Le retour de Xavier Plassat à Aniche

Né le 29 avril 1950 à Roost-Warendin (59286), le frère dominicain Xavier Plassat, connu pour améliorer les conditions de vie et de travail des paysans privés de terre et des journaliers brésiliens, est de retour dans la cité de Kopierre (59580) grâce à l’invitation du correspondant de presse de L’Observateur du Douaisis Serge Ottaviani.

C’est à la Société d’Histoire d'Aniche que nous l’avons rejoint en ce début d’après-midi pour nous entretenir sur son passé anichois – il était élève à l’école Saint-Joseph – et sur ses combats menés au Brésil - il y vit depuis 1989 -, qui lui ont valu une reconnaissance certaine. En effet, l’ONG Free the slaves (« Libérez les esclaves ») avait récompensé en 2008 la Commission pastorale de la terre (CPT), organisation qu’il coordonne, avant de recevoir le Prix national des Droits de l’Homme.

Dans la maison paroissiale, le père Jean-Marie Moura a célébré ce jeudi soir une petite messe en l’honneur de Xavier Plassat, ex-Anichois devenu frère dominicain dans l’État du Tocantins en Amazonie brésilienne. Durant cet office, l’ancien élève de Saint-Joseph installé depuis 1989 en Amérique du Sud a rappelé que « personne ne peut soumettre ou se retirer la responsabilité des rêves et des actes de l’autre. Il est toujours possible d’ouvrir nos sens et notre intelligence pour déclencher une étincelle. C’est à nous de porter une bonne nouvelle, même en dehors des sentiers battus. Aussi, sans faire l’apologie du suicide, il vaut mieux mourir que de perdre la vie. Je garde en mémoire ce que m’a dit un jour le pape François : la seule chose qui vaille est de se demander ce que l’on a fait de son frère, de sa sœur et où ils sont aujourd’hui. » A l’issue de la cérémonie liturgique, Sandalette s’est jetée sur les genoux du curé Moura qui s’est exclamé avec humour : « on ne pourra pas dire qu’il n’y avait pas un chien ce soir ! »

Dans un second temps, Xavier Plassat a tenu une conférence devant un beau monde dont le fameux paysan et faucheur d’OGM Bernard Coquelle. Xavier a commencé son propos en retraçant son parcours et sa raison d’être au Brésil où seulement 12 % du territoire est réservé aux autochtones et où l’agribusiness sévit au détriment des humains et de l’environnement. « Au Brésil, il y a plus de 250 millions de têtes de bétail pour 214 millions d’habitants ! » Membre depuis 2002 du Comité international contre l’esclavage moderne, Xavier reconnaît humblement avoir contribué à la libération d'un grand nombre d'esclaves. Pour illustrer ses dires, il a projeté un extrait du film Pureza (2019) de Renato Barbieri inspiré de faits réels. La soirée s’est terminée par diverses questions ouvertes posées par l’auditoire curieux de comprendre les racines de l’esclavage moderne et le combat mené par celui qui conteste l’ordre établi mais qui se réjouit enfin de la récente arrivée au pouvoir de Lula.

Texte et photos : MG - 26 janvier 2023.