ANICHE : à jamais, Michel

Un grand homme s’en est allé cette nuit. Ce matin, notre territoire a perdu l’un de ses plus grands savants.

Humaniste, linguiste, enseignant, auteur et politicien au grand coeur, Michel Meurdesoif est parti là où tout n’est que lumière. Et nous savons qu’il y brillera de plus de mille feux.

Communiste dans la vie personnelle, communiste dans la sphère publique, Michel était un homme humble, ouvert à tout et généreux. Il donnait tout à tous, sans distinction et dans la plus grande discrétion.

Militant pour plus de justice et d’équité, engagé pour la probité, défenseur de la culture et du sport populaires, Michel se distinguait du commun des mortels au travers de ses propos, de ses actions, de son humanité.

Peut-être était-il plus qu’un coeur et un livre ouverts. Peut-être que Michel, par sa singularité, son exemplarité et sa force rhétorique et combative, était un héros. Et, comme chacun sait, un héros ne meurt que pour devenir une légende.

Michel, je garde tout de vous. Chez moi et en moi. Je pleure de ne plus vous voir, de ne plus vous entendre, de ne plus pouvoir vous interroger sur ce que je ne sais pas. Mais – permettez que je sois égoïste un moment -, mon Michel à moi, je me console en me rappelant les leçons de vie que vous m’avez si généreusement données.

Nous avons encore une discussion à terminer sur la Mise au tombeau de Rubens conservée dans l’église Saint-Géry de Cambrai. Ce n’est donc pas un adieu que je vous adresse ici. Ce n’est qu’un au revoir… camarade.

Texte : MG – 12 octobre 2024.

Chérir ce souvenir et le laisser vivre

230 personnes environ, dont de nombreux élus d’Aniche et des communes alentours, se sont réunies ce jeudi soir dans la salle Louis-Pol attenante à L’Idéal Cinéma Jacques-Tati pour rendre un ultime et vibrant hommage à Michel Meurdesoif (1948-2024), maire honoraire de la Cité de Kopierre.

Face à son épouse Danièle et son fils Philippe, plusieurs personnalités locales lui ont témoigné beaucoup du respect, de l’admiration et de la reconnaissance. Le conseiller départemental du canton d’Aniche Charles Beauchamp a retracé avec affection la carrière et le parcours politique de Michel Meurdesoif. Le maire d’Aniche Xavier Bartoszek, puis le secrétaire de section du Parti communiste d’Aniche Kenzo Benhamida-Haussin ont aussi fait part de leur émotion et de leur gratitude à l’égard du regretté magistrat qui siégeait encore lors de la tenue du dernier Conseil municipal. Enfin, son compagnon de lutte et ami de longue date Patrick Poulain a évoqué au travers d’anecdotes et avec une très vive émotion les liens fraternels qui les unissaient tout en rappelant que Michel était à la fois « un bon père et un bon maire ».

Anichois depuis 1971, élu depuis 1977, omniprésent dans la sphère publique, Michel Meurdesoif a marqué l’histoire d’Aniche et l’existence de ses habitants. Connu, apprécié voir aimé de tous, il laisse à la fois un immense héritage profitable à chacun et un grand vide dans la commune. Aussi, pour beaucoup, il faudra désormais apprendre à vivre au quotidien en son absence et aller de l’avant grâce à son legs.

Texte : MG - 17 octobre 2024.

Eloge funéraire de Michel Meurdesoif prononcé par Charles Beauchamp, conseiller départemental du Canton d'Aniche le 17 octobre 2024.

Chère Danièle,

Je m’exprime aujourd’hui, en ces tristes circonstances, en mon nom personnel bien sûr, mais aussi au nom des élus communistes du Douaisis et de la Fédération du Nord du Parti Communiste Français.

Je vous demande de bien vouloir excuser l’absence de ma binôme et maire de Guesnain Madame Maryline Lucas, qui est hors du département ces derniers jours.

C’est avec stupeur que nous avons appris le décès de Michel. Il était de ces personnes tellement ancrées, tellement présentes dans notre quotidien que l’on n’imagine pas ne plus voir que leur image, leur souvenir. Et pourtant, la triste réalité est là.

C’est en décembre 1968 que Danièle et Michel se rencontrèrent. Ils se marièrent en juillet 1971 et résidèrent à Aniche, la ville natale de Danièle. En 1973, ce fut la naissance de Philippe.

Professeur d’anglais, Michel enseigna au collège de Lallaing, puis dans un collège de Douai. Epris de justice sociale et de solidarité, il adhéra au Parti Communiste Français en 1966.

L’adhésion au Parti Communiste Français n’est jamais le fruit d’un hasard mais toujours celui d’une réflexion ouvrant des possibilités de meilleur face à un fonctionnement sociétal injuste pour l’Humain.

Quelques temps donc avant mai-juin 1968 où des luttes sociales traduisirent l’aspiration à d’autres droits sociaux et sociétaux.

Rapidement, le Parti confia à Michel des responsabilités dans l’organisation locale, ensuite dans celle du Douaisis, puis au niveau départemental.

Dès qu’il fut élu, il adhéra à l’ADECR (Association des Elus Communistes et Républicains). Il resta Secrétaire de la Section du Parti Communiste Français d’Aniche jusqu’en 2023 et fut membre, durant plusieurs années, du Comité Fédéral de la Fédération du Nord du PCF.

Le Parti lui a apporté beaucoup en termes d’analyses et de réflexions comme il apporte beaucoup à tous ses adhérents. Cela s’est d’ailleurs traduit dans sa gestion municipale. Michel l’intellectuel, l’homme de culture a, en juste retour des choses, apporté au Parti, à ses camarades, ses analyses et ses réflexions. C’est un enrichissement mutuel et collectif.

Ce sont les compétences de Michel, dont la qualité de son engagement militant, l’Homme est sûr et fidèle, qui ont amené notre camarade Pierre Lefebvre, alors Conseiller Général et Président du Groupe Communiste à le recruter en qualité de collaborateur du groupe à l’Assemblée Départementale du Nord.

C’est toujours pour ses compétences qu’ensuite Pierre, devenu Sénateur, en fit son collaborateur parlementaire.

Au groupe communiste du Conseil Général du Nord, aujourd’hui le Conseil Départemental, je ne vais pas énumérer l’ensemble des dossiers sur lesquels Michel a travaillé, ils sont trop nombreux. Mais vous imaginez bien que la culture et l’enseignement ont retenu toute son attention. Il a d’ailleurs accompagné notre camarade Jacques Michon, à l’époque Vice-Président du Conseil Général en charge des collèges et de l’éducation dans l’élaboration des politiques départementales dédiées. A cette date, une majorité de gauche PC-PS dirigeait le département. Aujourd’hui, ces politiques sont malheureusement en voie de déconstruction par l’actuelle majorité de droite et du centre.

En 2015, avec le redécoupage des cantons, Michel accepta, sans hésitation, à la demande du Parti et à notre demande de Maryline et de moi-même, d’être mon suppléant.

Mais Michel, c’était aussi le militant communiste qui, chaque jour de marché à Aniche, vendait le journal Liberté.

Michel, c’était le militant communiste, le maire communiste qui participait à toutes les manifestations et mobilisations revendicatives des syndicats.

Michel, c’était le militant communiste, le maire communiste qui défendait pied à pied les Services Publics pour les préserver et les améliorer. La création de la Maison des Services Publics est l’une des facettes de ce combat.

Michel, c’était le militant communiste, le maire communiste qui soutenait les salariés en lutte dans leurs entreprises pour la défense de l’emploi et de l’outil de travail, notamment ici à Aniche.

La défense de l’emploi, ce fut aussi l’engagement financier de la commune pour l’extension des bâtiments de la Verrerie d’En-Bas en échange du maintien et de la création d’emplois dans cette entreprise. Ce dossier, il l’a travaillé avec Jean-Claude Lourdaux, premier adjoint en charge des finances et de la vie économique.

Permettez-moi de citer le nom de certains adjoints, tout simplement parce que Michel, attaché à la démocratie, à la vie démocratique, laissait beaucoup de latitude à ses adjoints dans leur délégation. Il n’aurait sans doute pas été satisfait que je ne les cite pas.

Aniche, sa ville, à laquelle il était profondément attaché, un attachement viscéral. Les mots ne sont pas trop forts. Oui, Michel aimait sa ville, les Anichoises et les Anichois.

Il nous a fait découvrir, à Maryline Lucas et à moi-même Aniche, sa population, son histoire, ses verreries, son passé minier.

Il entra dans la vie élective en 1977 en devenant, pour deux mandats, premier adjoint de Monsieur Jean Quiquempoix, maire à cette époque.

En 1989, il fut élu maire et le restera jusqu’en 2014. Il était maire honoraire et toujours conseiller municipal. 47 années de mandats électifs au service des Anichoises et Anichois. Ce n’est pas rien. Avec un bilan plus que positif.

Ses 25 années de mandats de maire, un quart de siècle, furent marquées par de nombreuses réalisations transformant Aniche et facilitant, pour la population, l’accès aux droits, au sport, à la culture, l’amélioration des services aux familles, à l’enfance et aux personnes âgées.

C’était la déclinaison du communisme municipal.

Ce communisme municipal à la française, qui a servi d’exemple de gestion à bien d’autres élus, même ceux très éloignés de notre philosophie. Et je dirai tant mieux pour les populations.

Je ne vais pas énumérer toutes ces réalisations mas rappelons une audacieuse politique du logement. Citons également la construction de la salle des sports Pierre-de-Coubertin, la salle de tennis, du dojo, du stade des Navarres, la rénovation de la piscine, de la salle Léo-Lagrange, de l’école François-Wartel et le lancement du projet de rénovation de l’école Maxime-Quévy.

Militant de la paix et de l’amitié entre les peuples, Michel, avec la création de l’AADEI (Association Anichoise pour le Développement des Echanges Internationaux), a instauré des jumelages avec les villes de Bobingen en Allemagne et Novy-Bor en République tchèque.

C’est encore un soutien très fort au monde associatif. Il a d’ailleurs fondé l’ADALA avec le docteur Jacques Forconi.

Michel était un homme de culture, attaché à la populariser, rejoignant ainsi la préoccupation de l’un de ses adjoints, Monsieur Jacques Corbisez.

Jack Ralite, ancien ministre et parlementaire communiste, grand défenseur de la culture et, à qui l’exception culturelle française doit beaucoup, disait : « La culture est un droit et un bonheur. »

A n’en pas douter, Michel avait fait sienne la maxime de notre camarade Jack Ralite.

La reconstruction de L’Idéal Cinéma, le plus vieux cinéma ouvrier du monde encore en activité, est emblématique de cette politique culturelle anichoise qu’il a impulsée.

Et j’y associerai bien évidemment les adjoints en charge de cette délégation, Messieurs Georges Hugot, René Adelman et Roger Facon avec le Salon du Polar.

A notre camarade Jean-Louis Chantreau, qui fut l’un de ses premiers adjoints, tout comme Charles Louis Carlier, j’ai demandé : « as-tu un mot pour définir Michel ? » Jean-Louis me répondit : « humaniste ». C’est vrai, Michel était un humaniste mais un communiste l’est forcément.

Il était Homme de valeurs, de principes et donc de convictions qui sont un rempart contre le populisme. Ce populisme, les décisions nationales et autres, générant de plus en plus d’inégalités, de reculs sociaux, de laissés-pour-compte sont un terreau fertile avec lequel l’extrême-droite fait croître ses idées de divisions, de haine et d’exclusions. Tout ce que Michel exécrait.

L’engagement, les combats de Michel sont aussi un appel à faire reculer partout ces idées de négation de l’Humain rejetant donc toutes formes d’humanisme. Un appel auquel aucun humaniste ne peut rester insensible.

A Danièle, qui l’accompagné dans sa vie de militant et élective, à son fils Philippe et à toute la famille, nous vous renouvelons toutes nos condoléances et vous assurons de toute notre amitié fraternelle.

In memoriam

Le dépôt de l’urne contenant les cendres du regretté Michel Meurdesoif (198-2024) dans le Jardin des Souvenirs du cimetière du Sud à Aniche s’est déroulé dans la plus grande intimité le 18 octobre 2024. La famille et quelques personnes proches ont partagé ce dernier moment avec cet homme illustre.

Texte : MG - 18 octobre 2024.