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Defmo redéfinit l'image de la ville d'Aniche

Publié le par MG

Defmo scrutant les limites de la place Jean-Jaurès à Aniche - Photo : 9 novembre 2017.

Defmo scrutant les limites de la place Jean-Jaurès à Aniche - Photo : 9 novembre 2017.

L'image est une création pure de l'esprit. Elle ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique.

Pierre Reverdy, Nord-sud, 1918.

Si le street art (art urbain) s'est institutionnalisé en s'accrochant sur les cimaises des galeries et des musées tout en se vendant aux enchères, il n'en demeure pas moins vivant et vibrant au travers des moyens technologiques de communication. Virtuel certes, il revêt une forme subversive nouvelle pour représenter ce qu'on ne veut plus ou ne voudrait pas.

 

Mohamed Kloucha, alias Defmo, appartient à cette jeune génération qui use de peu de moyens pour mettre en image nos pensées, nos aspirations, nos rêves comme nos cauchemars. Découverts par le groupe Facebook « Aniche & ses alentours culturels », ses supports visuels accèdent, depuis quelques jours seulement, au rang d'icônes oniriques d'une urbanité sclérosée, dysfonctionnelle et de plus en plus asociale.

 

« C'est parti d'un délire : donner un masque et des couleurs à la ville d'Aniche. Le paysage urbain est devenu triste. Ici, tout a changé. Il n'y a plus la même ambiance qu'avant. Les sourires ont disparu aussi vite que les commerces », justifie Defmo. Aussi, l'autodidacte propose via les réseaux sociaux « des images autres que ce que les gens ont l'habitude de voir » : éléphant sur pignon d'immeuble locatif, géant sorti de terre soulevant la pyramide emblématique du monde verrier d'Aniche, grand'place affaissée laissant apparaître le meilleur comme le pire, tigre s'échappant d'un arrêt de bus, Gollum fracassant le mur de l'Idéal Cinéma, langue de caméléon capturant un caddie sur le parking de Carrefour-Contact...

Defmo devant L'Idéal Cinéma Jacques-Tati d'Aniche - Photo : 9 novembre 2017.

Defmo devant L'Idéal Cinéma Jacques-Tati d'Aniche - Photo : 9 novembre 2017.

Sensible à la ségrégation spatiale qui divise les habitants au sein de sa commune, aux décisions politiques locales employant l'argent public pour mettre en œuvre des lieux devenant non publics, à l'intoxication imposée par la société de surconsommation, à l'absence de politique culturelle municipale favorable à l'expression de la jeunesse, Defmo illustre virtuellement, à l'aide de son téléphone portable et de quelques applications téléchargées, la Cité qui l'a vu grandir et qu'il ne reconnaît plus. Agissant spontanément sur la représentation de son espace vécu, il espère voir avec le temps les habitants agir pour mieux vivre ensemble.

 

Influencé par Dali et Warhol pour composer sa surréalité, Defmo évoque aussi le travail photographique et pédagogique de Yann Arthus-Bertrand quand il parle de ses artworks : « les gens ne se rendent plus compte que polluer la planète, c'est détruire toute vie sur Terre. Aujourd'hui, nous mangeons pollué. Les animaux sont engraissés pour satisfaire nos envies. L'homme est le pire ennemi de la Terre », précise l'artiste en vue de cristalliser par association d'images empreintes de la réalité et extraites d'applications infographiques une société traversant la pire mutation.

 

Citant Paul Klee - « L'art est à l'image de la création. C'est un symbole, tout comme le monde terrestre est un symbole du cosmos. » -, Defmo, contraction de « Tu défonces tout, Momo », recentre la réflexion sur l'esthétique de ses détournements d'images. Fidèle à lui-même, à ses préoccupations existentielles et à son observation quotidienne d'une cité devenue dortoir, il vient de mettre en œuvre sur le net ce que Pierre Restany qualifie de « recyclage poétique du réel urbain ».

 

Soucieux d'élargir son champ visuel, Defmo s'attaquera prochainement à la sur-représentation de certains lieux d'Auberchicourt (mairie, terrain de boules...) et de Somain (ponts, gare...) et souhaite créer un calendrier à partir de ses détournements visuels ainsi qu'une association en vue de sensibiliser les jeunes à leur environnement tout en leur permettant d'utiliser à bon escient leur téléphone portable. Ainsi, l'image de l'ancienne capitale française du verre n'a pas fini de faire parler d'elle !

 

Textes et photos (sauf mention contraire) : MG – 9 novembre 2017.

Defmo dans le centre d'Aniche - Photos : 9 novembre 2017.Defmo dans le centre d'Aniche - Photos : 9 novembre 2017.

Defmo dans le centre d'Aniche - Photos : 9 novembre 2017.

Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.
Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.

Defmo, "D'Tournement d'images", octobre-novembre 2017.

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L
Mosaiste des 4A
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