Aniche, 1er mai 2022 : journée internationale des droits des travailleurs et des privés d’emplois
Militants CGT et partisans du Rassemblement Citoyen devant le monument du Travail à Aniche - Photo : 1er mai 2022.
Répondant à l’appel de la CGT des verriers et des territoriaux et du Rassemblement Citoyen, certains habitants acteurs de la cité de Kopierre (59580) ont participé à la journée internationale des droits des travailleurs et des privés d’emploi.
Du parking situé face au collège Théodore-Monod au Monument du verre et du charbon réalisé en 1963 par le sculpteur Georges Hugot, le petit mouvement de citoyens militants et déterminés a déambulé, drapeau au vent, pour la paix, la justice sociale et pour la réalisation de tous les droits humains. Lors de la prise de parole des représentants de la CGT et des élus majoritaires de la municipalité, il a été rappelé au premier magistrat que le 1er Mai n’est pas un moment durant lequel on défile mais une journée de manifestation et de revendications.
Malgré cette méconnaissance de l’histoire des mondes ouvriers et la maladresse d’expression employée, les "Bleus" ont gentiment accepté l’invitation à rejoindre le mouvement populaire dans la rue Patoux. Nous les remercions.
La matinée s’est terminée devant le local CGT, syndicat propriétaire des murs de L’Idéal Cinéma Jacques-Tati sis rue Wambrouck, en partageant le verre de l'amitié. Vive la CGT, vive la Sociale !
Texte et photos : MG - 1er mai 2022.
Manifestation à Aniche - Photos : 1er mai 2022.
- Intervention Bernard Salengrois, Secrétaire Général de l’Union Fédérale des retraités CGT, membre de la Commission exécutive fédérale Verre et Céramique et Président de l’Institut d’Histoire sociale Verre et Céramique :
Bonjour à toutes et tous, bonne fête des travailleuses et travailleurs, merci pour votre présence à notre manifestation.
Cette année 2022 marque le recul de la pandémie et semble une embellie qui n’est pas sociale, bien au contraire, avec les crises des soignants, des agriculteurs, du monde du travail en général. La baisse du pouvoir d’achat, les énergies qui flambent à des seuils jamais atteints. L’inflation organisée ou non va encore percuter et affaiblir notre pouvoir d’achat. Les retraités sont touchés et la réforme prévue par Macron n’améliorera pas les choses. Que dire de notre service public livré peu à peu aux financiers privés.
2002 a été proclamée année du Verre par les Nations-Unies. Cela va améliorer le sort des ouvriers verriers ? J’en doute fort.
La Verrerie d’En-Haut aura 200 ans cette année. Nous ne pouvons que regretter que les syndicats ne soient pas associés aux préparatifs de cette commémoration.
Juste un petit rappel, Aniche fut le siège de la fédération CGT du verre au début du XXe siècle. C’est aussi une ville du charbon et du verre comme en témoigne le monument du Travail de Georges Hugot.
Le 11 novembre 2023, ce sera les 250 ans de ce qui deviendra la Compagnie des Mines d’Aniche.
A ce propos, Aniche compte de nombreux lieux de commémoration, pour autant, les mineurs tués tragiquement dans les catastrophes n’avaient rien pour le souvenir et l’hommage à leur mémoire. Tragiques et uniques dans la région trois catastrophes eurent trois origines différentes : incendie, grisou et dynamite.
Près de ce lieu, entre les puits de Sainte-Barbe et Saint-Vaast, face à ce monument du Verre et du Charbon a été inaugurée une plaque commémorative, en 2020 pendant le confinement, le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe, marquant les 120 ans de la catastrophe de Fénelon, qui fit 21 tués par plus de 250 kg de dynamite. Cette plaque a été possible grâce à l’initiative de Serge Ottaviani que nous pouvons remercier ici.
La première catastrophe minière se déroula le 7 février 1827, un incendie à la fosse Sainte Hyacinthe (l’éléphant bleu) fit 9 victimes.
Le 26 octobre 1854, à la fosse Saint-Edouard (actuel lycée Pierre-Joseph-Laurent), c’est un coup de grisou meurtrier qui survient.
Enfin, le 28 novembre 1900, la dynamitière de Fénelon (La Renaissance) explose.
Ces trois catastrophes ont frappé une quarantaine de mineurs pour la plupart des adolescents.
N’oublions pas cependant toutes les victimes du travail. Que ce soit par accident ou maladies professionnelles, tel l’amiante qui tue encore de nos jours.
Je vous propose de respecter une minute de silence pour toutes les victimes du travail.
Manifestation à Aniche - Photos : 1er mai 2022.
La parole est ensuite donnée à Xavier Bartoszek, maire d’Aniche.
Après la prise de parole, la CGT fait remarquer à l’échevin que la mise à l’honneur des médaillés du travail se fait désormais sans la présence des syndicats, qui n’en sont d’ailleurs même pas informés. Le maire répond que cette situation peut être revue et améliorée. L’avenir nous le dira….
- La parole est donnée à Christophe Sergent, Secrétaire Général de l’Union des syndicats Verriers CGT d’Aniche :
Bonjour à toutes et tous et merci pour votre présence à notre manifestation anichoise.
Outre la commémoration de la Fête des travailleurs qui est déjà en soi un motif légitime, nombreux sont les motifs de venir exprimer son mécontentement et sa soif d’amélioration du quotidien.
Pour paraphraser Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT : « Il n’y a pas eu de trêve sociale, il n’y aura pas d’état de grâce. » Après ce premier quinquennat macronien désastreux pour la population, une riposte d’ampleur devra faire plier l’hôte de l’Élysée sur les retraites, sur les salaires, sur toutes les exigences sociales et environnementales.
Les résultats des élections présidentielles reconduisent un président loin des préoccupations du peuple des travailleurs, des sans-emploi, des retraités. En ne votant pas massivement pour les partis politiques proches des salariés au premier tour, nous n’avions plus qu’un choix : la peste ou le choléra.
Le parti d’extrême droite a clairement profité du rejet de Macron mais, néanmoins, nous fêterons encore la fête des travailleurs et non celle de Jeanne d’Arc, le symbole est bien différent.
Le troisième tour - les législatives des 12 et 19 juin -, est important et chacun aura à cœur de voter pour des valeurs proches des travailleurs. Une réelle entente à Gauche est nécessaire. L’Assemblée Nationale vote les lois et nous devons massivement et majoritairement être représentés par des députés de Gauche.
Mais cela ne suffit pas et souvenons-nous que par le passé les grandes victoires ont été gagnées grâce aux luttes dans nos entreprises. Les manifestations même intersyndicales sont quasiment toutes à mettre à l’actif de notre syndicat, la CGT, avec le soutien des partis proches des travailleurs qui se reconnaîtront.
Nous continuerons notre action pour les droits des salariés, des retraités, de toutes les femmes et hommes. Tel est notre devoir et notre détermination. Nous devons, plus qu’hier, nous mobiliser massivement, pour mettre fin au travail de sape engagé depuis plusieurs décennies par les différents gouvernements. Inutile de refaire l’histoire, mais les grandes victoires se sont dessinées dans la rue et obtenues grâce à la mobilisation dans les entreprises.
Sur fond de crise sanitaire, les entreprises du CAC 40 se sont doré la pilule sans redistribuer les richesses à ceux qui les ont créées, les travailleuses et travailleurs. Exemple, pour Saint-Gobain, le chiffre d’affaires en 2021 de 44,2 milliards avec un résultat d’exploitation de 4,51 milliards. Du jamais vu depuis plusieurs années, voire des décennies. Et malgré ces chiffres, pas de redistribution pour les salariés du vitrage et très peu pour les autres branches.
Jamais les riches ne se sont autant enrichis. Les 15 plus grandes fortunes de France représentent plus de 500 milliards d’euros. Cela ne nous retire rien, mais c’est la preuve que la répartition des richesses est bien mal équilibrée.
La CGT a toujours milité pour la paix. La situation que vivent les Ukrainiens est insupportable. L’Europe a beau être unie, Poutine continue son œuvre destructrice. Les mesures de rétorsion économique ne suffisent pas et la menace nucléaire est pratiquement proférée. D’autres conflits hors d’Europe continuent à obliger les populations à se réfugier hors des zones de conflits. On ne peut qualifier certains de réfugiés, ce qui est incontestable, et appeler les autres migrants et en faire la chasse…La misère reste la misère. C’est toujours le peuple qui trinque.
En ce premier mai, il est important d’affirmer notre engagement pour la paix, pour la justice sociale.
Contre la haine mais au contraire pour la solidarité et le partage, pour des emplois reconnus et bien payés, pour des retraites permettant de vivre dignement, pour une sécurité sociale qui soit en capacité de répondre aux besoins des citoyens, pour des services publics de qualité.
Certains pourront dire que la CGT est utopiste. Mais sans utopie, comment rêver et construire un monde meilleur pour demain ?
Bonne fête des travailleurs à toutes et tous. Merci encore pour votre présence.
Et vive la CGT !
Une courte intervention des territoriaux permet de souligner le caractère multi-professionnel de cette manifestation du 1er-Mai.
Après le dépôt des gerbes au monument du Travail, la manifestation redémarre via la rue Patoux pour une dislocation sur la Place Jean-Jaurès. Non sans rappeler que ce n’est pas un défilé mais une manifestation pour la défense des travailleurs et de la paix entre les peuples.
Un pot fraternel est ensuite proposé aux camarades au siège de l’Union des syndicats verriers (L’Idéal Cinéma Jacques-Tati).
Manifestation à Aniche - Photos : 1er mai 2022.