Le sommeil de la Demoiselle de Liège
Dans l'Athènes du Nord, tel un lion de Dieu, dormait enfin notre Demoiselle.
Des berges de la Meuse jusque dans les marges d'un retable du Maître de Flémalle, on rapporte qu'elle avait pour habitude de travailler près de la fenêtre en tenant à la main une de ses spartiates à talon au dessus du perron de sa demeure. Quand elle s'assoupissait, et que la chaussure tombait, elle était aussitôt réveillée.
L'anecdote est douteuse : on imagine mal cette fille de l'Eglise romaine poussant l'ascèse jusqu'à se priver de sommeil. Légende ou non, elle rappelle cependant que dans la Cité ardente, la fatigue survient aussi comme une force que la Demoiselle ne maîtrisait pas. La jeune Lidje songeait donc que le sommeil n'était qu'un embarras, une entrave à ses activités volontaires, un état délétère.
De l'époque des troubles du grand Charles le Roi à l'ère de la lumière des Frères des Ardennes, depuis les fonts baptimaux de Saint-Barthélemy jusqu'au Signal de Botrange, on prétend que depuis ce vieux temps, "on ne donne plus de concert sans que la musique vallonne". Aujourd'hui encore, les cent clochers de la Cité rythment le sommeil de la Demoiselle et poussent le moindre chat au silence dans toute la Province.
Texte et dessin : MG, à Marie la Liégeoise - 27 mars 2009.