Le cimetière du centre d'Aniche

En 1849, l'épidémie de choléra qui sévit dans toute la France n'épargne pas la ville d'Aniche. Devant l'ampleur du fléau, religion et superstition s'entremêlent chez les survivants. L'on entreprend alors l'édification du Calvaire Saint-Roch à la jonction entre le chemin de Monchecourt (actuelle rue de Lorraine) et celui de Marquette (actuelle rue d'Alsace).

L'épidémie provoque un si grand nombre de décès que l'on ne parvient plus à enterrer les morts, faute de place, dans l'unique cimetière de la ville, celui qui borde l'église Saint-Martin. La municipalité décide donc d'acquérir un terrain pour établir un nouveau cimetière. Le financement du projet est garanti par un octroi créé le 28 novembre 1852. Le 6 janvier 1857, la commune rachète à Madame Flavie Dams une parcelle située près du Calvaire et suffisamment distante des habitations.

En 1860, des haies sont plantées en vue de délimiter ce nouveau cimetière qui, aujourd'hui se trouve au centre de la ville. On dessine aussi à la même époque le plan de la maison du gardien. Le 17 mai 1867, un calvaire destiné à recevoir les corps des prêtres, des frères et religieuses des écoles chrétiennes est inauguré au fond de l'allée centrale du cimetière. Seul le frère Cyrille Vroman y sera inhumé en 1904.

Pour garantir la sécurité du lieu, une grille est posée en septembre 1878 et pour répondre aux besoins des inhumations, l'on supprime en 1876 le jardin du fossoyeur et l'on interdit, dès le 1er juillet 1879, à la commune d'Emerchicourt d'y enterrer ses morts. Mais, le cimetière s'avère très vite exigu. La municipalité songe dès 1892 à acquérir un nouveau terrain qui deviendra, en 1926, le cimetière du Sud.

A la fin du XIXe siècle, en dépit de la loi sur la salubrité, des infiltrations amenant à la fermeture des puits dans un rayon d'une centaine de mètres et des réclamations régulièrement déposées en mairie en raison du manque de profondeur des tombes, la municipalité procède en 1898 à l'acquisition d'une parcelle appartenant au brasseur Joseph Theys en vue d'agrandir le cimetière. En janvier 1899, un mur de clôture est construit sur cette nouvelle partie.

Une grille en fer forgée ouvre le XXe siècle et permet le passage du corbillard. Par la suite, des travaux de nettoyage sont entrepris (1908) et de nouveaux murs délimitent le cimetière le long de la voie ferrée et de l'ancien chemin de Marquette. En 1920, on supprime l'abreuvoir creusé cinquante ans plus tôt à proximité du Calvaire, dans l'impasse qui devient en 1981 le « petit parc » (jardin public) et le siège des colombophiles.

Aujourd'hui, la question de l'entretien de ce cimetière s'impose plus que jamais. Si la municipalité aspire à prolonger la rue d'Alsace afin de relier le centre ville au quartier du Champ de la Nation reprenant ainsi le tracé de l'ancien chemin de Marquette, aucune décision n'a été prise quant au devenir de ce « champ du repos éternel », de cette « nécropole de l'histoire industrielle et des légendes urbaines » d'Aniche.

Si la sépulture d'Alexandre Consil (1834-1909) dit « Kopierre » ainsi que celle de la doyenne des centenaires, Joséphine Mazurkiewicz (1784-1896), ont été transférées au pied du Monument aux Morts de la Guerre de 1870 du cimetière du Sud, l'endroit n'est pas moins dépourvu de charme et d'énigmes. Le long des allées endeuillées, les tertres arasés, les croix de fonte à demi ensevelies, les dalles moussues descellées et les mausolées aux vitres brisées livrent encore dans le plus grand des silences quelques secrets à ceux qui savent lire les symboles et cherchent toujours à obtenir la pierre philosophale.

MG à Roger Facon - 29 décembre 2015. D'après les recherches de Michel Debève.

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