Hornaing : les Storms se reforment !

Remontons un tant soit peu le temps pour nous plonger dans une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Une période durant laquelle la jeunesse se donnait réellement en spectacle. Une fin de décennie toujours mitterrandienne au cours de laquelle les fils de prolo travaillaient encore l'été à l'usine tout en rêvant d'un « autre monde où la Terre serait ronde ».

De 1988 à 1992, quatre ados musicos forment à Hornaing un groupe - les Storms -, qui s'inscrira dans les annales de l'établissement scolaire Louis-Pasteur de Somain. L'ère rock est à bout de souffle ; les membres des Storms galvanisent néanmoins avec leurs reprises des seventies et eighties, une jeunesse lycéenne qui considère déjà que l'argent est trop cher et que les prochaines bombes seront humaines. Les Storms trompent la mort. On se déplace alors à pied ou en voiture de collection pour les voir répéter à domicile, à Hornaing, histoire de vivre encore ici et maintenant.

Les Storms se sont distingués au travers de troublantes performances acoustiques et scéniques, notamment au café de la gare de Somain quand tombait le mur de Berlin. Les Storms : des riffs et des rappels. Les Storms, toujours les Storms, rien que les Storms. Après ces moments d'ovations, les membres du groupe évolueront chacun de leur côté, études puis orientation professionnelle y participant plus que largement.

Ce vendredi soir du 8 mars 2019, Sébastien Brogniart (guitare et voix), Christophe Gilot (voix), François Fourment (dernier bassiste arrivé), David Lambert (batteur) et Fabrice Poznic (guitare et chant) nous ont convié dans la salle de l'école de musique d'Hornaing (59171) pour assister en privé à la première répétition du groupe avant une éventuelle tournée. Les Storms se reforment sur leur lieu d'origine dans un local gracieusement prêtée par le maire mélomane et fan des Beatles, Frédéric Delannoy. Durant cette première répét', les Storms rejouent les titres phares de Téléphone et des Rolling Stones. Le rock renaît enfin à Hornaing !

« Lors d'un festival à Erre en octobre 2018, nous avions joué face à un vrai public rock. L'organisation était irréprochable et le public, formidable. Des photos de l'évènement ont été diffusées sur Facebook. On s'était dit si 100 personnes likent, on reforme le groupe. Les gens ont aimé largement la diffusion. Ca nous a donné l'envie de rejouer ensemble », précise le guitariste Sébastien Brogniart. « Et puis, via encore les réseaux sociaux, les gens nous ont montré les autocollants et les T. Shirts à l'effigie du groupe qu'on confectionnait à l'époque - de vrais collectors aujourd'hui ! La motivation devenait toujours plus grande ».

Sébastien Brogniart a aussi joué avec les Serial Killer, groupe punk local des années 1990 au sein duquel il a rencontré François Fourment. Leur amitié, maintenant prolongée, catalyse cet espoir de faire renaître les Storms. « On a gardé une mentalité d'ados même si l'on ne peut plus slamer ni pogoter », précise Seb en riant. « Ce soir, on rejoue tous ensemble, entre potes à Hornaing, pour se faire plaisir. On s'auto-satifactionne pour paraphraser les Rolling Stones », ajoute-t-il. De Trois balles à Jumping Jack Flash en passant par quelques titres majeurs des Who et des Pink Floyd, le rythme s'impose et fait vibrer les murs de la salle de l'école de musique d'Hornaing.

Les Storms amènent leur style, leurs riffs et leur mode de vie. Entre quelques perfectionnements, on trinque et on partage le pain. La communion d'esprit – comprenez, l'échange d'idées – ne peut se faire qu'autour d'une table pleine de victuailles. La Cène avant la scène. Ce soir, première répétition en catimini avant une éventuelle programmation de concerts. On parle de tout sans craindre l'avenir. Pourtant, le vent se lève sous un ciel chargé : Riders on the storms.

Texte et photos, sauf mention contraire : MG, 8 mars 2019.