L'ultime hommage

L'organiste écrasa ses doigts  sur le clavier pour donner plus de profondeur encore à la Missa pro defunctis. Puis le silence s'imposa. Le prêtre me fit alors signe de me lever et d'avancer afin de prendre la parole. Je m'approchai du pupître, tins plusieurs secondes la contenance avant de lire ce contenu :

- "Dzadza... Sébastien, Cédric, Ludovic, Virginie, Stéphane, Dorothée, Salomé et moi - tes petits-enfants -, souhaitons en ce lieu solennel exprimer notre gratitude et te rendre un ultime hommage.

• Un hommage, d'abord, à l'homme de tous les combats sur tous les fronts qui, sans répit, a su faire face aux aléas de la vie. Malgré la faim, les guerres, l'émigration, la fatigue causée par l'acharnement au travail dans les veines souterraines de la mine, jamais tu n'as baissé les bras pour défendre tes droits et ceux de ta femme. Et, c'est ce courage qui a fait ta force et ta notoriété.
• Un hommage aussi au chef de famille qui, sans relâche, a su donner les conseils de circonstance. Chacune de tes paroles nous a été précieuse, chacune de tes décisions a renforcé les liens de notre famille. Et, c'est pourquoi nous apprécions maintenant les choses à leur juste valeur.
• Un hommage enfin et surtout au grand-père dont la générosité, l'affection et l'infini dévouement nous ont aidé à grandir, à mûrir. Aujourd'hui, nous te devons l'amour de l'autre, une religion, une culture, une langue.

Mais tu sais tout cela, Dzadza. Tu peux donc partir l'esprit tranquille. C'est à nous, à présent, de poursuivre tes efforts, de persévérer sur la route que tu as tracée. Aujourd'hui, encore plus qu'hier, nous saurons porter ton nom avec dignité.

Dzadza, kochamy çie. Tesknimy za toba. Nigdy o ciebie nie zapomnimy. Na razie.

Texte et photo : MG - 07 septembre 1996.