On ne murmurera plus à l'oreille des chevaux à Aniche !
« C'est avec regret que nous quittons Aniche. Il me plaisait de vivre et de faire vivre une activité entre Auberchicourt et Somain. J'aime bien ce coin. Et puis nous avions une bon attache avec l'OMS [Office municipal des sports]. Mais la situation est devenue impossible ; les conditions ne nous permettent plus de rester ici... Nous partons donc à Saint-Aubert. » confie Philippe Laloux, propriétaire des écuries de l'Aurny.
Implanté en 2008 face à l'ancien abattoir municipal de la rue Gaspart à Aniche et ouvert aux publics depuis 2012, ce centre équestre compte une cinquantaine de licenciés provenant d'Aniche bien sûr mais surtout de Douai, de Haspres, de Guesnain, de Masny, de Fenain... Bien que fonctionnant avec le bouche à oreilles, les demandes d'adhésion affluent en si grand nombre que le responsable songe très vite à développer sa structure. Sa fille et unique salariée, Aurore, sait transmettre sa passion pour l'équitation aux jeunes et aux adultes. Aussi, à cinq minutes à pied du centre ville, on se précipite pour mumurer à l'oreille des trente chevaux et poneys qui attendent sagement dans leur boxe, au milieu des poules et des chèvres. En plus des tarifs attractifs, le centre met à disposition des cavaliers l'équipement nécessaire pour monter.
Conscient de l'importance d'un manège et de l'opportunité à saisir avec le terrain situé en face des écuries pour un meilleur fonctionnement des activités proposées, Philippe Laloux contracte avec Michel Meurdesoif, maire d'Aniche jusqu'en 2014, un accord porteur d'espoir : conserver le champ qui sert de carrière en contrepartie de son entretien. Le changement de municipalité ne nuira nullement à cette entente. Néanmoins, l'évaluation (220000 euros) de cet espace constructible de 7000 m2 appartenant à la commune compromet tout projet permettant la création de nouveaux boxes et le transfert du club. A cette somme s'ajoutent 600 000 euros de travaux et les onéreuses taxes foncières et locales. « Ca coince évidemment. La loi ne permet pas de transformer ce terrain constructible en un espace agricole », reconnaît M. Laloux.
Les écuries anichoises de L'Aurny fermeront donc leurs portes le 31 octobre 2016 pour les rouvrir le lendemain dans l'arrondissement de Cambrai, à Saint-Aubert plus précisément. « Là, il me sera possible de construire deux manèges, une cinquantaine de boxes, d'aménager une carrière et surtout de créer deux embauches ! J'accueillerai environ 250 personnes et recevrai une trentaine de chevaux en pension contre six actuellement », affirme Philippe. Une chose est sûre : 95 % des actuels licenciés sportifs sont déjà prêts à se déplacer à Saint-Aubert pour suivre les leçons dispensées par Aurore.
Il n'empêche qu'une solution était envisageable. Encore, fallait-il comprendre l'intérêt que représente un tel centre d'activité tant pour le rayonnement de la commune que pour la jeunesse. En fait, le glas avait déjà sonné cet été. Contrairement à l'habitude, aucun groupe d'enfants du centre aéré d'Aniche ne s'est rendu sur ce lieu. Pourrait-on encore être surpris par l'omission du premier magistrat de la commune de proposer à M. Laloux un bail emphytéotique conférant ainsi au preneur un droit réel sur le terrain convoité, à charge évidemment pour ce dernier de payer un loyer ?
En définitive, les écuries de l'Aurny organiseront quand même ce dimanche 18 septembre 2016 la Fête du cheval sur le thème des « pays du monde ». De 14 à 18 heures paraderont des carrousels irlandais, espagnol, brésilien, polonais et texan entrecoupés par un baptême de poney et une « battle » de pays. « Cet événement a été conçu comme une répétition avant l'inauguration de notre futur centre équestre à Saint-Aubert », tient à préciser Philippe Laloux. L'on regrette déjà le proche départ de ce club sportif pleinement intégré dans le paysage anichois.
Texte et photos : MG, 14 septembre 2016. A Nadège Ruol et Maïlys Pouille.