grâce à vous ; grande nouveauté).

M.

 

 

22 septembre - 13h12

Re-bonjour Jeane,

Je ne t'oublie pas ; je ne disposais d'aucun moment ce matin pour t'envoyer un message. Je me rattrape donc maintenant. Je me précipite pour t'écrire mon amour sous ce beau soleil de septembre. Loin d'être pâle finalement ce mois de rentrée !

Passe une bonne journée, chaude et halée.

M.

 

 

23 septembre - 19h51

Oui Jeane, soumets-toi à tous mes caprices !

Je détiens presque toutes les photos de ton profil sur Rs. Mais, par curiosité - pour mieux t'observer - tu peux m'envoyer celle que tu viens de placer aujourd'hui !

Je te baise... la main.

 

 

26 septembre - 20h47

Bonsoir Jeane,

Quel était le problème avec F******* ?

As-tu passé un agréable week-end ?

Moi, j'ai bossé comme un fou. J'ai rendu visite à mon frère aujourd'hui. Et, le pire : de nouvelles fuites dans ma cuisine. J'ai fait venir l'ouvrier ce matin pour qu'il se rende compte du problème. Il reviendra demain pour refaire les travaux. J'ai hâte que cette putain d'année 20** se termine.

 

 

30 septembre - 03h33

Je me suis réveillé subitement. J'en profite donc pour te saluer avant que tu ne me harcèles au téléphone.

Tu délires quand même gravement ! Je ne t'en veux pas même si j'ai quelques difficulté pour te comprendre. Normalement, les gens dorment la nuit !

 

30 septembre - 06h08

Peu importe ce que tu penses de moi. Et mes enfants font partie heureusement de cette masse qui dort la nuit. Je sais que tu n'as aucune limite... que tu serais capable de téléphoner indéfiniment la nuit. Et c'est ce qui m'inquiète le plus.

 

 

02 octobre - 21h09

J'ai lu et relu le texte de P****. Il est magnifique.

Je vis chaque instant avec ton image et ta voix presqu'enfantine rythme le moindre de mes silences. Je sais que je t'aime. Comme je sais que chacune de tes paroles me réconforte et m'irrite à la fois. Les choses auraient dû être autrement entre nous.

Je ne parviens plus à contrôler mon corps. Il est transpercé de toutes parts.

Je n'ai peur que de souffrir.

M.

 

 

04 octobre - 20h33

Certains mots touchent ; certaines attitudes émeuvent.

Ta lettre me comble. Comme souvent, d'ailleurs.

Ton attention me bouleverse.

Je t'aime.

 

04 octobre - 23h27

Jeane-chérie,

Passe une agréable nuit.

La mienne sera - je le sais d'avance - apaisée par ton amour.

 

 

06 octobre - 13h58

Majeane,

Je suis très excité à l'idée de nous rencontrer.

Ne manque dans ton message prévoyant qu'une seule information : quelle est la gare d'arrivée ? Lille Flandres ou Lille Europe ?

M.

 

06 octobre - 18h06

Ma femme confidente,

Songez un instant à ce qui nous attend. A ce qui va nous surprendre.

N'entendez-vous pas ce silence qui suspend le temps ?

Les aiguilles trottent sans trébucher. Sans fendre la durée.

Avez-vous déjà observé le vol piqué d'un aigle ?

Le rapport espace-temps se mesure au sifflement des ailes du rapace qui cisaille l'air.

 

Vous serez seule. Dans un hall de gare parmi une foule fatiguée, empressée de se reposer.

Vous serez seule. Dans la nuit. Dans la foule.

Vous serez seule face à vous-même. Dans un hall de gare, la nuit.

Solitaire, à la recherche d'un regard.

On ne peut ne pas voir ceux qui cherchent. Ceux qui se cherchent.

Ils portent en eux une part qui manque. Ils ne sont jamais attentifs à l'attention qu'on leur porte.

Ils avancent. Presque prestement. Sans autre certitude que celle d'aboutir à leur voyage.

 

Vous serez seule.

Des escalators pour vous desservir. Pour vous précipiter dans l'inaction.

Vous serez seule. Avec vos désirs d'être désirée.

Vous serez seule en dépit de vôtre prestance.

C'est à cela que je vous remarquerai.

 

Il est venu le temps des retrouvailles.

Il a germé dans notre correspondance.

Il est marqué dans nos soucis, dans nos batailles.

Il est confirmation de ce que l'on s'est dit et écrit.

Il arrive. Il sera visible. Du moins, il existera.

 

Nous nous verrons.

Etranges.

Etrangers.

Nous nous reconnaîtrons, tourmentés et ignorants.

Nous serons enfin avant même que le temps nous dévore.


Décidément vôtre,

M.

 

06 octobre - 21h58

Mon amour,

Je n'ai réceptionné pour le moment aucune photo. Et ne pense pas que la technologie nous sépare ou s'oppose à notre union !

Cesse également de t'interroger : je suis très sensible à ta douceur, à ton soutien quotidien, à tes déclarations et, bientôt, à ton cul.

Tu me plaîs tant que je n'arrive même pas à te concevoir comme une femme réelle. A cet instant, tu restes mon idéal.

Et l'intensité de notre amour, Jeane, me rend fragile, vulnérable au point d'en trembler, d'en pleurer.

Fidèlement,

M.

 

 

07 octobre - 18h59

Ma douce femme,

C'est plutôt moi qui vous remercie de m'aimer autant. Car vous faites de moi un nouvel homme. Le vôtre qui se projette déjà dans l'avenir. Dans notre avenir.

Je vous aime avec conviction.

Je vous aime pour toujours. Je le sens en moi. Vous êtes en moi. Restez-y !

 

 

08 octobre - 13h37

Ma Demoiselle,

Il n'est nulle hypocrisie en moi lorsque je relis vos billets ou lorsque mon coeur s'agite à l'idée de nous rencontrer. Nulle trahison ne m'occupe les jours de mélancolie durant lesquels je rêve agréablement de vous et soupire de ne pas vous avoir déjà vue. En ce jour si singulier, je ne saurai même vous dire avec exactitude si je ressens plus de joie que de douleur à vous attendre car mon corps et mon esprit se soumettent à toutes les paroles, les regards, les attentions et les actions que vous déploierez dans les heures qui viennent. Je soutiens donc qu'il ne peut exister plus d'obéissance et de tendresse à vous écrire et à vous dire la passion que vous m'inspirez.

Votre impatient,

M.

 

08 octobre - 17h10

Je t'aime, Jeane.

Je t'aime.

Je ne parviens plus à t'écrire autre chose que ces trois mots : je t'aime.

 

 

 

 

 

 

Pâle septembre,

comme il est loin,

le temps du ciel sans cendres

il serait temps de s'entendre

sur le nombre de joursqui

jonchent le sol

d'octobre


Mâle si tendre

au début de novembre

devint sourd aux avances de l'amour

mais quel mal me prit

de m'éprendre de lui ?


Sale décembre

comme il est lourd le ciel

sais-tu que les statues de sel

ont cessé de t'attendre ?


Pâle septembre

Entends-tu le glas que je sonne ?

 

Je t'aime toujours d'amour

je sème l'amour

 

Les saisons passent mais de grâce

faisons semblant qu'elles nous ressemblent

 

Mais qui est cet homme qui tombe de la tour ?

Mais qui est cet homme qui tombe des cieux ?

Mais qui est cet homme qui tombe amoureux ?

 

Pâle septembre,

comme il est loin,

le temps du ciel sans cendres

il serait temps de s'entendre

 

 

Pâle septembre

Auteur et interprète : Camille

 

 

 

MG - 26 juin 2012.

 

 

Lire aussi :

 -  Un ange blonde - Chapitre 1 : Le temps de la découverte ;

-  Un ange blonde - Chapitre 2 : Le temps des confidences.

 

 


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