Bernard Frackowiak : un artiste autodidacte dans la lignée des maîtres flamands

Impressionné par le sens du coloris et la maîtrise technique qui se dégagent des œuvres du Douchynois Bernard Frackowiak présentées le week-end dernier au Salon de la peinture et de l’artisanat d’Auberchicourt, j’ai souhaité rencontrer l’artiste. Malheureusement, Bernard était à Etreux où il exposait aussi dans la salle polyvalente.

Après l’avoir contacté hier soir, il m’a gentiment reçu ce matin chez lui au milieu de ses nombreuses huiles sur toile accrochées sur les murs de son espace de vie, stockées dans une pièce en sous-sol ou encore en cours d’élaboration dans son petit atelier situé dans le prolongement de sa demeure. Sa femme Vivianne, qui l’encourage, le soutient et porte un regard critique sur chaque peinture, a ponctué notre entretien de truculentes anecdotes.

Issu d’une famille de boulanger d’Auby où il est né le 1er février 1945, Bernard Frackowiak se passionne très jeune pour l’art. « A l’école, je passais mon temps à dessiner et à peindre », se remémore l’autodidacte. Devenu routier, il ne reprendra les pinceaux qu’en 1996 pour se consacrer au portrait, au paysage, à la nature morte et aux scènes de genre.

Progressivement, Bernard expose son travail dans les communes du Nord-Pas-de-Calais, puis dans d’autres départements et en Belgique. « Je présente mes tableaux un peu partout, même au Château de Vincennes lors du 23e Salon de Peinture et de Sculpture des Armées du Nord-Est, mais la plus belle occasion qui m’a été offerte fut celle de montrer mes peintures dans le Salon Lucie-Faure de l’Assemblée Nationale à la fin de l’année 2003 », précise le peintre de Douchy-les-Mines.

Depuis, Bernard Frackowiak accumule les prix et les médailles et bénéficie d’une notoriété certaine dans le milieu de l’art. « Les gens apprécient mes peintures, pourtant, je ne sais pas dessiner », dit-il en riant. Quoi qu’il en soit, le réalisme de ses œuvres séduit et se vend aussi bien en France qu’à l’étranger.

De facture léchée et solidement structurées, les peintures de Bernard Frackowiak convoquent la manière des peintres hollandais du Siècle d’or et flamands de la fin du XIXe et début XXe siècle. Les thèmes (nature morte, paysage, scènes de vie quotidienne ou de labeur), le sens du détail et la maîtrise du clair-obscur rappellent, en effet, les rendus d’un Rembrandt et de certains maîtres de la Lys de Flandre-Orientale. On lit aussi au travers de la gamme chromatique limitée aux ocres et de la géométrisation, voire de l’abstraction de certains éléments représentés les possibles influences du traitement de la surface plane par les artistes avant-gardistes du second groupe de Laethem-Saint-Martin.

Outre les surprenants contrastes, l’art de Bernard Frackowiak se révèle à la fois synthétique et réaliste, géométrique et quasi-photographique. S’appuyant souvent sur des images existantes, le peintre ajoute ou supprime certains détails et réagence l’ensemble des éléments en vue de parfaire la composition et d’accuser l’illusion de la profondeur. En ce sens, le petit amateur d’art est désormais considéré maître à chaque fois qu’il donne à voir son talent.

Texte et photos : MG - 4 avril 2022.

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