BETHUNE : pour les Français de l’entre-deux guerres, le Polonais n’est pas courageux
Suite à la convention d’immigration entre la France et la Pologne signée à Varsovie le 3 septembre 1919, de nombreux mineurs polonais travaillant essentiellement dans la Ruhr vont constituer une main d’oeuvre non négligeable dans les veines souterraines de notre région pour répondre aux besoins économiques du pays alors en pleine reconstruction. En 1931, on recense environ 500 000 Polonais répartis souvent dans des conditions difficiles dans toute la France.
Cette population immigrée se retrouve alors très repliée sur elle-même, regroupée dans un habitat spécifique, baptisé « colonies polonaises », avec des prêtres polonais recrutés par les compagnies des mines. La culture polonaise est alors vivace, avec une quantité d'associations, d'orchestres, et même deux journaux quotidiens dont Narodowiec (Le National en français), fondé par Michał Franciszek Kwiatkowski en 1909, tiré jusqu'à 30 000 exemplaires et vendu jusqu'en 1989.
Retranscription fidèle de la lettre originale du sous-préfet de l'arrondissement de Béthune datant du 23 septembre 1929.
L’Etat français enquête alors sur le comportement de ces Polonais travaillant durement dans les champs comme dans les industries. La lettre diffusée ci-après rédigée le 23 septembre 1929 par le sous-préfet de l’arrondissement de Béthune et adressée à Paul Peytral, préfet du Pas-de-Calais de 1924 à 1933, témoigne du regard porté sur ces immigrés venus d’un territoire disparu de la carte de 1795 à 1918.
En 1934, la France décide, au nom de la crise économique, d'expulser brutalement plusieurs dizaines de milliers de Polonais, dont le futur secrétaire général du Parti communiste polonais, Edward Gierek. Après-guerre, nombre de mineurs sympathisants communistes choisiront de rejoindre leur mère patrie…
Texte : MG - 21 novembre 2023.