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Les missions secrètes de Kopierre

Publié le par MG

Roger Consil devant le buste de Kopierre - Photo : 14 avril 2010, Société d'Histoire d'Aniche.

Roger Consil devant le buste de Kopierre - Photo : 14 avril 2010, Société d'Histoire d'Aniche.

Figure pittoresque de la commune d’Aniche (59580), Pierre Alexandre Joseph Consil, dit Kopierre1, fêterait le 25 mai 2020 son 185e anniversaire. Auberchicourtois d’origine, il est entre 1854 et 1859 promu sergent-major tambour major au 38e régiment d’infanterie de ligne. Sous-officier retraité, il est élu le 3 mai 1896 au conseil municipal d’Auberchicourt (59165), réélu le 6 mai 1900 puis le 10 janvier 1904. Au recensement de 1906, il habite seul au 75 rue de Douai avant de finir sa vie à l’hospice de la rue Ducret à Aniche. A cette biographie attestée par les archives s’adjoint la légende lancée par le verrier et poète patoisant Jean-Baptiste Bourlon (1859-1919) dès 1909 et entretenue par l’instituteur et inspecteur auxiliaire de la répression des fraudes Julien Lagrange (1902-1983) dès 1954. Si l’on pensait tout savoir et avoir suffisamment romancé sur l’existence du citoyen le plus fêté d’Aniche, un certain Nicolas Mutte de Sabourg autoproclamé « Prince de Seborga » après son coup d’État numérique en 2016 révèle détenir des manuscrits historiques transmis par son cousin anichois Roger Consil (1914-2010) - « l’historien de la famille Mutte-Consil » -, relatant l’implication de notre Kopierre dans les secrets d’État de Napoléon III.

Avis de décès de Roger Consil paru le 29 décembre 2010.Avis de décès de Roger Consil paru le 29 décembre 2010.

Avis de décès de Roger Consil paru le 29 décembre 2010.

Selon S.A.S. Nicolas 1er, prince souverain de Seborga, ces archives auraient été reçues par ladite famille des mains de l’Empereur le 4 janvier 1866 au Château de Pierrefonds. Si ce putschiste assisté par son frère Martial promu chancelier, est actuellement placé sous contrôle judiciaire pour avoir soutiré des soutiens financiers (environ 130 000 euros) et poursuivi pour escroquerie en bande organisée, fausse monnaie, production de faux documents administratifs, il n’en demeure pas moins que l’impressionnante histoire familiale de Nicolas Mutte de Sabourg lui a permis de revendiquer la couronne de la Principauté de Seborga composée de moins de 350 âmes et située à une cinquantaine de kilomètres de Nice. Depuis 1963, cette commune italienne revendique son indépendance en raison d’une faille juridique remontant au XVIIIe siècle, relative au non-enregistrement au cadastre de sa vente au Duché de Savoie. C’est donc aux pieds des Alpes liguriennes, au coeur même d’une citadelle millénaire offrant une remarquable vue sur les vallées de Sasso et de Borghetto, que se poursuit l’inépuisable légende de Kopierre encore ignorée à ce jour des Anichois et des Auberchicourtois. Conscient de l’impact que cet article laissera dans la presse locale, je me contenterai de retranscrire fidèlement une partie du propos tenu par ce prince aujourd’hui déchu et condamné.

Carrière militaire et unique photo d'Alexandre Consil (avec sa famille) en 1906 - Source : Société d'Histoire d'Aniche.Carrière militaire et unique photo d'Alexandre Consil (avec sa famille) en 1906 - Source : Société d'Histoire d'Aniche.

Carrière militaire et unique photo d'Alexandre Consil (avec sa famille) en 1906 - Source : Société d'Histoire d'Aniche.

« En 1852, Napoléon III est sacré Empereur des Français et engagera par la suite Alexandre-Joseph Consil dans le Corps de la Garde Impériale à l’Élysée, celui-là même qui conseilla l’Empereur de placer un bataillon sous le commandement du Maréchal Patrice de Mac Mahon autour des bornes frontière de la Principauté de Seborga lors des batailles du Risorgimento, garantissant ainsi la Souveraineté du territoire et la sécurité des habitants.

C’est à cette époque qu’Alexandre-Joseph Consil, dit Kopierre, lié familialement à Nicolas Mutte de Sabourg, fut spécialement recruté par Napoléon III comme Tambour Major de sa Garde impériale en raison de sa taille (il mesurait 2,02 m) mais surtout en raison du lien qui les unissait.

C’est pour ce lien que Napoléon III nommera Alexandre-Joseph Consil, dans le Corps de la Garde Impériale de manière officielle, pour ensuite lui confier des missions confidentielles sous couvert du Palais de l’Élysée. Il a pu s’illustrer à maintes reprises, notamment en jouant un rôle essentiel pour l’indépendance de la Principauté de Monaco, en 1861, mais également en protégeant la souveraineté de la Principauté de Seborga, l’intégrité de son territoire et les intérêts des habitants.

En 1860, Napoléon III obtenait l’annexion par la France du Comté de Nice et de la Savoie débutée lors des « Accords de Plombières » pour être conclue par le traité de Turin. Ce traité n’est d’ailleurs toujours pas enregistré à l’ONU, comme il est mentionné au Journal Officiel de la République française en 2010. Néanmoins, dans ce traité, la Principauté de Seborga n’apparaît pas et pour cause, c’est grâce à l’action efficace d’Alexandre-Joseph Consil, que la souveraineté de la Principauté de Seborga sera préservée à une époque où l’Italie était essentiellement composée de Principautés et Royaumes indépendants.

En cette année 1860, Alexandre-Joseph Consil se voit chargé par Napoléon III de négocier avec le Prince Charles III, qui régnait sur le rocher de Monaco, en vue d’établir un traité franco-monégasque. L’objectif de ce traité étant d’assurer la légitimité et de reconnaître la souveraineté de la Principauté de Monaco en échange des villes de Menton et Roquebrune, aujourd’hui intégrées au département français des Alpes-Maritimes. Ce traité mettait fin au protectorat du Royaume de Sardaigne sur la Principauté de Monaco depuis le traité de Vienne en 1815, mais garantissait également la souveraineté de la Principauté de Seborga et l’intégrité de son territoire qui restait sans protectorat et indépendante du Royaume de Sardaigne et de la Maison de Savoie.

Comme la Principauté de Seborga ne figurait dans aucun des traités précités, Alexandre-Joseph Consil soumettra à l’Empereur des Français de protéger la Principauté de Seborga des batailles qui commençaient à faire rage contre les Autrichiens désireux d’annexer la Lombardie et la Vénétie. C’est donc grâce à son action salvatrice que le territoire souverain de la Principauté de Seborga sera préservé.

Au moment du «Risorgimento » des mouvements de révolte initiés près de Gênes commençait à se faire ressentir. Ainsi, lors de la campagne d’Italie, Alexandre-Joseph proposera à l’Empereur Napoléon III, ancien carbonaro, d’engager un bataillon sous le commandement du Maréchal Patrice de Mac-Mahon afin de le placer tout autour des bornes frontière de la Principauté de Seborga.

À l’issue de ces batailles, le Roi de Sardaigne Victor Emmanuel II deviendra Roi d’Italie lors de la proclamation du Royaume en 1861. Un Royaume où la Principauté de Seborga ne figure toujours pas puisque l’acte de cession du territoire rédigé à Paris en 1729 n’avait pas abouti et n’avait pas non plus été enregistré, ni par le Royaume de Sardaigne ni par la Maison de Savoie. Aussi, le Nullius Diocesis dont jouissait la Principauté depuis 1079 et la reconnaissance du Pape Grégoire VII et d’Henri IV, lui conférait également son indépendance religieuse, autrement dit ratachée à aucun diocèse.

En 1866, Alexandre-Joseph Consil prendra également part dans l’unification des Principautés de Valachie et de Transylvanie alors sous le règne du Prince Alexandru Ioan Cuza. Ainsi, en cette même année, sur ordre de Napoléon III, il appuiera l’élection de Karl von Hohenzollern à Sigmaringen pour que ce dernier soit proclamé Prince puis Roi de Roumanie quelques années plus tard sous le nom de règne Carol 1er.

En 1870, Alexandre-Joseph Consil est décoré de la médaille militaire des mains-mêmes du Maréchal de Mac-Mahon, qui sera élu Président de la République française en 1873. Décédé le 28 décembre 1909, il repose au cimetière du Sud à Aniche (Département du Nord). Pour hommage, Pierre-Jacques Mutte, chef du bureau de l’État civil puis Secrétaire général de la mairie d’Aniche de 1914 à 1952, sera responsable du secrétariat du comité Kopierre, jusqu’à son décès en 1975. »

La légende de Kopierre traverse ainsi les siècles et se poursuit inlassablement au-delà des frontières dans une micro-nation qui revendique l’indépendance vis-à-vis de la République italienne. A l’intérieur de l'ancienne cité de Seborga, face au palais princier se dresse désormais l’ombre de l'illustre géant anichois. On dit aussi que lors de ses rencontres « diplomatiques » en Centrafrique et au Togo en 2016, Nicolas Mutte aurait évoqué les missions secrètes d’Alexandre Consil que la presse locale du Douaisis ne tardera pas à relayer après lecture de cet article. Dans un monde devenu citadin, les légendes urbaines vont bon train.

 

1. L’origine du surnom Kopierre varie selon les sources. On dit que lorsque Alexandre Consil était apprenti forgeron, son patron s’appelait Pierre et qu’il le prévenait en disant « ch’est caud Pierre », sans doute d’une voix forte, et qu’on l’aurait ainsi surnommé. Une autre version prétend que cela viendrait d’une expression qu’il utilisait dans cette forge « fait caud Pierre ». Les deux se ressemblent. Ces explications ont été créées bien après sa mort et son passage à la postérité comme géant d’osier. Il ne paraît pas impossible que le « ko » fasse référence au « shako », couvre-chef du sergent major qui est celui du géant (probable origine des Cô du carnaval de Dunkerque) et alors « Pierre » pourrait être issu de la carrière militaire d’Alexandre-Joseph. Source : "Le géant est un cousin" in De la Baïse à l'Escaut.

MG - 4 janvier 2020.

 

La page Facebook de Seborga : Seborga.TV

A propos de Nicolas Mutte :

- son trombi.com

- les frères Mutte décorés

- une partie de la vraie biographie des frères Mutte.

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