Aniche : table rase de l'histoire et culture au rabais !
Depuis 2014, l'absence de volontarisme municipal est manifeste au moins dans deux domaines : celui des cérémonies liées au devoir de mémoire en particulier et celui de la culture en général. Ce manque de volonté des édiles de la majorité, ce rejet de l'Histoire, ce refus de prendre en compte les besoins culturels de la population ainsi que le dédain affiché à l'égard des bénévoles des associations sont autant de manifestations caractéristiques d'une politique du degré zéro.
L'aveuglement égocentrique d'une telle municipalité, qui a visiblement davantage dans sa ligne de mire son propre confort que la gestion du destin des citoyens dont elle a la charge, conduit inexorablement à l'inefficacité des mesures qu'elle souhaiterait quand bien même mettre en œuvre relatives au respect et à la transmission de valeurs. L'important, semble-t-il, est d'exhiber un symbole quel qu'il soit, même inapproprié aux contextes.
« Cube blanc » et réécriture de l'Histoire
La négation de l'Histoire et du patrimoine d'Aniche a débuté discrètement à l'intérieur de l'Hôtel de Ville avec la suppression du bureau du maire. Lambris, inscriptions, bibliothèque datant du début des années 1920 ont été retirés sans concession, sans discussion, sans raison. Devenu « salle Claude Delaby », l'endroit n'est plus qu'un « cube blanc ». Cette politique de l'évidement s'est poursuivie avec la fermeture au public du Petit Théâtre Adelmant, salle de spectacle avec praticables pouvant contenir une soixantaine de personnes puis, dans les rues, avec le retrait des plaques inaugurales comme celle, par exemple, désignant la Maison des Associations sur laquelle figuraient le nom et le portrait de Jean Banaszak.
Paradoxalement, il a été décidé de nommer d'autres lieux de manière fantaisiste. La salle du rez-de-chaussée de l'ancienne Poste attribuée à la Société d'Histoire locale et inaugurée à titre privé porte le sobriquet de « Kopierre » alors que la médiathèque doit supporter la plaque démesurée à l'effigie de Norbert Ségard, Anichois devenu secrétaire d'État... aux Postes et Télécommunications ! Que faut-il penser également de la dénomination « église » de la station du BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) située au centre de la place Jaurès pour laquelle un « baptême » fut prévu ? Si certaines démarches paraissent fantasques et peu républicaines, l'on retiendra surtout la nécessité pour les élus de la majorité de falsifier l'histoire de notre ville.
Pire encore : l'enfumage idéologique qui discourt depuis plus de deux ans mène la classe dirigeante à réécrire complètement la grande Histoire. L'on se souvient encore de leur inconsidération de l'histoire sociale et de leur égotisme à l'égard non seulement de ceux qui les ont portés mais aussi à l'encontre des habitants et des travailleurs d'Aniche et d'ailleurs en se réunissant en catimini devant le Monument du Travail le matin du 1er mai tandis que la population marchait et chantait dans les rues. Comment expliquer également leur refus de se recueillir devant le Monument aux Morts sis Place Berrioz le jour de la Commémoration du Centenaire de la Bataille de Verdun ? Qu'un Gaulliste nous instruise enfin sur la raison pour laquelle un individu déguisé en soldat américain a déposé au nom du Conseil municipal une gerbe devant le Monument du Souvenir le jour de l'Appel du 18 Juin ? À force d'entretenir l’ambiguïté et de tergiverser, l'on a atteint le degré zéro de la pensée politique !
Culture de l'exclusion et ingérence morale
L'organisation de la culture n'est pas non plus l'affaire des magistrats de la commune. Alors que la troisième année de mandat est entamée, aucun discours annonçant une action culturelle d'envergure n'a encore été formulée, aucune politique culturelle dessinée. Dans ce domaine, l'investissement personnel des élus se limite à reconduire des événements préexistants ou à bricoler des concerts classiques et/ou religieux souvent coûteux dans l'église Saint-Martin. 40 % de ces mini-actions culturelles se déroulent dans l'édifice cultuel. Et la Ville semble être fière de voir cette église devenir une salle de spectacles ayant ainsi l'impression de participer activement à la vie culturelle.
Que la commune veuille investir dans les structures (hypothétique achat exorbitant d'une pelouse synthétique pour le club de football, volonté de créer une seconde salle de cinéma ou d'autres salles polyvalentes, etc.), qu'elle s'oblige également à investir dans le fonctionnement des lieux existants, pour la vie associative avant que ces espaces ne deviennent des « mouroirs de talents ». Malheureusement, la philosophie de l'équipe municipale en place est celle du strass et des paillettes, du « bling-bling », de la mise en scène à l'américaine plutôt que celle du rapprochement entre les individus, entre les habitants, entre les membres bénévoles des associations. L'on comprendra donc pourquoi il lui importe davantage d'engager des frais de réception plutôt que d'apporter un soutien à ceux qui s'investissent réellement, gratuitement, sincèrement dans l'intérêt collectif.
Promesses non tenues quand il s'agit de promouvoir le talent d'une ou d'un Anichois – l'on cherche encore la pertinence des arguments évoqués pour évincer au dernier moment de la soirée-spectacle de Kopierre la très prometteuse Sirine -, censures à tous les étages – contrôle des contenus d'intervenants et refus délibéré d'annoncer via le Bulletin municipal les Rencontres culturelles -, ingérence morale dans la vie associative facilitée par la menace de non reconduction des subventions... etc. Un grand bond en avant vient d'être franchi depuis 2014 à Aniche en développant, comme l'écrivait Nietsche dans Par delà le Bien et le Mal, « ce sentiment qu’il est défendu [aux grandes masses] de toucher à tout, qu’il y a des événements sacrés où elles n’ont accès qu’en ôtant leurs souliers et auxquels il ne leur est pas permis de toucher avec des mains impures » !
MG, 4 juillet 2016. Article paru sur la page Fabebook "Rassemblement citoyen : Aniche, ma commune, j'y tiens".
Aniche : le groupe de l'opposition "Rassemblement citoyen" et l'association des Anciens combattants commémorent le Centenaire de la Bataille de Verdun devant le Monument aux Morts, le 29 mai 2016 - Photos : MG