Un Réseau d'Echanges Réciproques de Savoirs se développe au cœur du village de Marcq-en-Ostrevent

Créée le 25 juin 2014 et présidée par Nathalie Prévost, l'association (loi 1901) « Je sais faire ; tous porteurs de savoirs » a pour objectif de faire naître du lien social et de rompre l’isolement des personnes par le biais d’ateliers culturels et de loisirs. Sise 6 rue Maginot, elle s'appuie sur la charte des Réseaux d'Echanges Réciproques de Savoirs (RERS), groupes d'éducation populaire constitués de citoyen(ne)s sans distinction d'âge, de conviction politique ou religieuse, ni d'origine culturelle ou sociale.

Une assemblée ordinaire de gens extraordinaires

C'est à son domicile que Nathalie Prévost a présidé, ce 17 juin 2017, l'assemblée générale annuelle de cette association. Les adhérents, « résoteurs », partenaires et/ou soutenant le RERS réunis ce samedi matin ont commencé par écouter le voisin en vue de le présenter devant le groupe pendant que Nathalie inscrivait les éléments les plus caractéristiques de l'identité des Marcquois Jérémy le paysagiste musicien, Joël l'agent de service hospitalier et trésorier de l'asso, Laurent le technicien respiratoire et ancien pompier de Paris, des Anichois Christelle employée du CCAS et « résoteuse » du Rers d'Auberchicourt, de Nat Li et MG provocateurs d'idées et d'actions sur le territoire d'Ostrevent, de la Somainoise Karine, de la cambrésienne Camille, de l'Haméloise Fabienne, du Montignarais Marc, de l'Hornaingeoise Jeannine, de l'Erroise Annie, de l'Arleusienne Dorothée, de l'Auberchicourtois Jean Pierre... etc.

Tout en dressant le rapport des activités menées durant l'année scolaire 2016-2017 (26 ateliers, 14 rencontres et 6 évènements dont la première édition du "Printemps des Savoirs" au cœur du village de Marcq-en-Ostrevent), Nathalie Prévost a écouté et retenu les propos de chacun afin de répondre aux interrogations et d'élargir les perspectives à venir. Le fondement même de cet engagement local consiste à équilibrer les « offres et les demandes » de savoirs, selon une réciprocité ouverte et à géométrie variable, sans la moindre hiérarchisation, ni contrepartie financière.

« L'expérience de chacun est le trésor de tous », scande Nathalie Prévost, à la manière de Gérard de Nerval pour justifier et susciter l'intérêt du plus grand nombre. En effet, le RERS, large mouvement d'éducation populaire et permanent, fonctionne au-delà de toute frontière urbaine ou rurale et entremêle toutes les classes sociales selon les attentes, les demandes et les offres. A l'instar de celui-ci, le jeune réseau local s'appuie donc sur trois axes : les échanges de savoirs réciproques, les formations et les actions collectives. A ce jour, l'association regroupe 150 membres dont une trentaine se côtoient régulièrement depuis trois ans.

Nathalie Prévost, pédagogue enjouée, a aussi souhaité rappeler l'historique du RERS dont l'initiative revient à Claire et Marc Héber–Suffrin dans les années 1970. La philosophie découlant d'expériences scolaires est simple : la transmission de savoirs ne peut qu'encourager chaque regard, chaque dialogue, chaque échange. La prise de conscience des capacités conduit à la réussite puisqu'elle permet de gagner en confiance, de faire montre de curiosité et, par conséquent, de s'ouvrir au monde qui nous entoure.

Il ne peut donc y avoir de réciprocité sans liberté. Tous les sujets et tous les supports sont les prétextes et les moyens de mener à bon escient une aventure humaine au travers d'une vie réenchantée grâce à l'expérimentation populaire partagée.

Solidarité et « révolution potagère »

La coopération est une force pour découvrir, expérimenter et apprendre. En partageant nos savoirs, savoir-faire et savoir-être, l'on trace des sentiers – et des chantiers - identitaires aboutissant à des créations collectives conséquentes. L'association accueille ainsi la pluralité, la diversité au travers de dons de livres, d'objets, de vêtements, de semis et de semences. Ici, l'on fait comme on veut, comme on peut.

Depuis ce printemps 2017, quelques familles arrivent les matins du week-end pour écouter et suivre les propos du maitre jardinier, Thibault Veniez de la Ferme Des Loups située à Crèvecooeur-sur-l'Escaut dans le Cambrésis. Au loin, dans ce jardin citoyen, sa belle compagne Camille travaille en silence la terre selon des principes ancestraux et des pratiques traditionnelles telles la permaculture, le bio-intensif et l'agroécologie. Car, telle est l'alternative pour garantir demain des produits sains et frais.

Progressivement, chacun vaque allègrement, en toute liberté, dans un jardin partagé en construction et ouvert à tous. Sur cette terre locale, la redistribution demeure la principale préoccupation. A titre d'exemple, l'on retiendra la date du 10 juin 2017 : bénévoles et donateurs de l'association vivaient un grand moment de partage paysan et de surprise en fêtant comme une grande famille le ferait, le troisième anniversaire d'un certain Zacharie tout en repartant avec boutures d'origan, fraises fraîchement cueillies, etc...

Des ateliers d'échanges de savoirs hebdomadaires

Régulièrement, Nathalie Prévost invite des volontaires pour animer des ateliers de nature différente (faire travailler et jouer avec sa mémoire, décoration sur verre, etc.). Retenons, par exemple, celui du 4 août 2017 dirigé par Fabienne Depinoy et consacré au « bien-être par les plantes et la respiration ». Venue de Hamel, cette conseillère en clientèle chez Akeo - vivre autrement, a commencé par quelques exercices respiratoires avant de définir la phytothérapie.

Prenons un autre exemple d'atelier. Dans le cadre des 34e Journées européennes du Patrimoine, le RERS « Tous porteurs de savoirs » a organisé le matin du 17 septembre un rallye photos ouvert à tous dans le village de Marcq-en-Ostrevent. Les participants ont alors décidé de choisir librement leur angle de vue.

C'est en compagnie de mon nouvel et jeune ami, Maël (10 ans), que j'ai arpenté les rues et les sentiers agricoles boueux pour immortaliser certains détails ou certains endroits. Si le temps était de notre côté, la chose n'en fut pas moins facile. En effet, les rayons rasant d'un soleil pré-automnal représentaient une contrainte non négligeable. Cela dit, l'exercice et les échanges de points de vue furent enrichissant tant pour Maël que pour moi. Tous deux souhaitions capturer les éléments du passé tout en soulignant l'aspect rural de Marcq-en-Ostrevent. Cette belle démarche se finalisera par la mise en œuvre d'une exposition au siège du réseau (6, rue Maginot).

Une nouvelle force humaine, social et terrienne se développe ainsi à Marcq-en-Ostrevent et ses environs ; une réalité écocitoyenne germe déjà pour nous tous près de chez nous. Il est certain qu'au pays des « corbeaux », l'humanité est en train de renouer avec l'Eden. Entre les coquelicots et gerberas, un petit monde paysan exploite la terre avec respect, patience et intelligence. Tandis que les enfants jouent, courent et rient, les adultes deviennent de sages apprenants dans cette école à ciel ouvert. C'est pourquoi, l'audacieuse initiative de Nathalie Prévost ne peut être qu'encourager pour son autonomie, sa volonté de développer en dehors de toute démarche politique, un tissu social, citoyen, responsable et soucieux de préserver l'environnement.

Texte et photos : MG. Juin, juillet et août 2017.

Page Facebook : https://www.facebook.com/groups/RERSJeSaisFaire/