Conférence d'Eric Bocquet, sénateur du Nord : La dette à perpète ?
Conférence d'Eric Bocquet suite à la parution de son livre "La dette à perpète ?" dans la salle de la chapelle de la Maison des associations à Douai le 16 mai 2024.
Une fois encore, le professeur devenu sénateur du Nord Eric Bocquet (né en 1957) et connu pour s’être attaqué à l’évasion fiscale a su expliquer ce jeudi soir à son auditoire l’intérêt que représente pour les marchés financiers la dette publique avec laquelle roule la Macronie. Dans la salle de la chapelle de la Maison des associations, le parlementaire n’a pas seulement exposer le gouffre financier dans lequel l’État nous entraîne tout en nous culpabilisant, il a aussi proposé des pistes pour que cette dette ne soit pas à « perpète ».
La conférence d’Eric Bocquet a été introduite par la lecture faite par Mathieu Bayart, secrétaire de la section PCF du Douaisis, du texte de Philippe Allienne paru le 20 décembre 2023 sur le site du PCF relatif à la publication du dernier ouvrage, La dette à perpète ? (Ed. Le Temps des Cerises) dudit sénateur. Durant une heure, et ce de manière didactique, Eric Bocquet a montré et démontré que, contrairement à ce que le gouvernement nous rabâche via les médias, nous ne sommes pas condamnés à vivre indéfiniment cette spirale infernale qui engraisse les marchés financiers ayant obtenu la signature de l’État français.
Pour les Macronistes, la dette publique s’élevant à 3100 milliards d’euros, est un excellent argument pour justifier la mise en place d’une politique d’austérité qui doit casser les services publics. Paradoxalement, l’État continue d’emprunter, ne serait-ce que pour rembourser les intérêts des emprunts précédents. Cette année, le montant de l’emprunt étatique s’élève à 285 milliards d’euros dont 52 pour renflouer les intérêts. Cet abîme s’accompagne au quotidien d’un discours anxiogène : nous sommes coupables de cet endettement.
Conférence d'Eric Bocquet suite à la parution de son livre "La dette à perpète ?" dans la salle de la chapelle de la Maison des associations à Douai le 16 mai 2024.
En juin 2020, le montant de la dette publique représentait 117 % du PIB, c’est-à-dire l’ensemble des richesses produites cette année-là par les agents économiques résidant sur le territoire français. Ce ratio, lui aussi prétexte pour nous effrayer, n’est que peu comparativement à celui des Etats-Unis, première puissance économique mondiale, ou celui du Japon, quatrième puissance économique du monde, qui représente 266 %. Mais aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (FED) avale tout et au Japon, ce ratio ne soulève aucune polémique dans la mesure où les Japonais sont maîtres à 80 % de leur dette.
La France, dont le dernier équilibre budgétaire remonte à 1974, a fait le choix de suivre la feuille de route imprimée par les marchés financiers. Et c’est en donnant l’argent public à ces derniers que l’État nous contraint à travailler au moins jusqu’à 64 ans. Si au lendemain de la Seconde Guerre mondiale c’était la Banque de France qui se servait de l’épargne des Français pour avancer l’argent à l’État, le virage – pour ne pas dire le mirage - libéral pris depuis le milieu des années 1970 a considérablement réduit le rôle de l’État maintenant soumis aux créanciers privés.
Endettons-nous donc, encore et encore, au nom de la transition énergétique ou des enjeux sociaux. Endettons-nous toujours plus puisque les marchés financiers n’attendent que la signature de l’État pour prêter des sommes colossales. Et la BCE (Banque Centrale Européenne) dans tout ça ? Bien qu’interdite depuis le Traité de Maastricht (1992) de financer les Etats membres de l’Union européenne, elle a dérogé à cette règle lors de la crise Covid en rachetant près de 25 % de la dette française. Il suffirait donc que cette institution se mette vraiment à la disposition des peuples européens pour voir les intérêts nationaux s’améliorer.
Et puis, suggère Eric Bocquet, pourquoi ne pas utiliser l’épargne des Français représentant environ 4428 milliards d’euros en 2023 pour racheter sous forme de bons du Trésor la dette publique ? Non, les gouvernants réticents à la mise en place d’un grand emprunt national comme à la suppression tant des niches que de l’évasion fiscale, a fait un choix clair et précis : asservir la nation par la dette !
Texte et photos : MG - 16 mai 2024.