Les couleurs d'Aniche : du blason au logo
Projet de blason avant éventuelle mise en couleur (blanc et rouge) lancé sous l'un des mandats de Michel Meurdesoif, maire d'Aniche de 1989 à 2014, aujourd'hui conservé à la Société d'Hisoire d'Aniche. Photo : septembre 2016.
Un blason désigne l'ensemble des armoiries ou des signes, dessins ou figures qui composent l'écu héraldique d'un Etat, d'une ville ou d'une famille. Le blason de la commune d'Aniche (59 580), identique à celui de Bugnicourt (59 151) et de Rieulay (59 870), rappelle, lui, les armes de la famille seigneuriale Sainte-Aldegonde-Noircarmes dont l'origine remonte à la fin du XIIIe siècle.
Arbre généalogique de la famille Sainte-Algonde et Noircarmes - Source : racineshistoire.free.fr.
Bugnicourt - Photo : 28 août 2016. "L’histoire de la famille Sainte-Aldegonde-Noircarmes est en partie liée aux couleurs du royaume d’Espagne à l’époque où notre territoire était bourguignon. On y trouve quelques personnages qui se sont illustrés par des actions militaires ou des charges importantes. Ainsi Philippe de Sainte Aldegonde fut conseiller d’État et chambellan de Charles Quint. Son fils Maximilien, détenteur de la Toison d’or, fut gouverneur d’Arras et de Namur. Bugnicourt, après avoir appartenu à la maison d’Auberchicourt et de Lallaing, passa, vers 1557, dans la maison de Sainte Aldegonde Noircarmes. Aujourd’hui, on retrouve ce blason sculpté en haut du portail de l’église de Bugnicourt avec une année, 1564. À Rieulay, un membre de cette famille fut baron de Rieulay en 1664. Son dernier descendant est mort en 1821 : il s’agissait de Philippe Louis Maximilien, un courageux chevalier aux idées nouvelles durant la Révolution française. Il avait misé sa fortune dans la recherche du charbon qui en vérité se trouvait sous ses pieds, dans son château de Rieulay, une bâtisse médiévale tombée en ruine et malheureusement détruite en 1857. À Aniche, les terres sont passées sous la seigneurie de Sainte Aldegonde vers la fin du XVIe siècle avant de passer deux siècles plus tard dans la famille du marquis de Traisnel, créateur de la compagnie des mines d’Aniche." (Didier Margerin in "La Voix du Nord", 28 août 2014)
Reprenant la forme ordinaire de l'écu français du XIIIe siècle, le blason qui illustre Aniche depuis la fin du XVIe siècle se lit comme suit : « D'hermine à la croix de gueules chargée de cinq roses d'or ». Garant de l'esthétique, le nombre d'or - étalon de mesure d'un modèle idéal de beauté inspiré par la nature -, entre dans cette conception formelle.
Les émaux, couleurs utilisées en héraldique, ont une signification qu'il convient de rappeler. Sur métal argent (comprenez fond blanc) et fourrure d'hermine, une croix de gueules (lisez rouge) contient cinq roses d'or. Si l'argent symbolise la pureté et la sagesse, l'or signifie l'intelligence, la grandeur et la vertu.
Comme tout écu, celui de la famille Sainte-Aldegonde-Noircarmes se découpe en neuf parties distinctes (trois lignes et trois colonnes) appelées « cases » ou « cantons ». Ecartelé, quatre quartiers précis le blasonnent. L'hermine traduirait la prééminence d'honneurs. Les cinq roses épanouies ayant chacune cinq feuilles entre lesquelles paraissent cinq petites pointes ou barbes symboliseraient le mérite avoué.
Avec le temps, le blason d'une commune s'est affiché comme une image représentative des ambitions, des intérêts et des projets d'une municipalité. Aussi, celui d'Aniche change selon les tendances et les couleurs politiques du moment. Les élus socialistes puis communistes reprennent celui créé au lendemain de la Première Guerre mondiale et composé d'un pic de mineur, d'une pelle de verrier et d'un « canon » de verre rappelant l'histoire industrielle d'Aniche.
Michel Meurdesoif, maire d'Aniche de 1989 à 2014, relance la demande de retenir pour emblème municipal ce blason ouvrier. Malheureusement, les autorités préfectorales voyant dans le croisement de ces outils emblématiques d'Aniche celui du marteau et de la faucille, annuleront cette requête.
Au cimetière du Sud d'Aniche, le blason symbolisant les mondes minier et verrier orne le Caveau du Souvenir et l'obélisque sous lequel reposent les corps de Joséphine Rostkowska - super centenaire et héroïne de l'insurrection de Varsovie de 1830 - et d'Alexandre Consil dit "Kopierre" - tambour-majour sous le Second Empire - Photos : 12 février 2018.
Suite à la défaite de la gauche aux élections municipales de 2014, la ville d'Aniche se pare désormais, telle une entreprise ou une marque, d'un logo c'est-à-dire d'une représentation graphique pouvant renforcer son image au travers de différents supports de communication. Malheureusement, ce nouveau graphisme composé de l'inscription, de couleur bleu marine, du nom de la ville dont l'initiale « A » appuyée sur les éléments structurels schématisés de la pyramide de verre construite sur la place Faidherbe par la municipalité vaincue, bascule vers la droite pour mieux souligner la négation de l'histoire multiséculaire d'Aniche.
A l'exception de mentions contraires, texte et photos : MG – 12 février 2018. A Jean-Louis Chantreau, conseiller municipal d'opposition, et au "Rassemblement Citoyen, Aniche, ma commune, j'y tiens".