Française, femme et artiste à la fin du XVIIIe siècle
Cette fiche relative à l'enseignement de l'histoire des arts en lycée professionnel s'appuie sur des oeuvres du musée des Beaux-Arts d'Arras.
Rappels : "C'est durant les quinze dernières années de l'Ancien Régime que la France va connaître un véritable démarrage de la peinture des femmes particulièrement visible à travers l'émergence des premiers autoportraits de femmes peintres à leur travail. (...) La génération des femmes artistes qui entre en scène à partir des années 1780 est particulièrement douée. (...) Un événement a sans doute été déterminant dans le déploiement de ce qu'il faut bien qualifier d'âge d'or de la peinture des femmes, c'est l'admission d'Elisabeth Vigée-Le Brun et Adélaïde Labille-Guiard à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1783, admission qui leur donne une légitimité incontestable et le moyen d'imposer une autre image des femmes dans la Cité. Fortes de ces deux modèles identitaires féminins les artistes vont impulser un véritable mouvement d'émancipation des femmes dans l'art que l'on observe particulièrement bien à travers leur intérêt pour l'autoportrait en train de peindre. Entre 1770 (date du premier autoportrait de Marie-Suzanne Giroust) et 1804 (date de la promulgation du Code Civil napoléonien qui scelle l'exclusion des femmes du droit de Cité et donc d'un statut professionnel digne de ce nom), plus de soixante autoportraits ou portraits de femmes peintres à leur travail seront montrés au public des Salons. C'est dire l'importance du sujet, qui fait écho d'ailleurs à l'augmentation de la participation des femmes aux Salons révolutionnaires. Une telle évolution ne se réalise pas d'un coup de baguette magique. Il a fallu que les femmes étudient dans des ateliers privés, qu'elles désirent en faire leur métier, qu'elles en aient la possibilité à la fois psychologique, économique et politique. Mais il a fallu aussi instaurer de nouveaux rapports entre l'art et le politique afin d'asseoir une légitimité artistique féminine toujours menacée par les aléas de leur statut dans la Cité." (Marie-Jo Bonnet, "De l'ombre aux lumières" in 1789-1799 : combats de femmes - La Révolution exclut les citoyennes, dirigé par Evelyne Morin-Rotureau, Autrement, 2003)
MG - 02 juin 2010.
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