Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le monument aux morts de 1870 d’Aniche

Publié le par MG

Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud à Aniche.

Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud à Aniche.

Si, depuis le début des années 19601, la guerre de 1870 semble oubliée de la mémoire collective, elle n’en demeure pas moins une guerre qui a douloureusement marqué la population française jusqu’au traité de Versailles de juin 1919. Son 150e anniversaire offre l’occasion de revenir sur l’inimitié franco-prussienne, berceau de la IIIe République (4 septembre 1870) et de l’unité allemande (18 janvier 1871) et matrice des deux conflits mondiaux de la première moitié du XXe siècle. A Aniche (59580), comme dans un grand nombre de communes, le souvenir de cette guerre s’inscrit, aujourd’hui encore, dans le paysage urbain au travers d’un monument aux morts sous la forme d’un obélisque se dressant à l’entrée du cimetière du Sud. Sur ce pilier commémoratif, huit noms convoquent tragiquement l’histoire.

Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud à Aniche.Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud à Aniche.Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud à Aniche.

Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud à Aniche.

Au regard de celles qui l’encadrent – les guerres napoléoniennes et la guerre civile américaine d’une part ; les guerres mondiales de l’autre -, la guerre de 1870 n’a duré que dix mois dont six de combats effectifs. Néanmoins, ce conflit circonscrit à deux nations européennes a provoqué la mort de 138 000 Français2 et 51 000 Allemands, entériné l’annexion de l’Alsace - à l’exception du Territoire de Belfort – et d’une partie de la Lorraine et contraint la France de payer au vainqueur la somme de 5 milliards de francs-or. De plus, pour garantir ce paiement, les troupes ennemies ont occupé plusieurs départements jusqu’en 1873.

Le traité de paix signé le 10 mai 1871 à Francfort a donc, non seulement sonné la défaite française, mais il a aussi engendré un sentiment de revanche ayant contribué à poser 43 ans plus tard les bases de la Première Guerre mondiale. La perte renouvelée de l’Alsace-Lorraine en 1940 rappellera le cauchemar de Sedan, l’effondrement militaire et la trahison politique. Par la suite, la construction européenne conduira, de part et d’autre du Rhin, à l’oubli. Ni l’année du centenaire en 1970, ni la réunification de l’Allemagne en 1990 ne ravivera complètement la mémoire de ceux tombés en 1870. La douleur d’hier s’est cristallisée sur des monuments communaux, n’intéressant plus que les historiens et les passionnés de reconstitution historique.

Le monument aux morts de 1870 à Aniche au début du XXe siècle - Source : Société d'histoire d'Aniche.
Le monument aux morts de 1870 à Aniche au début du XXe siècle - Source : Société d'histoire d'Aniche.Le monument aux morts de 1870 à Aniche au début du XXe siècle - Source : Société d'histoire d'Aniche.Le monument aux morts de 1870 à Aniche au début du XXe siècle - Source : Société d'histoire d'Aniche.

Le monument aux morts de 1870 à Aniche au début du XXe siècle - Source : Société d'histoire d'Aniche.

A Aniche, huit patronymes encore lisibles sur le monument aux morts réveillent les vieilles blessures et quelques désignations de rue3 votées lors du Conseil municipal du 9 août 1888 convoquent les faits militaires et politiques de 1870-1871. En ce XIXe siècle finissant, la commémoration de la défaite de 1870 est porteuse d’avenir et l’utilisation de la mémoire de guerre permet de « faire Nation ». De 1883 à 1922, l’ancien cimetière d’Aniche entourant l’église Saint-Martin devient un square verdoyant et arboré au milieu duquel s’élève le monument des victimes de 1870. Sa forme pyramidale donne son nom à la piedsente du pourtour de l’édifice religieux : le plus ancien et plus court chemin de la commune devient alors rue de la Pyramide4.

Suite à une souscription publique permettant de récolter 1158 francs, on entreprend la construction de ce monument commémoratif. Depuis son inauguration le 22 juillet 1888, ce petit et massif obélisque de béton porte les noms de ceux ont perdu la vie pour défendre le Nord de la France face à l’avancée prussienne. Pierre Chotteau meurt à Bapaume, Siméon Depres à Hesdin, V. Dhalloin à Gravelotte, Eugène Duhermael à Toul, Alexandre Hutin à Pont-Noyelles, Henri Julien à Paris, Adolphe Vandroth et Jean-Baptiste Wagner à Saint-Quentin. Ces soldats anichois ayant droit au repos permanent bénéficie ainsi d’une reconnaissance individuelle.

Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud d'Aniche.Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud d'Aniche.Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud d'Aniche.

Le monument aux morts de 1870 à l'entrée du cimetière du Sud d'Aniche.

Le 21 novembre 1922, alors que l’on débat toujours de l’emplacement du futur monument aux morts de 1914-1918, il est décidé de déplacer celui en souvenir des militaires tués au cours de la guerre de 1870 sur le terrain d’un nouveau cimetière dit du Sud s’ouvrant sur l’ancienne route d’Emerchicourt5 et inauguré en 1926. 150 ans après la défaite française face à la Prusse, 75 ans après la dernière guerre mondiale et après 75 ans de paix européenne, il convient de redécouvrir la mémoire de 1870 et de comprendre que ce pilier de béton orné du blason historique de la commune au-dessus duquel est inscrit « Aniche à ses enfants » a été comme d’autres érigés à la même époque en divers lieux longtemps symbolique dans la formation de l’identité du peuple français.

1. En 1963 le traité de l’Élysée matérialise la réconciliation entre les deux peuples.

2. 400 000 soldats français ont été captifs en Allemagne et 18 000 d’entre eux, morts dans les camps, ont été inhumés en Allemagne.

3. Il s’agit des actuelles rues d’Alsace, de Lorraine, Aristide-Denfert-Rochereau (1823-1878), Adolphe-Thiers (1797-1877), Léon-Gambetta (1838-1882) ou encore de l’ancienne place Léon-Faidherbe (1818-1889).

4. Actuelle rue Wambrouck à Aniche.

5. Actuelle rue Jean-Lutas à Aniche.

Texte et photos à l’exception des documents historiques : MG – 19 octobre 2020.

Les opérations militaires de la guerre de 1870-1871. Source : MINARM/DPMA/Joëlle Rosello.

Les opérations militaires de la guerre de 1870-1871. Source : MINARM/DPMA/Joëlle Rosello.

Commenter cet article