Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La photographie conversationnelle : de l'album de famille au partage sur les réseaux sociaux

Publié le par MG

Manifestation à Douai contre la casse des droits collectifs - 9 octobre 2018.

Manifestation à Douai contre la casse des droits collectifs - 9 octobre 2018.

Manifestation à Douai contre la casse des droits collectifs - Photo : Isabelle Chantreau : 9 octobre 2018.

Manifestation à Douai contre la casse des droits collectifs - Photo : Isabelle Chantreau : 9 octobre 2018.

Commercialisé vers le milieu du XIXe siècle, l'appareil photographique ne se démocratise qu'à partir des années 1950. Trois décennies plus tard, l'image argentique immortalise les grandes occasions qui jalonnent la vie de famille : anniversaire, mariage, vacances.... Dans les années 1990, presque tous les foyers disposent d'un appareil photo à bon prix ou jetable. Ce phénomène de masse est facilement observable lors d'un mariage, par exemple, où l'on compte souvent autant de photographes amateurs que d'invités. Néanmoins, le geste n'est pas encore systématique : au moment opportun, on oublie parfois de sortir l'appareil.

 

Le numérique va libérer le photographe amateur de la contrainte de la pellicule à développer. La production d'images augmente alors de manière exponentielle mais le thème de prédilection reste celui de la vie familiale. L'ordinateur supplante progressivement l'album photos que l'on sortait pour se rappeler des bons moments vécus en famille. A la fin des années 2000, le téléphone devenu mobile et intelligent grâce à sa batterie autonome et ses nombreuses fonctions rivalise avec l'appareil photo.

 

Si l'appareil photo était l'outil de l'adulte, le smartphone devient l'apanage de toutes les générations. Les enfants comme les séniors en possèdent un et s'adonnent de manière spontanée et ludique au travers des applications à l'enregistrement de la vie quotidienne. Tout devient image, même ce qu'il y a dans l'assiette du midi ; on veut garder de chaque jour une trace, un repère, une ambiance. Les photos saisies rendant extraordinaire notre existence ordinaire sont alors transmises aux proches via le téléphone ou à un réseau d'amis via l'Internet.

 

L'image continue ainsi d'être, selon l'historien André Gunthert, « conversationnelle ». Bien que jugée narcissique, la démarche du selfie (autophoto ou égoportrait en québecois) qui consiste pour le photographe à devenir le sujet principal n'est guère éloignée de celle adoptée hier devant un monument historique. Le selfie témoigne du lieu, de la personne rencontrée ou de ce que l'on mange au moment où l'on prend le cliché. L'image garde sa fonction mais sa diffusion est instantanée.

 

Jusqu'aux années 1920, si le porte-monnaie le permettait évidemment, on faisait réaliser des cartes postales de soi que l'on envoyait aux proches. Qui se souvient des doubles photos données aux intéressés ? Plus que jamais, l'image compose une mémoire. Au même titre que l'album de famille, le partage de selfies pour les amis sur Facebook, Instagram, Snapchat montre que l'image, résidu d'une mémoire plus ponctuelle et éphémère, reste avant tout un support de communication.

 

MG – 12 octobre 2018.

Commenter cet article