Michel Meurdesoif reçoit la médaille d'Or de la Jeunesse, des Sports et de l'Engagement associatif

Si pour certains Michel Meurdesoif reste le maire d'Aniche, il est aussi pour bien d'autres cet homme de cœur, ce défenseur de la culture populaire, ce militant de chaque instant.

Parallèlement à son impressionnante carrière politique – rappelons qu'il est élu depuis 1977 et qu'il a été maire de 1989 à 2014 -, Michel a aussi présidé à l'échelle départementale les CEMEA (Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Education Active) et créé le Comité Régional de la Boxe. C'est donc pour saluer et remercier ses innombrables services au sein du tissu associatif qu'Alain Bruneel, député de la 16e circonscription du Nord, lui a remis ce vendredi 29 juin 2018 la médaille de la Jeunesse, des Sports et de l'Engagement associatif échelon OR.

En présence de Jacques Destouches, sous-préfet de Douai, de Marc Hémez, maire d'Aniche et vice-président de la Communauté de Communes Coeur d'Ostrevent (CCCO) et de ses nombreux amis et soutiens, le maire honoraire de la cité de Kopierre a ainsi été mis à l'honneur dans la salle Louis-Pol située dans le plus vieux cinéma ouvrier du monde toujours en activité.

Dans une ambiance certes solennelle mais conviviale, le public a pu entendre Marc Hémez mettre en exergue dans son propos « le don de soi, l'engagement au sacrifice de sa vie personnelle mais aussi la fidélité à ses idées » de son prédécesseur. Sans la moindre note, le sous- préfet s'est exprimé pour rappeler que la médaille symbolise la reconnaissance de la société à l'égard d'un citoyen engagé de manière exemplaire pour le mieux vivre ensemble. Puis le député a retracé le parcours personnel, citoyen et politique de son ami avant de lui remettre la médaille tant méritée. Enfin, Michel l'humaniste fidèle tant à lui-même qu'aux autres, a prononcé, comme toujours, un remarquable discours de remerciement.

L'événement s'est terminé autour du verre de l'amitié et par une série de photos-souvenirs.

Texte et photos : MG - 29 juin 2018.

Discours d'Alain Bruneel, député de la 16e circonscription du Nord :

Messieurs les Maires, Monsieur le Sous Préfet,

Mesdames, Messieurs,

Cher Michel…

C’est avec un réel plaisir que je suis présent ici pour honorer tes années d’engagement.

Après plus d’un an de mandat de Député, c’est la première fois que je suis amené à remettre une telle distinction et je suis vraiment ravi que nous partagions ensemble ce moment particulier.

La biographie de Michel témoigne si nous en doutions encore que la vie n’est surtout pas un long fleuve tranquille.

Son parcours nous révèle qu’il a côtoyé Pierre Bonafé, le père de Jacques ainsi que Guy Drut, pendant son cursus scolaire.

Son engagement à la jeunesse et au parti Communiste, lui permettra de faire de belles rencontres : Georges Hage, Emile Roger, Pierre Lefevre dont tu étais l’assistant parlementaire, les militants du parti, les citoyens d’Aniche…

Les belles rencontres se suivent mais ne se ressemblent pas : il y a celle de Danièle après mai 1968.

On parle des moutons du Larzac, les débats politiques sont animés : confrontations Maoïstes et Trotskistes. Pour se retrouver devant : Monsieur le Maire en 1971.

Michel a pointé le bout de son nez en 1949, pour la plus grande joie de sa mère Joséphine, mère au foyer et de son papa Alfred ouvrier à la centrale électrique, après 5 ans de captivité.

Il fit ses premiers pas à l’école maternelle de Sin-Le-Noble, sa première expérience de vie en communauté.

Depuis, les bancs des écoles n’auront plus de secret pour Michel, son parcours scolaire sera rythmé par le timbre de voix des enseignants, le crissement de craie sur le tableau, l’odeur particulière des classes, des portes qui se claquent, des cris d’enfants dans la cour de récréation, de parties de foot et de babyfoot, de discussions à faire et refaire le monde, de longues heures de travail personnel.

De la maternelle au Lycée, en passant par les lettres supérieures Hypokhâgne à Chatelet puis l’université. L’allemand, le latin, l’anglais sont inscrits dans son cursus scolaire. Michel est aussi amoureux de la culture de nombreux pays. Il apprivoise le langage de certains d’entre eux.

Après toutes ses étapes, c’est à Denain qu’il commencera sa carrière professionnelle.

Durant toute cette période Michel tentait de trouver un équilibre physique par le sport.

Le foot, il bottera en touche pour s’éclater dans la pratique de la gymnastique, l’athlétisme, le volley et le basket.

Ses performances individuelles et collectives retiennent l’attention de ses professeurs d’EPS mais dans le lycée de garçons, un certain Guy Drut a pris tout le monde de vitesse, même à Montréal aux 110 mètres haies en 1976. Il est médaillé Olympique.

Michel, toi aussi tu en or. Tu as beaucoup donné au mouvement associatif : de ton temps, de ta patience, de ton dynamisme, et tu as beaucoup reçu.

La vie associative est une richesse, symbolisée par le partage, le dépassement de soi-même, le sentiment d’être utile et reconnu, de pouvoir vivre ses passions, d’exprimer ses joies, ses larmes.

Il y a eu Michel le professeur, Michel le collaborateur au Département et au Sénat, Michel le Maire, et non Bruno… (blague)

Voici maintenant quelques mots sur l’homme que je connais personnellement. Michel le militant, Michel le camarade. Celui qui lutte et qui ne lâche rien pour améliorer la vie de ses concitoyens et que j’ai la chance de côtoyer de manière fraternelle.

« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». disait Victor Hugo. Une citation que tu as su t’approprier puisque depuis ton plus jeune âge, ta vie entière est rythmée par ton engagement. Tu as même rencontré Danièle, ta femme, dans le cadre du militantisme. Elle n’échappe pas à la règle puisque dès tout bébé, sa tête figurait déjà sur les tracts du PCF

Une adhésion à la Jeunesse Communiste à 16 ans. Celle au Parti Communiste Français le jour de tes 18 ans. Un beau cadeau d’anniversaire que tu t’es fait pour ta majorité… Je pense pouvoir dire que tu as fait un bon choix…

Tu adhères également à l’UNEF l’année suivante pour mener le combat syndical et « marcher sur tes deux jambes ». Tu n’as pas perdu de temps.

50 ans après avoir vécu activement mai 68, tu es encore de tous les combats. Pour la liberté, la paix, l’égalité, la solidarité… Tu ne comptes pas ton temps pour améliorer les choses, avancer vers un monde meilleur, et vers un meilleur Aniche… (humoristique)

Depuis 70 ans, tu conjugues le verte résister au présent. Car oui, résister, ça n’est pas seulement réfléchir ou décrire.

Il faut bien entreprendre une action. Comprendre le monde mais pour mieux le changer. « Résister, c’est créer ! » dit le slogan.

Cette médaille qui t’es remise aujourd’hui, c’est un retour mérité de la collectivité pour tout ce que tu as créé de manière désintéressée.

Certes, la vie associative ne crée pas de valeur marchande. Elle n’est pas cotée en bourse et ne dégage pas de profit, en tout cas pas de profit financier qu’on pourrait mesurer et quantifier… mais quelle richesse au niveau humain !

Aujourd’hui plus que jamais, dans une société en perte de repères, le tissu associatif apparait comme un des garants de la cohésion sociale.

Sans les associations, sans les bénévoles, la vie ne serait pas ce qu’elle est…

Je ne céderai pas aux discours pessimistes qu’on entend parfois sur le repli sur soi et la fin du bénévolat.

Je reste persuadé que beaucoup de nos concitoyens souhaitent s’engager et se rendre utile pour mettre en pratique les valeurs républicaines de civisme et de fraternité.

Si on s’applique donner aux structures les moyens dont elles ont besoin pour mener leurs projets, alors l’engagement pourra trouver un second souffle, notamment chez les plus jeunes.

Notre pays est d’ailleurs toujours considéré comme « champion d’Europe » du bénévolat.

15 millions de bénévoles dont 3,5 millions qui consacrent au moins 2h par semaine à leur association.

Et certains, comme toi, font exploser les compteurs en donnant sans compter leur temps…

Avec l’intérêt général comme seul objectif et en suivant les principes d’éducation populaire d’écoute et d’apprentissage mutuels, tu auras marqué de ton emprunte de nombreuses personnes mais également beaucoup de structures : je n’en ferais pas la liste car ce serait trop long mais le public présent ce soir atteste de l’importance et de la diversité des associations dans lesquels tu as joué un rôle.

Aujourd’hui encore, Tu restes un repère pour beaucoup de bénévoles.

J’ai personnellement toujours eu un intérêt particulier pour la vie associative. J’en ai fait un axe fort de mon mandat en réunissant à 4 reprises les associations de l’arrondissement. J’en profite pour vous annoncer Monsieur le Sous Préfet que nous devrions d’ailleurs bientôt nous retrouver chez vous afin de vous porter les revendications qui émergent de ces réunions.

Les associations, c’est ce qui nous permet de nous rassembler, d’apporter du dynamisme, de la joie et des moments d’épanouissements, du bonheur tout simplement.

C’est le plaisir d’aller voir un spectacle culturel en famille… par exemple au Cinéma d’Aniche. Le plus ancien cinéma ouvrier du Monde. Un Cinéma, fermé en 1977 et que tu avais déjà prévu de reconstruire dans ton programme municipal de 1989 avec l’appui crucial du syndicat CGT des verriers d’Aniche dans ce projet.

La vie associative, c’est aussi la possibilité de pouvoir bénéficier des centres de loisirs grâce à des personnes comme toi, Président bénévole pendant 5 ans des CEMEA Nord pas de Calais – (Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active) où tu as formé de nombreux animateurs de centres aérés. C’est un autre exemple..

Je dis souvent que la vie associative, c’est l’un des poumons d’une commune. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce poumon à permis à Aniche de respirer pleinement ces dernières années avec plus d’une centaine d’associations recensées. On y pratique d’ailleurs plus de 30 sports différents. Rien de plus normal pour une municipalité dont le maire honoraire s’est lui-même distingué en gym, en athlétisme, en volley, ou encore en basket … rien que ça ! Le sport ne t’a d’ailleurs jamais quitté. J’ai appris que tu comptais te jeter une nouvelle fois à l’eau en reprenant la natation. Peut être une deuxième médaille d’or pour les prochains JO d’été …

En pleine période de coupe du monde où le sport est mis en avant sous ses aspects les plus compétitifs et marchand, je terminerai par une citation …

« Le sport a le pouvoir de changer le monde. Il a le pouvoir d’unir les gens d’une manière quasi-unique. Le sport peut créer de l’espoir là où il n’y avait que du désespoir. Il est plus puissant que les gouvernements pour briser les barrières raciales. Le sport se joue de tous les types de discrimination ».

Je crois que tu ne contredirais pas Nelson Mandela et que tu as bien compris la valeur humaine du sport, toi qui place l’homme avant toute chose.

Je te félicite encore une fois, sincèrement, pour ton parcours qui doit en inspirer plus d’un. Bravo à toi, tu mérites amplement cette médaille.

Discours de Michel Meurdesoif, maire honoraire et conseiller municipal de la ville d'Aniche :

Avec le temps les choses prennent de la valeur : l'argent parsème nos cheveux (quand il en reste!) et les médailles deviennent d'or. Malgré cet or ajouté aujourd'hui à mon revers, je ne suis riche que de souvenirs et de rencontres.

J'ai compris très tôt que je n'existe que parce que les autres existent. L'homme est un être social, qui se mesure à ses semblables (on peut appeler ce comportement du sport, de la compétition physique ou intellectuelle, l'art de la séduction, la politique...). Il est doté du langage et peut donc échanger des marchandises ou des idées, et des capacités artistiques.

Il est capable d'enseigner et d'apprendre. Je pense d'ailleurs que la vieillesse commence quand on cesse d'apprendre. Si j'en juge mon appétit insatiable de découvrir des langues nouvelles, je ne suis pas près de vieillir. C'est une de mes manières de voyager dans le temps et dans l'espace, tant l'étude d'une langue me permet de pénétrer des façons de penser, de concevoir le monde, de me confronter au quotidien des gens qui la pratiquent.

Comme disait Térence : « je suis un être humain et je pense que rien de ce qui est humain ne m'est étranger. » J'aime les gens, les observer, les écouter, les dessiner parfois, leur offrir mon silence attentif et patient. Quand j'étais maire et que je les recevais dans l'intimité de mon bureau, je les laissais exposer en quelques mots un problème qui se résolvait en cinq minutes. Puis je lançais « Et après ? » et ils vidaient leur cœur, soulagés que quelqu'un veuille bien les écouter.

Dans cet environnement idéologique qui ne valorise que « les premiers de cordé », il reste peu de place pour ceux que l'on qualifie de « maillons faibles ». La Terre arrête de tourner quand des millionnaires « jouent à la baballe », mais, tout à l'heure, la municipalité perpétuera la tradition de mettre à l'honneur les sportifs anichois, et leur encadrement, qui se sont distingués cette année. Dans les deux cas on parle de sport mais chacun perçoit que ce n'est pas tout à fait la même chose.

J'ai pas mal pratiqué et si je marche encore, j'ai cessé de nager. Mais je garde le souvenir de mes entraînements et de mes compétitions quand, avant le début, il fallait installer le matériel et le ranger à la fin. On appelait ça éducation physique et sportive mais je mesure aujourd'hui que le mot principal c'était bien éducation.

Merci à mes parents, merci à mes maîtres de m'avoir transmis ces valeurs. Merci à ceux que j'ai côtoyés d'avoir parfait mon éducation parentale en m'apprenant à vivre ensemble et à mon épouse qui n'a jamais récriminé et toujours accompagné.

L'éducation populaire, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est omniprésente, mais impalpable, aussi indispensable que l'origan dans la pizza. L'engagement citoyen, associatif et politique qui est le mien depuis plus de cinquante ans s'est fondé sur la soif de transmettre ces valeurs universelles sans lesquelles on ne passe pas de la barbarie à la culture.

Les mots ne sont pas trop forts !

A l'heure de l'information instantanée, nous parviennent des illustrations horrifiantes de ce que la nature humaine est susceptible de faire. Ceux qui commettent de tels actes n'ont-ils pas eu de parents, de maîtres ? N'ont-ils pas appris l'écoute, la patience, la tolérance, le respect d'autrui ?

Le monde n'est pas un jeu vidéo présentant une réalité virtuelle. Ma famille, mes amis, mes voisins mais aussi mes concurrents ou mes adversaires sont faits de chair et d'os et doués de raison. C'est ce qui me rend optimiste. J'ai fondé, présidé nombre d'associations. J'ai adhéré à d'autres par sympathie pour leur objet mais aussi et souvent parce que celui ou celle qui l'avait fondée y mettait tout son temps, son énergie et souvent son argent. J'y ai rencontré de belles personnes, sincères et passionnées mais surtout désintéressées. Celles qui ne l'étaient pas ont vite renoncé.

En fait, ma longue carrière d'élu, de militant associatif et politique m'a mis en présence de gens qui auraient mérité et qui méritent encore la reconnaissance dont je suis l'objet ce soir.

Georges Hage aimait à faire imaginer à son auditoire que tous les bénévoles décident un jour de poser le sac ! Leur nombre est estimé à 13 millions. Mais c'est une situation inimaginable et c'est ce qui doit nous donner confiance.

Cette médaille je la montrerai, je la porterai comme un hommage personnel à tous ceux qui m'ont enseigné que pour guider ma vie il faut mettre l'humain d'abord !