Ecaillon et son sympathique petit marché du vendredi après-midi

La crise sanitaire, que nous traversons depuis plus d’un an, bouscule nos habitudes de consommation et nos pratiques alimentaires. Ne nous préoccupons-nous pas, plus que jamais, de la santé, du bien-être et du naturel ? Ne cherchons-nous pas à redonner du sens à notre alimentation ? N’essayons-nous pas, au travers de nos achats, de réduire notre impact sur l’environnement et la société ? Indéniablement, la pandémie virale nous conduit à privilégier les circuits courts, à nous diriger vers les commerces de proximité, à nous rendre sur les marchés.

Sensible à cette remise en cause de la société de consommation et soucieux du cadre de vie de ses administrés, l’équipe municipale de Georges Cino a souhaité faire renaître, à l’automne dernier, un petit marché disparu depuis 2015 au coeur du village. « Tout a commencé avec la fromagère originaire de Rieulay Florence Creux et le traiteur-rôtisseur anichois Christophe Salah », confie le premier magistrat d’Ecaillon (59185) « Puis, de relation en relation, sont arrivés le boucher-charcutier-traiteur montignanais Dany, le pizzaïolo en food truck Benito’s Pizzacotta, l’entreprise familiale de torréfaction maison et de confiseries artisanales Les Cafés Amandinois, le couple Piedanna avec leurs savons traditionnels et d’antan de chez Marius Fabre… Aujourd’hui, douze commerçants locaux ambulants sont régulièrement présents le vendredi après-midi sur la place du 8-Mai-1945. »

Le succès de cette manifestation commerciale locale s’explique aisément : dans la cité de Fraisinou, on y vient avant que le week-end ne commence pour faire ses emplettes, certes, mais aussi pour prendre le temps de découvrir la gastronomie, la culture et l’ambiance locales. Les badauds se mêlent alors aux habitants du village. Les gens échangent avec les marchands toujours prêts à titiller leurs papilles ou à leur faire (re)découvrir l’authentique et l’essentiel ! A l’heure où les petits commerces sédentaires peinent à rivaliser avec les mastodontes de la distribution industrielle, le commerce ambulant séduit et attire à nouveau.

« Nul doute de rappeler l’importance de consommer des produits locaux ou de saine fabrication française, notre petit marché offre cette opportunité de repérer la qualité sans chercher à nuire aux primeurs de notre localité », rappelle le maire. « Nous ne cherchons pas à faire grand. La place du 8-Mai-1945 ne saurait d’ailleurs contenir un vaste marché. Et puis, les gens doivent pouvoir stationner leur véhicule avec facilité en cet endroit. Nous sommes également vigilants à ce qu’il n’y ait aucune concurrence malsaine entre les commerçants exposant. Nous ne placerons donc jamais deux bouchers ou deux fromagers sur la place. Nous réfléchissons à une configuration qui permettrait de voir se développer un marché avec 15 stands différents au maximum », précise l’adjoint Roméo D'Addario.

Le beau petit marché d’Ecaillon du vendredi après-midi devient l’incontournable rendez-vous des consomm’acteurs en Coeur d’Ostrevent. En cinq mois, il est parvenu à fidéliser une clientèle intéressée par le savoir-faire des producteurs et des vendeurs. Les produits de spécialités italiennes de la boutique Nonna Domenica des Auberchicourtois Lucynda Briez et Anthony Dufour ou les Rock’n’Soup du couple lewardois Nadège Sioniak et Sébastien Debruille séduisent les amateurs d’originalité et d’authenticité. Entre l’étal de légumes issus d’une agriculture raisonnée tenu par l’épouse de l’horticulteur écaillonnais Nicolas Crinquette à celui des plats mijotés du Chef Christophe.s en passant par le stand textile dressé par la famille anichoise Adamo, les gens perçoivent également la bonne entente qui lie les exposants.

Conformément au souhait initial de la municipalité, le petit marché hebdomadaire de la place du 8-Mai-1945 trouve maintenant une configuration qui devrait garantir la pérennité de l’événement. Au coeur d’un carré que dessinent les éventaires, les rencontres se multiplient et des personnalités surgissent. Le rockeur-producteur de soupes artisanales Sébastien Debruille est, avant tout, un accordeur de piano réputé, le cultivateur de lentilles et de pois chiches bio des fameux Tontons bineurs d’Erchin, Jean-Louis Proust, se montre attentif aux produits vendus dans le village et les correspondant de presse (Serge Ottaviani pour L'Observateur du Douaisis) et animatrice de radio (Ophélie Verse Vandesompele pour Radio Club 105.7 FM) n’hésitent pas à mener leurs entrevues… par-dessus le marché !

Au même titre que le marché mensuel aux accents divers Ch’ti et bio, paysan, artisanal et solidaire de l’ex-cité minière de Lewarde, la très prometteuse réussite du récent petit marché d’Ecaillon suscite déjà l’admiration des élus des communes avoisinantes qui songent à copier l’idée. Si ce village de 1950 âmes se distinguait déjà au sein de la Communauté de Communes Coeur d’Ostrevent par la célèbre Fête estivale de la Fraise avec des spécialités comme glace, gâteaux, bière et même pâté à la fraise et par l’implantation du restaurant gastronomique L’Auberge des Maraîchons de Sofian Belarbi, le marché carré à côté duquel on joue à la pétanque témoigne d’une volonté municipale de développer l’économie locale. Et l’attractivité d’Ecaillon sera plus grande encore lorsqu’un véritable poissonnier y dressera son étal.

Texte et photos : MG – janvier, février, mars 2021.