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Roger Facon, Fulcanelli et la géopolitique du Diable

Publié le par MG

Dans cette allée du cimetière de Monchecourt repose le corps de Marcel Dana, petit-fils de l'arrière grand-père de Roger Facon, Léon Patin. Marcel aurait dit, en ce lieu, à Roger Facon : "Je suis content d'apprendre que tu t'apprêtes à écrire un livre sur la géopolitique du Diable... Léon aussi. Et il te le fera savoir." - Photo : 6 juin 2018.

Dans cette allée du cimetière de Monchecourt repose le corps de Marcel Dana, petit-fils de l'arrière grand-père de Roger Facon, Léon Patin. Marcel aurait dit, en ce lieu, à Roger Facon : "Je suis content d'apprendre que tu t'apprêtes à écrire un livre sur la géopolitique du Diable... Léon aussi. Et il te le fera savoir." - Photo : 6 juin 2018.

« Le libéralisme globalisé déifiant le renard militaro-financier dans le poulailler planétaire serait-il le stade le plus avancé de l'oeuvre moderne [du Diable, prince des Ténèbres] ? »

Roger Facon, Fulcanelli et la géopolitique du diable, Editions de L'Oeil Du Sphinx, Paris, 2018, p. 36.

 

 

Si les comptes sont bons, Fulcanelli et la géopolitique du Diable est le 41e roman de Roger Facon. Un nombre qui apporte généralement des changements bénéfiques dans la vie de son porteur. Et c'est peut-être le cas pour l'auteur qui, dans le prologue, tient à préciser les raisons pour lesquelles il poursuit depuis peu une écriture rappelant au souvenir les expériences familiales secrètes, ésotériques, médiumniques, alchimiques.

 

Depuis La fantastique aventure de l'Idéal Cinéma : mémoire ouvrière et alchimie à Aniche, coécrit avec le wikipédien Serge Ottaviani et paru chez Abysses Editions en 2015, notre Roger se dévoile peu à peu en romançant l'histoire de ses aïeux parallèlement à l'histoire avec un grand « H ». En romançant ? Pas si sûr puisque je découvre que, pour entreprendre son récit, l'écrivain s'appuie sur une situation, certes surnaturelle, que j'ai réellement vécue devant le vieux cimetière du centre d'Aniche.

 

Ce récit sur celui qui se cache derrière le pseudonyme combinant phonétiquement les noms de Vulcain et de Hélios-Elie, séduira tant les Anichois attachés au glorieux passé des verreries de leur commune que les passionnés de pratiques occultes et de messages cryptiques. Car, rappelle Facon, « Fulcanelli est à l'origine de la création, à Aniche, d'un cercle alchimique consacré à la voie du verre. »

 

D'après les confidences du neveu monchecourtois Marcel Dana à la grand-mère de l'auteur, ce cercle se compose de quatre « mousquetaires » : Alexandre Caffeau (1845-1926), médecin et maire d'Aniche en 1886, Roger Schneider (1866-1932), verrier syndicaliste, membre du conseil municipal et initiateur de l'ouverture de l'Idéal cinéma d'Aniche, François Jollivet-Castelot (1874-1937), alchimiste douaisien et Léon Patin (1858-1941), chef porion aux mines d'Azincourt et arrière-grand-père de Roger Facon.

 

De chapitre en chapitre, avec ce procédé stylistique si caractéristique, ce modus operandi scriptural qui consiste à reprendre pour approfondir ce qui a été préalablement formulé, l'auteur se complait à prouver au lecteur les liens qui unissent et réunissent ses ancêtres anichois aux grands noms de l'histoire artistique (Hergé, par exemple), littéraire (René Guénon), scientifique (François Auguste Mariette, Eugène Viollet-le-Duc), technique (Ferdinand de Lesseps), politique (Lénine, Staline...) en cette Finis Gloriae Mundi.

 

En pénétrant dans les tombes royales de l'Ancienne Egypte, l'homme moderne cherchant à comprendre de manière rationnelle son origine a réveillé Seth, dieu-égrégore libérant ainsi des « doubles maudits, empressés « de fondre sur les capitales et les grandes villes européennes ? » L'Occident, par extension, dans sa quête obsessionnelle de l'or noir, s'est imposé sur l'échiquier mondial, et sa gouvernance a bouleversé l'économie et la politique planétaires.

 

Formé par l'égyptologue Mariette, Fulcanelli rassemble encore et toujours les esprits protecteurs qui réveilleront les consciences étouffées par le mensonge et l'illusion d'un monde se croyant diplomate. Entre l'Afrique et le Moyen-Orient, le creusement du Canal de Suez par Ferdinand de Lesseps permettant de relier l'Europe à l'Asie n'a-t-il pas, par exemple, accentué le déversement de la déraison géopolitique et de l'hypocrisie capitalistique des XXe et XXIe siècle ? Le Malin s'est répandu partout et près de nous ; la sculpture de Baphomet sur le portail de l'église Saint-Merry de Paris ou la momie égyptienne abritée par une tombe du vieux cimetière d'Aniche participent au rayonnement diabolique contre lequel les alchimistes travaillent secrètement mais avec la transparence du verre.

 

A Aniche, le message du Forgeron solaire passe encore, et fort heureusement pour nous, par l'écriture imagée et en spirale de Roger Facon qui tente « de combler les vides biographiques laissés par les historiens » tout en jetant des grains capables de nourrir quelques esprits dans ce « monde ultra-matérialiste [aux] valeurs compétitives de la fin de civilisation dans laquelle nous barbotons dans la joie, la bonne humeur et la cécité ». S'appuyant aussi sur des témoignages et des dépositions, l'ex-flic rosicrucien Facon nous livre ici moult interrogations sur l'histoire, l'actualité et le devenir de l'humanité.

 

A l'heure où l'on s'apprête à célébrer dans l'ancienne capitale verrière les festivités de Kopierre, géant né de l'imagination du souffleur de verre Jean-Baptiste Bourlon (1859-1919), une question me taraude : en participant en 1899 avec ses amis francs-maçons, Paul Quévy et Albert Gallet, à la création ex nihilo de la Maison du Peuple, futurs Hôtel du Syndicat et L'Idéal Cinéma située rue de la Pyramide, « Batisse » Bourlon n'était-il pas, lui aussi, un « mousquetaire » de Fulcanelli ?

 

MG – Texte : 7 juin 2018.

 

Roger Facon, Fulcanelli et la géopolitique du Diable
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