Quend et la mytiliculture

Bordée de dunes, la plage de sable fin de cette petite station balnéaire de la Baie de Somme vivant au rythme des marées est appréciée des promeneurs enivrés par les embruns iodés. Là, quand la mer se retire, se dressent d’innombrables piquets de bois parfaitement alignés sur lesquels s’accrochent les moules : les bouchots (de l’anglais « bout choat »).

« Ce parc à moules de bouchot regroupe 33 concessions gérées par 13 éleveurs », nous confie Anthonio Ledoux mytiliculteur depuis l’adolescence. « Chaque concession comprend 5 ensembles de 3 rangées de piquets, soit 3500 bouchots ! » Ce mode d’élevage en cet endroit fait suite à un appel d’offre lancé par l’Etat au tout début des années 1980.

Le premier travail d’un mytiliculteur consiste à installer des cordes sur des plans horizontaux afin de permettre aux naissains de moules de se fixer et de se développer durant trois mois environ. Ensuite, l’artisan-producteur dispose les cordes sur des portiques en bois avant de les enrouler en spirale autour des bouchots. Pour mieux protéger les jeunes moules des crabes et des tempêtes, l’éleveur habille les pieux d’une jupe. De l’hiver au printemps suivant, les moules vont ainsi croître sous ce catinage (filet).

Durant la croissance des mytilida, une personne circule en 4x4 en vue de parer toute attaque d'oiseaux prédateurs et de voleurs. Après avoir grossies sur ces pieux de 5 mètres dont 3 enfoncés dans le sable, les moules âgées d’un an sont enfin récoltées d’avril à septembre puis envoyées au centre conchylicole de Le Crotoy pour être nettoyées. La suite, vous la connaissez puisqu'elle a lieu dans votre assiette.

Riches sur le plan diététique, les moules se cuisinent selon nos envies : avec des feuilles de laurier, de persil ou de céleri, des carottes, des oignons, du curry, avec ou sans lardons, poireaux, Maroilles, du vin blanc ou du lait de coco… Marinières ou à la crème, les recettes sont plurielles !

Texte et photos : MG - 26, 27 et 31 juillet 2022.