La collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles
L’agglomération nivelloise s’est développée dans une cuvette arrosée par la Thines, autour de l’abbaye fondée en 645 par Itte Idoberge (592-652), épouse de Pépin l’Ancien (580-640), maire du Palais d’Austrasie et ancêtre de Charles Martel, de Pépin le Bref et de Charlemagne. Leur fille, Sainte Gertrude (626-659) en fut la première abbesse. A l’aube de la christianisation de la contrée, cette institution abritant un ordre double dirigée par une femme - fait rare en Europe - devint impériale sous Charlemagne et fera partie plus tard d’un chemin menant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Supprimée à la Révolution française, ne subsistent aujourd’hui de cet ensemble architectural que la collégiale romane (XIe siècle), le sous-sol archéologique, la crypte, le cloître (XIIIe siècle), l’avant-corps et le trésor du VIIe au XIIIe siècle.
En visitant la collégiale Sainte-Gertrude, on peut y voir, de la première église mérovingienne (746) à l’état actuel, 1250 ans d’architecture. Edifiée dans le style ottonien - style des grands monuments impériaux -, roman primitif pour la construction du XIe siècle et roman tardif pour l’avant-corps (bloc de façade datant de la fin du XIIe siècle), l’église repose sur un plan de tradition carolingienne avec deux transepts et deux choeurs opposés. Dans l’avant-corps, on dénombre huit coupoles, ce qui démontre le côté impérial de cette collégiale de Belgique consacrée en 1046 par Henri III dit le Noir (1017-1056), empereur du Saint-Empire romain germanique et par Wazon (980-1048), prince-évêque de Liège.
Vues extérieures de la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles.
L'intérieur de la collégiale est de dimensions impressionnantes : plus de 100 mètres de long, plus de 44 mètres de large au transept oriental et 20 mètres de hauteur de plafond dans la nef centrale. La campagne de restauration récente lui a restitué une sobriété remarquable : plafond en bois dans la nef centrale, pierres apparentes, décoration limitée et vitraux modernes. Seules les pièces principales du mobilier de la collégiale accumulées au fil du temps ont trouvé place dans l'édifice restauré. Parmi celles-ci, plusieurs chef-d'œuvre du sculpteur Laurent Delvaux (1695-1778) et en particulier deux chaires de vérité, de magnifiques stalles datant de la Renaissance, le char qui depuis le XVe siècle est destiné à porter la châsse de Sainte Gertrude, une vierge polychrome de la même époque.
Vues intérieures de la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles.
Le cloître de la collégiale SainteGertrude de Nivelles. Seule la galerie nord date de l'époque romane (fin XIIe et XIIIe siècle) ; les autres parties ont restaurées au milieu du XIXe siècle.
Sa crypte-halle romane (1100) de pèlerinage est l’une des plus vastes de la région. Elle se compose de trois nefs d'égale hauteur voûtées d'arêtes, divisées en six travées par des colonnes octogonales en pierre bleue et deux piliers. La nef centrale est prolongée par une petite abside à l'est. Le sous-sol archéologique aménagé sous la nef principale de la collégiale permet de découvrir les ruines des cinq églises successives qui, du VIIe au Xe siècle, ont précédé l'église romane. La première église mérovingienne (vers 650) abrite les caveaux funéraires de la première communauté religieuse de l'abbaye de Nivelles. La dernière église carolingienne (Xe siècle) contient la tombe de la princesse Ermentrude, petite-fille de Hugues Capet décédée à l’âge de deux ans, et celle d’Himiltrude, concubine ou première femme de Charlemagne à qui elle donna un fils, Pépin le Bossu. Les aménagements successifs s'expliquent par le développement du culte de Sainte-Gertrude et l'affluence croissante des pèlerins sur sa tombe. Ce sous-sol abrite également quelques objets exhumés lors des fouilles entreprises entre 1941 et 1952.
MG - Texte : 18 août 2019 ; photos : 14 août 2019.
La crypte-halle de la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles.
Le sous-sol archéologique de la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles.