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La folle histoire du cinéma d'Aniche

Publié le par MG

Roger Facon & Serge Ottaviani, "La Fantastique aventure de l'Idéal Cinéma - mémoire ouvrière et alchimie à Aniche", préface de Valérie Bonneton, collection Cinémania, Abysses Editions, 2015.Roger Facon & Serge Ottaviani, "La Fantastique aventure de l'Idéal Cinéma - mémoire ouvrière et alchimie à Aniche", préface de Valérie Bonneton, collection Cinémania, Abysses Editions, 2015.

Roger Facon & Serge Ottaviani, "La Fantastique aventure de l'Idéal Cinéma - mémoire ouvrière et alchimie à Aniche", préface de Valérie Bonneton, collection Cinémania, Abysses Editions, 2015.

Le livre est un objet que j'aime posséder. Je le conserve d'abord longuement entre les mains tout en humant l'odeur du papier neuf sur lequel s'est figée l'encre. Celui-ci est le premier des Editions Abysses et contient des images. Je traîne alors encore un peu avant de lire. Je regarde les reproductions : je rêve. Les photos plaisent tant que je cherche leur provenance. Malheureusement, il n'y a pas de crédit photographique, pas plus de bibliographie sur laquelle s'appuie cette Fantastique aventure de l'Idéal cinéma d'Aniche. Les auteurs, Roger Facon et Serge Ottaviani, ne sont pas des historiens purs et durs. La lecture de l'oeuvre m'apprendra qu'ils sont plutôt des fabricants d'histoires, des alchimistes de mots.

Dès les premières lignes, je reste méfiant. L'aventure de ce cinéma commence par un Belge ! Sans blague ? Mais rapidement le ton s'impose et l'accent varie entre la narration de faits réels et l'évocation d'épisodes surnaturels, entre le déroulement d'événements historiques et la naissance de légendes urbaines, entre le rappel de la formation d'une conscience de classe et la mention des élucubrations d'êtres inconscients. Tout est bon à prendre quand il s'agit de retracer l'histoire d'un bâtiment diffuseur de rêves.

Les symboles de la nuit des temps issus de l'astrologie, de la divination, de l'alchimie et les expériences du somnambulisme, du spiritisme ou du magnétisme se mêlent aux idéaux de la Sociale, aux valeurs syndicales et aux principes communistes. Aux secrets bien gardés des sociétés pluriséculaires s'oppose la volonté de révéler la véritable nature des hommes. Aussi, les auteurs ne manquent pas de souligner la pénibilité du travail des enfants, des mineurs et des verriers face aux pouvoirs de l'Eglise, du patronat, des gouvernements successifs. Et de ces enchevêtrements de corps et d'idées émerge la folle histoire du cinéma anichois. L'imaginaire se construit ainsi sur une toile soci(al)o-politique.

L'aventure est récitée comme elle s'est vécue : à vive allure ! Au pas de course. A force d'ellipses et d'analepses, l'on se remémore les avancées et les régressions sociales, politiques, techniques... Tantôt à Aniche, Paris, Marseille, tantôt à la cour des Romanov puis au Kremlin. L'histoire locale finit par se confondre avec celle internationale. Pourtant, les auteurs n'ont travaillé que sur un temps court de l'Histoire, celle du cinématographe. Et la prosodie qui résonne de l'alternance de phrases complexes et de phrases nominales syncope ce récit à la manière d'un film qui ne contiendrait pas encore 24 images par seconde.

Dans cet ouvrage qui pose sans la moindre pause les jalons de la création et de la vie du cinéma d'Aniche, il est difficile de distinguer ce qui relève du vrai et du faux. Pouvons-nous croire un instant que Lénine ait suggéré le nom « L'Idéal » au plus vieux cinéma ouvrier du monde ? Le « Dimanche rouge » du 22 janvier 1905 résulte-il du conseil formulé par le fantôme d'Alexandre III ? Les légendes sont précieuses tant pour Serge Ottaviani que pour Roger Facon. Le premier nourrit ses articles sur Wikipédia de sources qu'il crée lui-même : les péripéties de Napoléon et le passage de Van Gogh à Aniche qu'il diffuse dans l'encyclopédie du net trouveront donc leurs justifications dans ce roman à caractère historique. Le second préfère romancer l'histoire de ses ascendants que sont l'alchimiste Léon Patin et la médium Alphonsine Thomassin.

En définitive, peu importe car ce que je viens de lire reste un beau film qui retrace en l'occasion les 110 ans de L'Idéal Cinéma d'Aniche !

 

MG – 27 novembre 2015.

 

Lire Bernard Salengrois : L'Idéal Cinéma d'Aniche, haut lieu de loisirs, de culture et de syndicalisme.

D'autres articles sur l'histoire d'Aniche vous attendent sur ce blog.

Séances de dédicaces au café Le Berrnonville à Auberchicourt et au Palais de la Bière à Aniche à l'occasion de la parution du livre "La fantastique aventure de l'Idéal Cinéma" (Abysses Editions) - Photos : MG, 20 novembre 2015.
Séances de dédicaces au café Le Berrnonville à Auberchicourt et au Palais de la Bière à Aniche à l'occasion de la parution du livre "La fantastique aventure de l'Idéal Cinéma" (Abysses Editions) - Photos : MG, 20 novembre 2015.

Séances de dédicaces au café Le Berrnonville à Auberchicourt et au Palais de la Bière à Aniche à l'occasion de la parution du livre "La fantastique aventure de l'Idéal Cinéma" (Abysses Editions) - Photos : MG, 20 novembre 2015.

Les Editions Abysses au Salon du Livre, Somain - Photos : MG, 28 novembre 2015.
Les Editions Abysses au Salon du Livre, Somain - Photos : MG, 28 novembre 2015.

Les Editions Abysses au Salon du Livre, Somain - Photos : MG, 28 novembre 2015.

Caveau de Léon Patin et d'Alphonsine Thomassin, cimetière du centre, Aniche - Photos : 28 décembre 2015.
Caveau de Léon Patin et d'Alphonsine Thomassin, cimetière du centre, Aniche - Photos : 28 décembre 2015.

Caveau de Léon Patin et d'Alphonsine Thomassin, cimetière du centre, Aniche - Photos : 28 décembre 2015.

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M
Il vaudrait mieux parler d'ascendants que de descendants.
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