Royal Electric : une ambiance vintage et contrastée

Découvert le 8 avril 2017 sur la scène de la MJC / Espace Hélios de Lambres-lez-Douai, le groupe valenciennois Royal Electric nous plonge d'emblée dans une ambiance vintage, à la fois feutrée et contrastée que les fans du spectaculaire, du démonstratif et du superficiel ne pourront pas comprendre. Ici point de « m'as-tu-vu » utile aux artistes en mal de reconnaissance, ni de rythmes formatés nécessaires à la construction de tubes d'un été. Au contraire, la sobriété et le lyrisme du groupe nous entraînent hors du temps et des modes.

Ce vendredi soir du 21 avril dans l'immense bar-brasserie de Valenciennes « Le Tandem », le concert commence comme sur la scène de la MJC de Lambres, avec l'apparition de Jérôme Fressancourt au clavier d'un Rhodes. Assis sous une lumière tamisée et face au micro, l'auteur-compositeur interprète La Vanité des Esthètes dont la douceur musicale et l'évocation du Carpe Diem ouvrent l'espace à la poésie sur laquelle reposent les sonorités de l'univers de Royal Electric. Sa prosodie, tantôt déchire la mélodie organique, tantôt se laisse emportée par l'harmonie sensuelle et enivrante du piano électrique, de la guitare, de la basse et de la batterie.

Sur un rythme groovy, sa voix « doucement rageuse » prend aux tripes. Elle porte l'héritage de la chanson française, non celle, avariée de la variété proposée - ou imposée ? - par Obispo ou Calogero mais celle des incontournables Reggiani, Barbara, Brassens et Brel. De Tes riens à Sept kilomètres au-dessus de la lune en passant par Ariane, Sépia, Saint-Leu, etc... c'est une douzaine de compositions originales qui transportent le public à la manière d'un Gérard Manset, humble et profond, chantre de la vie ordinaire sublimée par le texte et d'un monde qui ne tourne pas toujours rond. Au-delà des souvenirs d'enfance, de l'expérience personnelle retranscrits métaphoriquement, Jérôme, citoyen concerné, aborde aussi dans Ne lâche pas l'os, l'histoire et les oscillations de la vie politique.

Cette « set list » dans laquelle seule la chanson Les Murs a été magnifiquement écrite par Sébastien Ducoin, trouve pleine résonance dans les accords des musiciens : Cédric à la basse, Emmanuel à la guitare, Lionel à la batterie et David au clavier. Leur personnalité respective permet ce subtil mélange entre une écriture empreinte de références classiques et une musicalité « pop rock seventies » d'outre-manche. On saluera également les jeux de scène – Pierre Geloen et Alex Prince aux lumières ; Anthony Morel et Micha Mainguy pour la régie son – qui confèrent à l'interprétation une profondeur à la fois lancinante et nerveuse, une ambiance clair-obscure.

Les récentes prestations feutrées et traînantes, spleenétiques et néanmoins virulentes dans leur contenu, sans bavardage mais à la tonalité ad hoc pour marquer les contradictions qui nous animent, de ce jeune groupe sont plus que prometteuses. Avant que Jérôme, les musiciens et les techniciens ne s'enferment dans un studio pour confectionner leur premier opus, nous les retrouverons avec une émotion plus grande encore le 10 juin 2017 à Mortagne-du-Nord (59158) pour un "moment intimiste", assure-t-on. Mais là, secret oblige, il nous faudra patienter.

Texte et photos : MG - 22 avril 2017.

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