L’Anichois Henri Dupas retrace l’invraisemblable histoire de la cense d’Azincourt

Accolée à une motte féodale inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis le 6 décembre 1978, la cense délabrée du village disparu d’Azincourt continue d’interroger celles et ceux qui entrent par le Nord-Est dans la commune d’Emerchicourt (59192) et de passionner les amateurs d’histoire tel Henri Dupas. Ingénieur diplômé du Conservatoire national des Arts et Métiers de Valenciennes devenu chef de production chez Prysmian Group - usine de Douvrin de fabrication de fibre optique -, Henri a mis à profit le temps disponible qui lui revenait pour combler tant notre curiosité que notre inquiétude face à cette impressionnante bâtisse historique laissée à l’abandon.

Accueilli au début de l’année 2018 au sein de la Société d’Histoire Locale d’Emerchicourt (SHLE), Henri cherche à remuer le passé pour mieux comprendre les fermes des alentours. Très vite, il se montre intéressé tant par l’historique que le devenir de la cense d’Azincourt que beaucoup nomment encore la ferme Loquet, dernier propriétaire fermier. Durant trois ans, il mène seul un travail de fond, compilant et recoupant les archives locales, les témoignages et documents de la descendance d’Alfred Locquet (1889-1976) et les visites de cimetières.

Aujourd’hui, les recherches de l'ex-secrétaire de la SHLE et vice-président du Centre de Mémoire de la Verrerie d’En Haut à Aniche (59580) se finalisent par la publication d’une brochure de 120 pages haut en couleur qui dresse de manière chronologique l’histoire d’un monument d’architecture sur une haute terre foulée par des seigneurs et des censiers, des comtes et des marquis, des curés et des chevaliers. « Sur ce site », précise à juste titre Régis Roussel maire d’Emerchicourt, « six siècles nous contemplent. »

Si l’on apprend qu’une grange construite au XVe siècle serait le point de départ de la ferme d’Azincourt, la première mention nominative de l’existence d’une censière - Jeanne Parent - en cet endroit remonte au 28 mai 1688. Une autre date s’inscrira, cette fois, sur le pigeonnier dressé au-dessus du porche d’entrée : 1726. L’exploitation agricole successive par les familles Hayez, Hary, Locquet et Van de Weghe autour de cette large et longue bâtisse érigée sur une butte sableuse qui, jadis dominait les vallées de la Scarpe, de l’Escaut et de la Sensée, cesse entre 1967 et 1970.

Au fil des pages, nous allons de découverte en découverte, de surprise en surprise. A titre d’exemple, nous retiendrons qu’Usinor (Union Sidérurgique du Nord et de l’Est de la France) fut, de 1948 à 1966, propriétaire de la ferme d’Azincourt avant que le cultivateur Etienne Van de Weghe ne la rachète. A sa mort, Marie-Alice Bougaut acquiert la maison d’habitation, l’écurie, la remise la grange, le hangar et les terres pour en faire un centre équestre appelé Le Haras d’Azincourt, Après le décès de Mme Bougaut, le site restera inoccupé durant plusieurs années.

Devenu pôle d’insertion sociale et professionnelle de 1997 à 2002, l’endroit est racheté par la CCED (Communauté de Communes de l’Est du Douaisis) qui mènera des études en vue de mettre en œuvre un projet de valorisation touristique et culturelle du site. La CCCO (Commnauté de Communes Coeur d’Ostrevent) prend vainement le relais. A partir de 2009, la ferme d’Azincourt est menacée de destruction. Depuis, les inquiétudes et les alertes lancées ne trouvent aucune écoute, ni compréhension auprès des élus tandis que la toiture de l’édifice s’écroule devant les pinceaux et les appareils photo des habitants du voisinage.

A destination d’un large public, l’ouvrage d’Henri Dupas séduira par sa mise en page soignée et colorée, ses nombreuses et inédites illustrations et son lexique. Les historiens et professeurs d’histoire, plus attentifs à la démarche menée, salueront la structure de l’écrit, la richesse documentaire, la mention des sources et le lexique proposé (p. 111). « Un de mes oncles a travaillé en ce lieu mais ne disposant d’aucune preuve, je ne l’évoque pas », précise l’auteur soucieux de l'authenticité et de la véracité des dires et des documents textuels ou visuels.

Texte & photos : MG sauf mention contraire

Pour toute information complémentaire, veuillez vous adresser à :

- Ambroise DUFOUR (Président de la SHLE) - 06 86 95 59 15 - ambroise.dufour@orange.fr

- Henri DUPAS (Secrétaire de la SHLE) - 07 68 77 17 27 - henri.dupas@wanadoo.fr