Camille Corot, La Route de Sin-le-Noble
Camille Corot, "La Route de Sin-le-Noble, près de Douai" dit aussi "La Route de Douai à Sin-le-Noble", juillet 1873, huile sur toile, 60 x 81 cm, musée du Louvre, Paris.
Chaque été de 1871 à 1874, Camille Corot (1796-1875) se rend aux abords du village de Sin-le-Noble pour peindre d'après motif le paysage de tourbières qui s'ouvre à l'est de Douai. Là, les saules pleurent tandis que les ormes se dressent entre les cultures maraîchères qui alimentent tout le Douaisis. Corot représente aussi un pré devant ce village dont la datation demeure toujours incertaine.
Camille Corot, "Un pré aux abords d'un village (Sin-le-Noble)", 1865 ou 1871-1873 ?, huile sur toile, 23,2 x 33,1 cm, musée des Beaux-Arts, Lyon.
Mais l'oeuvre qui nous intéresse est celle intitulée La Route de Sin-le-Noble et conservée au musée du Louvre depuis 1902. Elle est la dernière d'une petite série montrant la rue principale de Sin qui relie Waziers à Douai. Huile sur toile commencée près de Douai, elle est achevée par l'artiste dans son atelier parisien à partir d'une étude qu'il exécuta en 1873 et qui fut récemment l'objet d'une analyse technique très poussée en raison d'un aérostat qu'aurait brossé Corot dans le ciel. Aujourd'hui, les experts sont unanimes : les résultats obtenus écartent définitivement l'esquisse d'un ballon filant dans les nuages peints sur ce petit format.
Camille Corot, "La Route de Sin-le-Noble, près de Douai, étude sur le motif", juillet 1873, huile sur toile, 25 x 32 cm, collection particulière.
Entre le 5 et 15 juillet 1873, Camille Corot séjourne chez ses amis Robaut au 45 rue de Bellain à Douai. C'est donc durant cette période des festivités de Gayant, que l'artiste alors âgé de 77 ans réalise une étude à l'huile sur une toile de 25 x 32 centimètres qui servira à l'élaboration du célèbre tableau du Louvre. Les comparaisons entre la petite peinture de plein-air et la grande toile sont significatives de la conception qu'a Corot de l'art. Si la première reste une réflexion, la seconde se révèle une création destinée à la monstration.
Installé sur le bord de la grand-route menant à Douai face à quelques chaumières et maisons aux toits rouges, Camille Corot semble rendre hommage à son ami Constant Dutilleux (1807-1865) qui avait peint en septembre 1865 les mêmes motifs au même endroit. Chaque matin des premiers jours de juillet 1873, l'artiste retranscrit les éléments baignés dans la lumière claire du Nord. Plus tard, il ajoute au premier plan de la fameuse toile un tronc d'arbre coupé pour équilibrer la composition. Si, en définitive, la technique perd en exactitude, elle gagne en lyrisme. C'est pourquoi, ce paysage sinois évoque davantage qu'il ne décrit.
MG - 30 décembre 2017.
Constant Dutilleux, "La Route de Douai à Sin-le-Noble", septembre 1865, huile sur toile, 26 x 51 cm, collection particulière.
Augustin Boutique, "Marais de Sin-le-Noble", vers 1900, tirage d'après plaque de verre (détail), collection de la phototèque Augustin Boutique-Grard, Douai.
Adolphe Gusman (1821-1905) d'après Camille Corot, "La Route de Sin-le-Noble, près de Douai", gravure sur bois parue dans "Le Monde illustré" du 12 octobre 1878, 36 x 25 cm.
Antonio Georges Lopisgich (1854-1913) d'après Camille Corot, "La Route de Sin-le-Noble, près de Douai", pointe sèche, tirage pour « La Gazette des Beaux-arts » afin d’illustrer un texte de Moreau-Nélaton, le spécialiste de Corot « La Vue de Sin-le-Noble, près Douai, par Corot », pp. 490-493, juin 1903.