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Le Louvre à Lens : mine de rien !

Publié le par MG

2013.01.02 LENS 4

Volonté politique de décentralisation et de démocratisation culturelles, l'implantation du Louvre à Lens relève tant d'un défi que d'une opportunité pour un territoire marqué par une difficile reconversion industrielle et sociale.

 

Le 29 novembre 2004, Renaud Donnedieu de Vabres, alors ministre de la Culture et de la Communication, jette son dévolu sur Lens et le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le site retenu convainc à plus d'un titre : une vingtaine d'hectares disponibles proche de la gare et au coeur d'une agglomération dense, un paysage n'accusant aucune contrainte pour accueillir des bâtiments résolument contemporains, une situation de carrefour entre Paris, Bruxelles et Londres, un carreau de mine fermé en 1960 et un champs de bataille de la Première Guerre mondiale !

 

Territoire émergent depuis la Coupe du Monde de football de 1998 – le Stade Bollaert fut le terrain de plusieurs matches -, lieu touristique de mémoire avec Notre-Dame-de-Lorette et le Mémorial canadien à Vimy, « Pays d'art et d'histoire » en 2008, patrimoine mondial de l'UNESCO classé en qualité de « paysage culturel évolutif et vivant » en 2012, le bassin lensois attend à présent du Louvre qu'il lui offre une meilleure visibilité dans l'espace français et transfrontalier. Après Lille 2004, Lens doit dès 2013 apparaître comme un pôle culturel incontournable.

 

Déjà, les aménagements urbanistiques entrepris telle la restructuration de quartiers avec nouveaux commerces et hôtels et la création de plusieurs centaines d'emplois depuis l'ouverture du chantier ont transformé l'image de la ville et du territoire régional. Sur le marché de l'immobilier, Lens s'affiche en notation valorisante et rassurante pour ses habitants. A l'instar de la Tate Britain à Liverpool et du musée Guggenheim à Bilbao, le Louvre-Lens représente incontestablement un levier économique et urbain dans une région qui a connu l'hémorragie des emplois industriels et de la mine.

 

Conforté par un réseau d'une quarantaine de musées et par des pratiques festives locales (carnavals, kermesses, ducasses, géants...), le Louvre-Lens devient le nouvel acteur du maillage culturel du Nord-Pas-de-Calais. Si la zone de chalandise est internationale (Grande-Bretagne, Bénélux), l'accueil des publics de proximité peu familiers des institutions muséales reste prioritaire. En faisant de l'hospitalité une composante de son identité, le Louvre-Lens accorde une attention particulière aux habitants des corons avoisinants et de la région porteurs du projet, qu'ils soient novices ou amateurs en matière d'art.

 

Néanmoins, il ne s'agit pas d'un petit Louvre provincial mais d'un « autre Louvre ». L'architecture, elle-même, conçue par l'agence japonaise SANAA se dessine en complète rupture avec le modèle palatial parisien. Immatérielle et fluide, lumineuse et minimale, elle se compose de quatre rectangles et d'un grand carré aux parois incurvées de faible hauteur et transparents qui ne dénaturent le paysage enveloppant ni ne séparent l'intérieur de l'extérieur. Car l'ensemble a pour vocation de conserver et de transmettre la mémoire d'un lieu chargé d'histoire.

 

Du point de vue muséographique, le parti pris conduit à confronter les oeuvres phares d'une même période mais relevant de techniques ou de civilisations différentes. La Galerie du Temps, par exemple, accueille de manière chronologique et continue, sous une lumière naturelle, 205 chefs-d'oeuvre de l'humanité issus des collections du Louvre qui offrent les repères essentiels d'une histoire de la figure humaine. Et comme le public s'interroge toujours sur ce qui se passe en coulisses, les réserves visibles depuis une mezzanine vitrée et visitables en groupe dévoilent les états et les méthodes de conservation d'oeuvres sélectionnées.

 

2013.01.02 LENS 99994

Expositions thématiques permanentes et temporaires de haut niveau – la première est consacrée à la Renaissance -, mode de présentation transversale des oeuvres et médiation humaine, monstration des espaces secrets, auditorium, médiathèque, ateliers d'initiation et de restauration... aucun musée ne donne autant l'envie de comprendre et de se familiariser avec l'histoire de l'art. Ouvert sur son environnement, reflet de l'identité locale forgée par 250 ans d'extraction houillière et pétrie des valeurs de travail et de solidarité, cet « autre Louvre » s'annonce comme le nouveau « faire »... de Lens !

 

Texte et photos : MG - 04 décembre 2012. Article paru dans le Magazine des Arts n°5, trimestriel février/mars/avril 2013, Lafont presse. Illustrations : Louvre-Lens, 02 janvier 2013.

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N
<br /> Évènement important pour les passionnés d'Art.<br /> <br /> <br /> C'est un bel article !<br />
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