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Louis Testelin, Saint Pierre ressuscite la veuve Tabitha

Publié le par MG

SALLE DES MAYS

La fiche de lecture méthodique d'une oeuvre picturale du XVIIe siècle présentée ci-dessous a été conçue de manière à offrir aux enseignants du second degré des repères pour une mise en oeuvre sereine de l'histoire des arts

 

Pour une meilleure lecture, cliquez sur chaque document.

BARBE GALL

 

Les Mays de Notre-Dame de Paris sont de grands tableaux commandés chaque année de 1630 à 1707 par la Corporation des orfèvres parisiens pour les offrir le 1er mai à la Vierge en leur cathédrale. Jadis suspendues aux piliers de la nef, ces toiles de onze pieds retraçant un acte des apôtres ont été dispersées à la Révolution. Des quarante-cinq subsistantes, le musée des Beaux-Arts d'Arras en possède quatorze dont sept exposées dans une volonté de parcours chronologique de la grande peinture religieuse du XVIIe siècle. Parmi elles, voici celle réalisée en 1652 par Louis Testelin, membre fondateur de l'Académie royale de Peinture.

 

TESTELIN

Louis Testelin (1615-1665), Saint Pierre ressuscite la veuve Tabitha, 1652,

huile sur toile, 385 x 300 cm, musée des Beaux-Arts, Arras.

 

Capacités et attitudes : repérer les outils mis à disposition des peintres pour transcrire les expressions (dévotion, reconnaissance, gratitude, piété, admiration, étonnement, conviction, surprise, interrogation...) ; dépeindre des sentiments à travers l'observation des visages, de la gestuelle, des regards, des mains... ; lire un tableau (déroulement narratif, chronologique...) ; avoir un regard contextualisé sur l'oeuvre.

 

Problématique : En quoi le tableau de Testelin témoigne-t-il de la Contre-Réforme ?

 

1. L'analyse descritive (ce que je vois) :

  • Simple évocation du sujet, du cadre, du lieu, des personnages, des objets, des attitudes, du contexte... : à Jaffa (actuel Tel Aviv ; signifie en hébreu "beauté", "belle"), architecture antique, un ange volant vu en raccourci, Saint Pierre (premier pape de l'Eglise) à la barbe grisonnante, la veuve Tabitha qui faisait des bonnes oeuvres (tuniques, manteaux...) enveloppée d'un linceul blanc, nombre de personnages dans des attitudes différentes, atmosphère d'éveil, de renaissance, de joie...

ACTE APOTRES

 

2. L'analyse plastique (ce que je comprends) :

  • La composition : deux registres horizontaux dans un format rectangulaire ; Pierre (intercesseur) au centre de la composition implique l'observateur par son interpellation, l'invite à pénétrer le tableau ; drap noir fermant le  registre inférieur (tension dramatique).
  • Les formes : regards et positions des personnages convergeant vers Pierre ; mouvement circulaire autour de l'apôtre : le spectateur se trouve convié à la ronde ; soin apporté à l'expression des visages (effort d'individualisation), aux attitudes et aux sentiments (transcription psychologique à mettre en relation avec la célèbre conférence "Les passions de l'âme" donnée par Charles Le Brun à l'Académie royale de Peinture) ; dessin rigoureux et soigné ; facture lisse, concordance des parties au tout (harmonie générale) ; opposition entre la volumétrie des corps rappelant Nicolas Poussin (oeuvre classique ?) et les angles de l'architecture.
  •  Les couleurs : primaires (rouge, bleu, jaune), ocre, blanc et noir (contraste) ; coloris vifs soulignant la rigueur de la composition ; lumière au centre de l'oeuvre.
  • L'espace : rendu des tissus (attention portée sur les plis) et des volumes par l'éclairage ; perspective mathématique et trouée vers le ciel (aération de la toile) suggérant la profondeur ; éléments architectonique d'ordre dorique (style épuré et simple).

 

3. La synthèse récapitulative et critique (ce que j'en pense)

  • Expliquer la conjugaison des éléments constituant le tableau et étudier les convergences : l'histoire se déroule sous nos yeux (la storia) de la déploration (personnage en bas à droite) à l'étonnement et la réjouissance (personnages à gauche).
  • Expliquer que les éléments plastiques expriment la pensée de l'artiste, de l'époque, le contexte. On évoque ici le refus des protestants de célébrer les saints et leur rejet de la hiérarchie hagiographique, de l'importance du personnage de saint Pierre et des images dans le culte catholique. Ces toiles sont à replacer dans le contexte de la Contre-Réforme. Leurs sujets sont un manifeste de la foi catholique qui encourage l'appel à l'intercession des saints en raction à la religion protestante pour laquelle ne vaut que le seul dialogue avec Dieu. Le style de ces peintures répond précisément aux consignes du concile de Trente (1545-1563) au Nord de l'Italie, concile oecuménique qui se veut la réponse catholique pour se protéger de la réforme protestante perçue comme une agression : l'image simple, lisible et réaliste doit inviter à la concentration et à la méditation.
     
  • Interpréter la symbolique du sujet : la veuve est le symbole du pauvre sans défense. En ressuscitant, elle pourra persévérer dans la confiance en Dieu. Elle vit la tension entre deux mondes : le monde terrestre et le monde d'en-haut.

MG - 10 juin 2011.

 

 

 

 

 

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